CONSEIL D’ÉTAT
Notre programme pour les élections cantonales 2017
Participer, penser, aménager
Face à l’accroissement de la population du canton, le maître-mot des autorités actuelles est «densification». Elle est effectivement nécessaire si l’on veut éviter de sacrifier toutes les campagnes à un habitat dispersé, mais la question est : quelle densification, avec quelle participation de la population?
Du point de vue de l’aménagement du territoire, la région Riviera connaît des situations très diverses. Par-ci, un étalement de villas gaspillant espace, terrains agricoles et énergie et générant des flux de trafics excessifs. Par-là, des centres urbains déjà denses et voués à l’être encore plus. Dans certaines zones, il s’agit de réduire les zones destinées à l’habitation, alors que dans les villes et les bourgs le défi est de maintenir et d’améliorer la qualité de vie de la population, en lui assurant espaces verts et de loisir, accueil scolaire et de la petite enfance, transports publics…
Un aspect est essentiel : cette politique de densification doit être discutée, les besoins et demandes de la population doivent être pris en compte. Tout particulièrement quand il s’agit de projets qui augmentent la population d’un quartier, d’une ville ou d’un village. Sans vue d’ensemble, sans perspective à moyen terme, sans garanties quant au maintien du cadre de vie, les projets de densification suscitent résistance et refus. On l’a bien vu à Vevey.
NOUS PROPOSONS:
- Le renforcement des obligations légales de consulter la population qu’on trouve déjà dans les lois sur l’aménagement du territoire, fédérale et cantonale, pour tous les projets d’envergure.
- La consultation très en amont des projets, avec de vrais débats et de réelles possibilités de les influencer. Pas question d’imposer à la population des projets d’immeubles ou de tours mammouth.
Un toit est un droit
Avoir un toit doit être un droit pour chacun·e, car ne pas disposer d’un logement stable et adéquat a de trop graves conséquences, que ce soit en termes de travail, de santé, de relations sociales. La pénurie de logements à loyer abordable profite aux spéculateurs immobiliers : défendons les droits des locataires.
Les milieux immobiliers profitent de manière éhontée de la pénurie de logements dans le canton. Les loyers prennent l’ascenseur pour leur plus grand profit. Rénovations et transformations sont très souvent faites dans les immeubles anciens, non pas pour répondre aux besoins des locataires, mais surtout pour justifier des hausses de loyers. Ce qui oblige les locataires en place à partir. C’est inadmissible !
De nouveaux logements sont certes construits par les promoteurs immobiliers, mais vendus en PPE (propriété par étages) à des prix très élevés, ou alors loués à des loyers inabordables pour la très grande majorité de la population.
Trouver à se loger est un véritable cauchemar. Seule possibilité : habiter toujours plus loin de son lieu de travail, ce qui augmente le nombre de pendulaires en voitures et dans les transports publics. Avec des conséquences sur la santé, la vie familiale et l’environnement de par un stress et une pollution supplémentaires, sans parler du coût des transports !
Face à cela, les pouvoirs publics restent largement passifs. Selon le bilan de législature du Conseil d’Etat, le nombre de logements subventionnés était de 8467 en 2016, ce qui représente une baisse par rapport à 2014, et une très modeste hausse par rapport à 2009 où ce chiffre était de 8300. Nous voulons que les autorités cantonales mènent une réelle politique sociale du logement
NOUS PROPOSONS:
- Que les collectivités publiques construisent elles-mêmes des logements à loyers abordables, ou en favorisent la construction, à travers des sociétés coopératives.
- Que les collectivités publiques n’hésitent pas à exercer leur droit de préemption voire d’expropriation dans ce but. Le droit au logement doit l’emporter sur la propriété privée.
- Que le Canton impose un blocage des loyers dans toutes les communes où sévit une pénurie, ainsi qu’une limitation du nombre de logements réservés à la vente.
Pour l’égalité femmes-hommes
Non aux discriminations de genre dans toutes les sphères de la vie.
Dans notre société, une série de profondes inégalités persistent entre hommes et femmes. Au-delà du notoire et scandaleux problème de l’inégalité salariale, nous dénonçons également la division sexuelle du travail qui continue à faire peser principalement sur les épaules des femmes le poids de l’énorme travail non rétribué de reproduction sociale (le travail domestique et de soins envers les enfants, les personnes âgées et les adultes dépendant·tes). Celui-ci est la cause première de grande pauvreté et de précarité dont souffrent les femmes, restreignant d’autant plus leur capacité à se défendre face à la violence masculine.
