«L’affaire du mail du bas de la place du marché», retour historique
Une des oppositions qui bloque le projet de renouveler la Place du Marché de Vevey a été déposée au nom de la reconstitution d’un mail historique, et de promesses en ce sens qui ont été faites il y a fort longtemps par la municipalité. Qu’en est-il réellement ? Quel est la réalité de ces promesses ?
Lors de la préparation de la Fête des Vignerons de 1999, le mail originel au bas de la place avait déjà disparu depuis les années 1970, remplacé par des plantations anarchiques et foisonnantes, qui cachaient le lac et même les montagnes comme le montre la photo tirée d’un article de 24 Heures du 23/10/1996 (voir aussi La Presse Riviera des 23/06/1997 et 28/05/1998). Tous ces arbres ont été coupés en 1998 pour les «nécessités scéniques» de la Fête des Vignerons (FdV) de 1999.
La municipalité était composée depuis 1998 de Yves Christen, radical, syndic, Madeleine Burnier, libérale, Rinaldo Rota, libéral, Pierre Aguet, socialiste, Pierre Chiffelle, socialiste. Cette municipalité s’est engagée , il y a 25 ans, à reconstituer le mail historique auprès de certaines organisations qui auraient pu poursuivre leur opposition (droit de recours) et mettre en cause le déroulement de la FdV.
En suivant la presse et les documents de l’époque, on voit que jusqu’à la FdV, la municipalité va clairement dans le sens d’une replantation du mail à son emplacement historique, et sans se poser la question de la vue sur le lac et les montagnes (voir le «Document d’information publié par la commune de Vevey» de mai 1998, qui prévoit un mail de «tilleuls comme au Bois d’Amour», 1997_05_27_PdM). Il y a même eu engagement d’un architecte paysagiste, Olivier Lasserre, et mise à l’enquête d’un projet d’arborisation de la place comprenant un mail.
Mais dans la préparation d’un préavis pour le réaménagement de la place après la FdV apparaissent les premières hésitations : 24 heures du 15 septembre 1999 titre : «Planter des arbres ou garder la vue ?» ; puis le 9 novembre 1999, «La vue, les arbres, Ou les deux ?» ; et le 15 décembre : «Deux variantes pour une place. Le peuple devra-t-il se prononcer ? C’est probable». La Presse Riviera-Chablais est plus catégorique le 14 décembre 1999 et titre «Grande Place de Vevey : la fin des arbres qui cachent la montagne ? La Municipalité choisit la vue sur le lac».
Comment concilier cette préférence avec les engagements pris précédemment ? Sans que cela soit explicité publiquement, la municipalité d’alors estime, à juste titre du point de vue légal, qu’un préavis approuvé par le Conseil communal, voire par le peuple, l’emporte sur une décision de la Municipalité et la déliera de ses engagements.
Affaire réglée alors ? NON ! Car la Commission des finances s’oppose au préavis, quelle que soit la variante. La municipalité craignant un échec, annonce le 17 janvier 2000 qu’elle retire son préavis. La question du mail reste donc pendante.
Le 20 juin 2001, le Conseil communal vote un crédit d’étude (préavis 02/2001) «pour la réalisation d’un parking souterrain à la Grande Place», qui débouche, 7 ans plus tard, fin 2008 sur le préavis 22 / 2008 «Demande de crédit pour la réalisation d’un concours de projets pour l’aménagement de la Place du Marché et demande de crédit d’ouvrage pour la construction d’un parking souterrain de 280 places (+ 60 places en surface) à la Place du Marché et réponse à la motion de M. Vladimir dʼAngelo “Une place de stationnement pour les habitants et commerçants” et à la pétition du GIVV, transmises à la Municipalité».
La séance extraordinaire du Conseil communal organisée le jeudi 22 janvier 2009 pour en débattre se perd dans les amendements et les variantes, dans une grande confusion. Finalement, tout le préavis est refusé. La question du mail n’est donc toujours pas tranchée.
Ce feuilleton finit cependant par trouver une conclusion : le Conseil communal approuve une série de préavis permettant la réalisation du projet «D’amour et d’eau fraiche» : 36 / 2019 (crédit d’étude), 08 / 2021 (crédit d’ouvrage) et 2022 / 32 (levée des oppositions).
Par ces votes successifs, le Conseil communal délie en toute légalité l’actuelle municipalité des engagements pris par celle de 1999.