Du respect dans la rue

Le harcèlement de rue est un phénomène d’ampleur dans les villes suisse. Une enquête lausannoise a révélé en 2016 que 72% des femmes entre 16 et 25 ans en avaient été victimes dans l’année. Le harcèlement de rue consiste en des paroles, des comportements ou des gestes irrespectueux, menaçants ou humiliants, ciblant une personne, ou des groupes de personnes, dans des lieux publics. Le harcèlement de rue est avant tout un harcèlement sexiste, puisqu’il touche principalement des femmes et des personnes LGBTIQA*. Le harcèlement de rue n’est pas l’apanage d’une classe sociale ou d’une origine, mais d’un genre : le masculin. En effet, dans l’énorme majorité, ce comportement est celui d’hommes, bien souvent  d’ici et installés, qui agissent, seuls ou en groupe,  de manière inadmissible. Rappelons que le harcèlement de rue n’est que la face plus ou moins visible de ces comportements,  la majorité des agressions sexistes violentes se passant dans la sphère privée.

Ces agissements sont pourtant trop souvent banalisés et même parfois encouragés par une société patriarcale qui véhicule un certain modèle de masculinité.  Ces dernières années, les mouvements militants féministes ont fait un énorme travail de sensibilisation et de revendications, mettant en lumière à la fois l’ampleur du harcèlement de rue et l’impunité des agresseurs face à une justice empreinte de culture du viol et lacunaire concernant les cas de harcèlement. Les conséquences pour les victimes sont importantes et très concrètes : peurs, modifications des parcours et des heures de sortie, abandons d’un espace qui cesse d’être aussi le leur pour devenir un milieu hostile…

Actuellement, le harcèlement de rue n’est pas poursuivi pénalement, sauf s’il comporte des menaces, des insultes ou des attouchements. Le conseil fédéral a refusé de légiférer en la matière après des interventions de parlementaires de gauche en 2017 et 2018, estimant que c’est aux villes de mettre en place des mesures adéquates. 

La ville de Vevey ne peut pas changer la loi, mais elle peut mettre en place des moyens pour que les victimes puissent dénoncer ces actes et soient entendues et accompagnées lorsqu’elles souhaitent les signaler et porter plainte. La fréquence et l’impact du harcèlement de rue pourraient ainsi être diminués. L’arrivée d’un nouvel exécutif et d’un conseil communal où la représentation féminine s’approche de la parité est sans doute une occasion rêvée pour le faire. Par ailleurs, le harcèlement de rue était un thème de campagne de notre mouvement (voir notre article ici)  ainsi que de plusieurs partis. Il est pour nous primordial que des mesures soient prises : 

  • Malgré les limites de la loi, il faut que les victimes soient mieux accueillies lorsqu’elles s’adressent aux autorités policières. Police Riviera a amorcé un travail de sensibilisation et de formation de ses agents sur cette thématique. Nous en soulignons l’urgence et la nécessité de leur donner des consignes plus claires.
  • Nous proposons de sensibiliser les jeunes, hommes notamment, sur ce qui se fait et ne se fait pas dans la rue, particulièrement à l’encontre des femmes et des personnes LGBTIQA*. Cette sensibilisation peut avoir lieu à l’école ou dans les maisons de quartiers.
  • da. rappelle que la présence dans les rues d’hommes jeunes, seuls, et sans ressources est le fruit désolant d’une politique suisse et européenne à l’égard des personnes demandant l’asile qui les laisse sans aucune perspective d’intégration. La majorité de ces personnes sont malgré tout respectueuses et il ne faut pas faire une généralité de certains cas,  certes intolérables, mais isolés. Dans les limites des moyens et compétences communales, il est possible et nécessaire de mener un travail social à leur égard. 

Être une femme ou LGBTQI+ ne doit plus être discriminant dans l’espace public.