Dangers naturels et réchauffement climatique en Suisse
Ces dernières années, la Suisse a été confrontée à une recrudescence de phénomènes naturels extrêmes (inondations par les crues, chutes de pierres et de blocs, laves torrentielles et glissements de terrain) en particulier dans les régions alpines. Cette intensification est étroitement liée au réchauffement climatique, qui modifie profondément les équilibres géologiques et hydrologiques du pays. La fonte accélérée des glaciers, le dégel du permafrost et l’augmentation des précipitations intenses fragilisent les versants montagneux, rendant les éboulements, glissements de terrain et crues soudaines plus fréquents et plus violents.
L’exemple tragique de Blatten, survenu en mai 2025, illustre cette réalité de manière saisissante. L’effondrement du glacier du Birch a provoqué la chute de neuf millions de mètres cubes de matériaux, détruisant 90 % du village et formant un lac instable en amont de la vallée de la Lonza. Les experts s’accordent à dire que le réchauffement climatique a probablement joué un rôle déterminant dans cet événement, en accélérant la dynamique glaciaire inhabituelle de ce site. Ce drame met en lumière la vulnérabilité croissante des zones habitées face à des phénomènes naturels autrefois rares.
Le cas récent du Fregnoley, également situé en Valais, renforce cette inquiétude. Bien que moins médiatisé, ce secteur a connu des mouvements de terrain préoccupants, liés à la déstabilisation par la fonte du permafrost. Ce processus, amplifié par la hausse des températures, modifie la cohésion des sols et augmente le risque de laves torrentielles et d’éboulements. Les autorités cantonales ont d’ailleurs mis en place des stratégies d’adaptation spécifiques, comme le renforcement des systèmes de surveillance et la gestion active des lacs d’accumulation.
Face à ces défis, la Suisse n’a d’autre choix que d’intensifier ses efforts d’adaptation. Cela passe par une meilleure planification territoriale, une sensibilisation accrue des populations locales et un investissement soutenu dans les infrastructures de protection. Mais ces mesures, aussi indispensables soient-elles, ne pourront jamais suffire si l’on ne s’attaque pas aux causes profondes. Chaque événement extrême, chaque glissement de terrain ou fonte spectaculaire est un avertissement clair : il est urgent d’agir pour le climat. Réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre n’est plus une option, mais une nécessité vitale. Car si le rythme actuel se poursuit, ce sont les fondements mêmes de notre environnement, de notre sécurité et de notre qualité de vie qui seront irréversiblement ébranlés.
Alexandre Vallotton – Géologue MSc, Hydrogéologue MSc, conseiller communal décroissance alternatives (da.)