Finances cantonales : cette politique n’est pas la nôtre

En refusant les comptes 2020 ce mardi 29 juin, le Groupe Ensemble à gauche et POP a exprimé son désaccord avec la politique menée par les autorités du canton de Vaud en matière de dépenses publiques. Nous estimons qu’en 2020, les autorités auraient dû utiliser les importants excédents budgétaires et les réserves financières de l’État pour accélérer le tournant écologique, renforcer le service public et pour soutenir de manière accrue les ménages modestes affectés par les conséquences économiques de la pandémie de COVID.

Un résultat positif très important

Les excédents sont en effet importants : les comptes 2020 bouclent sur un résultat positif de  267 millions brut, ceci en dépit des dépenses supplémentaires liées à la pandémie du COVID qui se sont élevées à 521 millions. Rappelons qu’au début de la pandémie, le Conseil d’État avait réalisé une provision de 403 millions, prélevée sur l’excédent des comptes 2019 afin de répondre aux conséquences de la pandémie. Cette provision n’a finalement pas dû être utilisée en raison du résultat positif 2020. Dès lors, on ne s’étonnera pas que les réserves de l’État soient elles aussi très conséquentes : la fortune de l’État dépasse 4,5 milliards de francs si l’on prend en compte les préfinancements, soit de l’argent mis de côté pour des investissements futurs.

Plus d’investissements pour la population et pour la transition !

Le groupe Ensemble à gauche et POP estime que les excédents financiers du canton seraient bien plus utiles à la population s’ils étaient investis, plutôt que d’être ainsi thésaurisés, obligeant au passage l’État à payer des intérêts négatifs. Par exemple pour répondre à l’urgence climatique, en réduisant les tarifs des transports publics par un plus grand subventionnement de la part de l’État, en investissant dans la production d’énergies renouvelables en mains publiques, en accélérant les travaux d’assainissement énergétique des bâtiments ou encore en renforçant les mesures visant à préserver la biodiversité. Les excédents devraient être aussi utilisés pour embaucher du personnel dans des secteurs du service public dont les moyens sont insuffisants : une partie des travailleurs et travailleuses du CHUV se sont d’ailleurs mobilisés dans la rue en juin dernier pour revendiquer le renforcement des effectifs, des augmentations de salaires et une prime Covid juste pour toutes et tous. La pandémie a aussi mis en lumière la nécessité de renforcer les moyens dans le domaine de la santé et de revaloriser les salaires de certaines professions.  Dans les crèches et garderies, le nombre de places est inférieur à la demande. Enfin, la minorité a demandé en vain en 2020 le développement d’une politique sociale plus ambitieuse, notamment à travers une allocation cantonale de crise, pour soutenir les ménages modestes dont les revenus ont été affectés par les pertes d’emploi et le chômage partiel suite à la pandémie de COVID.

Stop à la sous-enchère fiscale au profit des plus riches

Sur le plan de la fiscalité, la minorité s’est opposée avec constance ces dernières années aux allégements fiscaux mis en œuvre en faveur des grandes entreprises du canton, avec l’abaissement du taux d’imposition des bénéfices, complété par des déductions fiscales. Aujourd’hui, nous constatons avec satisfaction que les États de l’OCDE projettent, à travers la mise en œuvre d’un taux minimal de 15%, de mettre un cran d’arrêt à la sous-enchère fiscale effrénée à laquelle a participé l’État de Vaud au seul profit des grands investisseurs et propriétaires d’entreprises. Nous espérons que le canton de Vaud s’alignera rapidement sur ce nouveau standard international. Et nous nous opposerons à toute proposition de baisse fiscale, en particulier celle annoncée par l’UDC mardi à l’égard des personnes physiques.

Budgets et comptes en décalage : le Conseil d’État noie le poisson

Le groupe Ensemble à gauche et POP a également relevé la différence importante entre les budgets votés par le parlement et les comptes qui, depuis quelques années, présentent toujours une différence plus que notable. Les budgets n’annoncent ainsi jamais des résultats aussi positifs que ceux des comptes. Cette situation peut donner l’impression que le Conseil d’État noie le poisson, réduisant la marge de manœuvre du parlement lors des discussions sur le budget. Le parlement vote ainsi un budget dont les prévisions sont en gros décalage avec la situation réelle.