Les femmes sont aussi les premières victimes des politiques d’austérité mises en place par nos gouvernements. La réforme des retraites approuvée par le parlement (PV 2020), qui augmente notamment l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, en est un scandaleux exemple.
Plus généralement, les coupes dans les services publics (santé, éducation, assistance) occasionnent une augmentation de la charge du travail non rémunéré. Il est donc indispensable de lutter pour atteindre une véritable égalité entre hommes et femmes, non seulement dans le monde du travail, mais aussi dans la sphère de la reproduction sociale.
NOUS PROPOSONS:
- Une loi sur l’égalité salariale qui soit contraignante pour les entreprises.
- Des conditions de travail dignes dans tous les secteurs professionnels à majorité féminins, comme ceux des aides à domicile et des auxiliaires de vie.
- La réduction du temps de travail pour toutes et tous afin de réellement favoriser la conciliation famille / travail.
- L’instauration d’un congé parental et de congés de care qui permettent à tout·e·s de s’occuper de leurs proches dépendant·tes.
- Le renforcement des mesures de prévention et de lutte contre la violence dans le cadre domestique, professionnel ou public.
- A l’école, une réforme de l’éducat-ion sexuelle et aux questions de genre.
- Et bien sûr, NON à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes.
Vaud terre d’accueil
Ce n’est pas la migration qui est un problème, mais les guerres et l’augmentation des inégalités de richesse dans le monde. Pour l’égalité des droits contre toutes les formes de discriminations racistes!
De nombreuses personnes fuient la guerre et la misère, les tortures et violations des droits humains en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Érythrée, en Somalie ou ailleurs. Le canton de Vaud applique la politique fédérale de renvoi des réfugié·es sans examiner leur demande d’asile sur le fond.
Ce n’est pas acceptable de mettre en œuvre une politique qui viole les droits fondamentaux. Les renvois forcés, la mise en détention administrative et l’assignation à résidence de personnes dont le seul tort est d’être en situation irrégulière de séjour doivent cesser. Les requérant·tes d’asile doivent être accueillis: la désobéissance civile est un acte légitime de protestation pour s’opposer à cette politique inhumaine.
NOUS PROPOSONS:
- Le soutien aux actions de parrainage de requérant·tes d’asile débouté·es comme expression d’une solidarité citoyenne.
- L’arrêt des renvois Dublin.
- La régularisation collective des sans-papiers.
- Que cesse la stigmatisation des mendiant·tes.
- Que tous les migrant·e·s qui vivent, travaillent et paient des impôts disposent des mêmes droits politiques, sociaux, économiques que les citoyen·nes disposant du passeport rouge à croix blanche.
- Le droit de travailler pour toute personne ayant un titre de séjour, y compris durant la procédure d’asile.
- Que cesse tout profilage racial et toute violence policière envers les populations non blanches.
Moins de biens, plus de liens
Notre empreinte écologique met en danger l’ensemble de la biosphère ou aussi menace toute la vie sur Terre et donc l’avenir même de l’aventure humaine. Sortons de l’impasse!
Face à ce défi, le «développement durable» sert de camouflage. L’adjectif «durable» renforce l’illusion que l’économie peut continuer à croître tout en préservant la nature, tandis que les décideurs continuent à se goinfrer d’un «développement» synonyme de «croissance», croissance de la consommation, des pollutions et des bénéfices. Les technologies «propres» sont victimes de l’effet rebond: moins d’effets nocifs par unité de production pour finalement plus de production. Tenter de verdir l’économie cache le vrai problème: l’incompatibilité entre la logique capitaliste du profit et la préservation des ressources et de l’environnement. Nous devons de toute urgence nous questionner sur la façon de satisfaire nos besoins fondamentaux : que produire, par quels moyens et pour quels besoins?
La nécessaire sortie du nucléaire nous impose le choix des énergies renouvelables, mais aussi, et surtout, celui de la sobriété. Il faut en effet rester prudent avec les promesses technologiques, car il n’y a pas de solution technologique à un problème comportemental et nous ne voulons pas tout changer technologiquement pour que rien ne change socialement.
Il en est de même pour notre alimentation. A l’agro-industrie qui surexploite les sols et les ressources en eau et un sous-prolétariat agricole, nous opposons la défense d’une agriculture de proximité, respectueuse de l’environnement et des humains, et qui est à même de garantir notre souveraineté alimentaire.
