Vevey, les lourdes conséquences d’une futile procédure

Ce mercredi 13 novembre 2019, le Tribunal de police de Vevey a rendu son verdict sur les accusations portées par une «majorité» de la Municipalité de Vevey contre Michel Agnant et Jérôme Christen. Jugés coupables de bonnes intentions, les deux municipaux ont été condamnés à une peine symbolique de 10 jours-amendes avec sursis. Restent les considérables dégâts causés par cette procédure injustifiée et la souffrance au travail du personnel communal. Les responsables assumeront-ils ?

Après l’arrêt du Tribunal cantonal du 7 octobre annulant la suspension des deux municipaux par le Conseil d’État, et les réintégrant à leur poste, la «majorité municipale» se voit ainsi infliger un nouveau désaveu.

La suspension il y a 11 mois de Michel Agnant et Jérôme Christen, sous des prétextes qui viennent d’être jugés futiles, a été un désastre pour Vevey, notamment parce qu’elle a été la cause d’incessants changements à la tête des dicastères, d’un manque d’impulsions dans leur conduite et de beaucoup de souffrance au travail pour les employé·e·s de l’administration, en particulier parmi celles et ceux occupant des postes dans les échelons hiérarchiques inférieurs.

Les responsables de ce désastre doivent être cités

la «majorité municipale» qui, pour détourner l’attention de son peu d’empressement à prendre en main l’affaire Girardin, dénonce en mai 2018 les municipaux Michel Agnant et Jérôme Christen à la justice, portant des accusations que le procureur a en majeure partie écartées et que le Tribunal de police de Vevey vient de juger non pertinentes dans deux cas et peu graves pour le dernier;
la majorité du Conseil communal de Vevey et les partis UDC, PLR et PS qui le 11 octobre 2018 déposent et font approuver un postulat proposant que la municipalité demande au Conseil d’État de suspendre ces deux membres de la municipalité;
la «majorité municipale» encore qui, avec la complicité de «l’observateur participant» Michel Renaud, accepte avec bonheur le 13 novembre 2018 la proposition du Conseil communal, alors que rien ne l’y oblige;
le Conseil d’État du Canton de Vaud, qui, sous l’égide de la Conseillère d’Etat verte Béatrice Métraux, suit le 19 décembre 2018 la Municipalité de Vevey, et suspend les deux municipaux;
les mêmes municipalité et Conseil d’État qui persévèrent et prolongent pour six mois ces suspensions en juin 2019.

Il faut souligner que dans tous ces épisodes, la Loi sur les Communes (Article 139 b) a été utilisée de façon à justifier les décisions politiques prises, en l’interprétant comme si l’ouverture d’une enquête pénale contre un municipal, quel qu’en soit le motif, entraînait automatiquement sa suspension. Or cette interprétation a été clairement contredite par l’arrêt du Tribunal cantonal (CDAP) du 7 octobre 2019 qui stipule que la gravité des accusations doit être prise en compte pour décider d’une suspension, selon le principe de proportionnalité et en regard de « l’intérêt à ce que les membres de l’autorité élus par les citoyens puissent accomplir leur mandat pendant la durée de la législature ».

Ce sont les arguments mêmes que nous opposions à la demande de suspension d’octobre 2018. De même que nous avertissions alors des conséquences néfastes qu’aurait cette double suspension pour l’activité de notre administration et pour notre ville. Nous n’avions pas été entendus, mais aujourd’hui, la justice vaudoise nous donne raison.

Les responsables, Mme la Conseillère d’État Métraux et ladite majorité municipale en tête, doivent maintenant faire leur mea culpa et assumer leurs responsabilités.