Déclaration d’intention:
Moins mais mieux !
Le monde dans lequel nous vivons, travaillons, pensons, aimons, luttons… est capitaliste. Ce système a toujours connu des crises, qu’il n’a surmontées qu’au prix d’effroyables destructions (guerres mondiales notamment) et d’une croissance économique toujours relancée. Aujourd’hui, il se heurte aux limites de la planète : une croissance infinie dans un monde fini est impossible.
Pour se perpétuer, le capitalisme doit s’emparer des derniers territoires qui lui échappent, privatiser les services publics, transformer en marchandise tout ce qui est encore gratuit, jusqu’à nos vies dans ce qu’elles ont de plus intime. Production et rentabilité doivent sans cesse augmenter, il faudrait travailler plus pour gagner plus et consommer toujours plus. L’exploitation à court terme des humains et le gaspillage des ressources naturelles s’amplifient. Notre environnement subit ainsi des dégâts irréversibles, mettant en danger l’ensemble des espèces vivantes et donc l’avenir même de l’aventure humaine. Alors que l’urgence est manifeste, qu’elle est même scientifiquement reconnue, et qu’il faudrait agir résolument pour stopper cette course suicidaire, les gouvernements et les institutions internationales sont paralysés.
Par contre, quand il s’agit de faire des cadeaux aux plus riches, aux entreprises et aux banques, de vider ainsi les caisses des collectivités publiques, de rogner sur les prestations et les assurances sociales, ou de mettre en cause les prescriptions sanitaires ou écologiques, considérées comme des « entraves injustifiées au commerce »…, alors là aucune hésitation : la propagande est constante et les décisions fermes. Ainsi stress, chômage et précarité des un·e·s augmentent au rythme de la concentration des richesses chez les autres : au niveau mondial, le 1 % « supérieur » possède 50 % de la richesse (Oxfam, 01.2015) ; en Suisse, le 1 % « supérieur » possède 41 % de la richesse nationale, alors que les 90 % « inférieurs » n’en possèdent que 25 % (Union syndicale suisse, 01.2015). Comme la richesse c’est le pouvoir (certains individus pèsent plus lourd que bien des États), le 1 % n’a aucune difficulté à imposer ses intérêts au détriment de la justice sociale et de l’écologie.
Nous voulons tracer d’autres voies économiques et politiques, construire une société plus responsable, plus solidaire et plus juste. Pour cela, nous voulons défendre et étendre, à tous les niveaux, un contrôle démocratique sur les ressources disponibles, les infrastructures et les conditions de vie et de travail ; redéfinir de toute urgence nos priorités et nos besoins fondamentaux et inventer ensemble un mode de vivre fondamentalement différent, à même de garantir un avenir aux générations présentes et futures. Nous nous opposons donc frontalement à tous ceux dont le fonds de commerce est le rejet des différences et des minorités, ainsi qu’à ceux — souvent les mêmes — qui voient la solution dans la diminution du nombre d’humains ici et sur la planète.
Nous voulons aussi donner plus de place à des dimensions essentielles de la vie — culturelle, artistique, affective, spirituelle, philosophique, citoyenne, altruiste — reléguées aujourd’hui à une place marginale, mais qui pourraient être développées réellement sans limites et sans péril pour la planète.
On nous dit, on vous dit que tout cela n’est que rêves ou fantaisies. A chaque votation, on vous explique qu’on ne peut rien changer ou alors juste des détails, que le pouvoir a raison et que toutes les propositions avec lesquelles il n’est pas d’accord ne peuvent que causer d’épouvantables catastrophes économiques. Et à force, vous vous résignez, et vous vous abstenez. En masse. Et pourtant, les catastrophes économiques se produisent quand même, les désastres écologiques se font de plus en plus violents et fréquents, et on voit bien, vous voyez bien que cette société court droit dans le mur. Nous vous appelons à refuser la résignation, à vous engager toutes et tous dans des actions multiples : individuellement, collectivement, politiquement.