Il est primordial de subordonner l’économie aux enjeux écologiques et aux nécessités sociales. Nous revendiquons une «écologie par en bas» faite d’autonomie, de transformation radicale, de critique de la technique et, surtout, de démocratie.
Le fossile c’est fini
Notre consommation effrénée d’énergies non renouvelables — pétrole, gaz, charbon, uranium — nous confronte à leur raréfaction et aux terribles conséquences de cette gloutonnerie sur le climat, l’environnement et la santé. La meilleure façon de s’en passer, c’est de ne pas les extraire !
NOUS PROPOSONS:
- L’interdiction des forages d’hydrocarbures, à Noville et ailleurs.
- Un canton sans énergie fossile et la production décentralisée d’énergies renouvelables.
Transports publics gratuits!
Remplacer le transport individuel par le collectif est nécessaire. Mais nous voulons aller au-delà, en organisant la relocalisation des emplois et de la production, pour diminuer les flux de personnes et de marchandises, tout en allégeant les investissements dans les infrastructures.
NOUS PROPOSONS:
- La gratuité des transports publics régionaux.
- L’intégration du temps de transport des salarié·e·s dans leur temps de travail.
Mêmes droits pour tous·tes
Malgré de réels progrès ces dernières décennies, l’homophobie et la transphobie n’ont de loin pas disparu, comme le montrent les discriminations voire les violences persistantes à l’égard des personnes LGBTIQ (lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, transgenres, intersexes et queers).
NOUS PROPOSONS:
- La création d’un lieu d’accueil pour les jeunes LGBTIQ rejetés par leur famille.
- La reconnaissance des couples homoparentaux par la loi.
- Des campagnes de prévention contre l’homophobie et des espaces de discussion dans les écoles sur les questions de genre et d’orientation sexuelle.
- Le droit à l’autodétermination du genre pour les personnes intersexes et transsexuelles et l’accès à un traitement médical pris en charge par l’assurance-maladie.
Pour une culture
non marchande
Nous nous engageons à défendre et promouvoir une politique culturelle encourageant des projets alternatifs, multiculturels et diversifiés permettant aussi leur accès à tous et toutes.
NOUS PROPOSONS :
- De valoriser les conditions de travail des métiers artistiques, administratifs et techniques de la scène culturelle vaudoise, notamment en faisant du respect des conventions collectives du secteur un critère d’attribution des subventions.
- De favoriser le développement d’espaces de résidences et de création pour les artistes.
- D’accroître le soutien, notamment financier, au travail des associations et des collectifs.
- De poursuivre le développement des politiques de médiation culturelle afin d’améliorer l’accès de tous les publics, y compris des personnes en situation de handicap.
- De soutenir les projets socio-culturels développant le vivre ensemble.
Pour une véritable
sécurité sociale
C’est contre la pauvreté et les salaires dérisoires que nous devons lutter, pas contre les plus démunis!
Les inégalités se creusent: alors que les richesses de quelques dizaines de contribuables très fortunés et de grands investisseurs augmentent fortement, de nombreux habitant·tes du Canton de Vaud connaissent une situation de pauvreté, parfois malgré un travail salarié à temps plein à cause des très bas revenus dans des secteurs comme la vente, l’agriculture, les soins ou encore le nettoyage. 7 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et 13 % risquent d’y tomber. Le chômage longue durée est une réalité pour de nombre de jeunes ou seniors, qui se retrouvent dès lors à l’aide sociale.
La précarisation des salarié·e·s se renforce aussi avec l’arrivée de sociétés multinationales comme Uber ou Flixbus, qui pratiquent un dumping social féroce, insuffisamment combattu par les autorités. La précarisation est aussi le fruit de la mise en concurrence des salarié·es, notamment dans le secteur de la construction, où le travail au noir et la sous-traitance en cascade se généralisent. Enfin, n’oublions pas les jeunes en formation contraints d’accepter des emplois sous-payés pour financer leurs études ou devant multiplier les stages non rémunérés.
NOUS PROPOSONS:
- Un salaire minimum cantonal de 4000 francs net pour un travail à 100 %.
- La revalorisation de l’aide sociale et des prestations complémentaires et le renforcement des moyens des Centres sociaux régionaux pour mieux orienter les habitant·tes vers les prestations auxquelles ils ou elles ont droit.
- Des moyens supplémentaires pour les bourses d’études et l’obligation de rémunérer dignement les stagiaires.
Notre regard n’est pas à vendre
Chaque jour, nous sommes exposé·es à plusieurs centaines de messages commerciaux qui rivalisent d’agressivité pour s’imposer à notre attention. Même si l’affichage publicitaire n’est (de loin!) pas le seul responsable de cette pollution visuelle, il demeure nécessaire de faire valoir notre droit de non-réception, comme c’est possible sur nos boîtes aux lettres ou dans l’annuaire téléphonique. Les réseaux mis en place par les publicitaires dans les communes proposent souvent des espaces pour l’affichage culturel et politique, mais face aux bénéfices de ces sociétés, cette maigre compensation n’en vaut pas la chandelle.
NOUS PROPOSONS:
- L’interdiction de la publicité commerciale sur l’ensemble du territoire public cantonal.
- Un usage de l’espace public au service non pas de la société de consommation, mais du vivre ensemble.
La santé à pleines dents
Se soigner, mais à quel prix? La santé ne doit pas être un marché juteux, mais répondre aux besoins de chacun·e.
Les soins médicaux sont un droit qui devrait être garanti pour toutes et tous. La maladie ne devrait ni être une cause de pauvreté pour les assuré·es, ni une source de profits pour les assureurs, les cliniques privées et l’industrie pharmaceutique.
Pourtant, le financement de la santé en Suisse est très antisocial et repose de manière croissante sur les assuré·es, ce qui se traduit par la spirale infernale à la hausse des primes ou encore par le non-remboursement des soins dentaires et des produits contraceptifs. Pour certaines familles, les primes maladies peuvent représenter jusqu’à 30 % du revenu mensuel et certaines personnes renoncent même à des soins faute de moyens! De plus, depuis la réforme du mode de financement hospitalier en 2012, les cliniques privées ont une mainmise croissante sur le système de santé vaudois, aux dépens des hôpitaux publics: c’est la porte ouverte à l’aggravation inacceptable d’une médecine à deux vitesses!
NOUS PROPOSONS:
- Des primes d’assurance-maladie proportionnelles au revenu et une caisse publique.
- Un renforcement important des moyens alloués aux hôpitaux publics.
- Un OUI à l’initiative populaire vaudoise pour une assurance cantonale permettant le remboursement des soins dentaires.
- La formation et l’embauche de personnel soignant en nombre suffisant et l’introduction d’un salaire minimum de 4000 francs net, qui doit aussi être garanti dans la CCT du secteur sanitaire parapublic.
Pour la justice fiscale!
Les partis gouvernementaux ne cessent de baisser les impôts des plus nantis. Nous proposons une fiscalité équitable et progressive et la fin des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises.
En 2016, le Parti socialiste et la droite, avec l’anticipation cantonale de la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE3), ont ouvert la voie à de gigantesques cadeaux fiscaux octroyés aux propriétaires des grandes entreprises. Ces rabais fiscaux vont provoquer des pertes de recettes de 520 millions par an au minimum pour l’État de Vaud: les coupes dans les prestations publiques (assurances sociales, formation, etc.) et les hausses des impôts et taxes pour les salarié·es sont donc programmées! La RIE3 renforce aussi une sous-enchère fiscale féroce entre les cantons.
Il est temps de dire halte à cette politique qui ne profite qu’aux plus riches, en proposant une alternative fondée sur la justice fiscale. Les recettes ainsi dégagées doivent servir à répondre aux besoins de la population, notamment pour le financement d’hôpitaux publics de qualité et du système de formation, pour un nombre de places de crèches qui réponde aux besoins, pour le développement des énergies renouvelables ou encore pour le renforcement de la politique sociale en faveur des aînés·es et la mise à disposition de logements sociaux.
NOUS PROPOSONS:
- Un taux d’impôt communal unique, pour une vraie solidarité fiscale entre toutes les communes.
- Un taux d’impôt sur le bénéfice des entreprises progressif en fonction des profits accumulés et la suppression des exonérations fiscales pour les multinationales.
- Un impôt sur le revenu plus progressif, c’est-à-dire un allégement de la charge fiscale pour les bas et moyens revenus, compensé par une hausse du taux d’imposition des revenus de plus de 200 000 francs par année.
- La lutte contre l’évasion et la fraude fiscale pratiquées par certains riches contribuables, à travers l’engagement de 30 inspectrices et inspecteurs fiscaux supplémentaires.
- Une mise à contribution fiscale plus importante des grands propriétaires et des héritiers aisés.