Un budget 2023 pour l’avenir
Un combat qui continue pour la pleine indexation des salaires
Un budget nécessaire
La municipalité et les services communaux ont élaboré un budget 2023 répondant aux besoins de notre commune, avec des perspectives que nous soutenons.
Un premier axe en est – évidemment – la crise climatique. Il s’agit d’une part de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, en rénovant énergétiquement le patrimoine communal, en prenant des mesures en matière de circulation et de parcage, en favorisant les mobilités douces, en mettant en place le système de livraison gratuite à vélo Dring-Dring, notamment. D’autre part, la ville doit être rendue plus résiliente aux effets inévitables de ce réchauffement, par la révision des plans d’affectation et en prenant des mesures d’aménagement de l’espace public (arborisation, végétalisation, perméabilisation).
Consciente que la crise énergétique, qui prend le relais d’une crise sanitaire, fragilise la population à plusieurs niveaux, la municipalité demande les moyens de garantir les droits acquis et de maintenir des prestations qui favorisent l’intégration, la solidarité, le lien social (manifestations, culture, médiation de rue, activités de quartier…).
Ces «nouveaux» défis se construisent sur un travail de fond nécessaire à ne pas oublier: assurer la mise à disposition des salles de classes nécessaires; augmenter les capacités d’accueil en crèche et en garderie, tant en termes de locaux que de personnel; renforcer la formation du personnel; mettre à jour les systèmes de gestion de l’information (archivage institutionnel et gestion électronique des dossiers); assurer un accueil à la hauteur du programme de législature qui s’engage dans le rayonnement de notre ville et de son administration; faire de nos vignes et de notre vin non plus une ruineuse tradition, mais une fierté à coût raisonnable, garantir l’accès aux informations de notre commune à toute la population…
Toutes ces tâches nécessaires ont un coût, et dans le contexte difficile de la fin 2022, marquée par la hausse des taux bancaires et des coûts de l’énergie, ce budget se conclut sur un déficit important et une marge d’autofinancement négative (solde entre recettes et charges réelles).
Première séance: première attaques
La première séance du conseil communal consacrée au budget a vu, comme nous nous y attendions, la droite prendre pour cible les prestations publiques, les postes de travail et les salaires du personnel. C’est conforme à leur programme politique. En Avant Vevey leur a emboîté le pas. Sachant que l’absence d’orientation politique équivaut à un alignement sur l’idéologie dominante, ce n’est pas étonnant.
La véritable «surprise» est venue de Vevey Libre, qui, loin de ses prétentions centristes, a servi de poisson-pilote à la droite pour ces attaques, au nom d’une marge d’autofinancement devenue sacro-sainte.
La première victime a été une somme prévue pour mettre en place la stratégie de communication pour la commune, exposée dans un préavis répondant à une motion de Patrick Bertschy, et qui venait d’être plébiscitée, notamment par le motionnaire. Comprenne qui pourra.
Indexation: LE débat
Une majorité de la commission des finances (7 voix contre 6) avait proposé de diminuer à 2% l’indexation de 3% proposée par la municipalité, conformément à la hausse de l’indice de prix. Durant le Conseil, le front du centre (Vevey libre & En avant Vevey !) et de la droite (PLR & UDC) a fait passer sa proposition: le personnel subira une baisse de son salaire réel.
Il vaut la peine de rappeler qu’à son entrée en fonction, la municipalité actuelle a trouvé une administration communale marquée par plusieurs années difficiles: au cours de la précédente législature, les conflits au sein de l’exécutif ont plus impacté le personnel qu’on ne pouvait le croire; la Fête des vignerons a impliqué une surcharge de travail; et la crise sanitaire durant laquelle il fallait assurer les services indispensables a «couronné» la période. Pour que le personnel communal aborde le changement et les nouvelles tâches avec sérénité, il aurait été judicieux de démontrer la reconnaissance du Conseil communal au personnel en validant une indexation juste.
Vevey Libre comme le PLR, tous deux impliqués dans la crise passée au travers de leurs municipaux, Christen et Agnant d’une part, Rivier de l’autre, devraient en être conscients ! Apparemment pas, puisqu’ils n’ont pas hésité à gifler le personnel en lui baissant son salaire réel. Espérons qu’ils auront la décence de ne pas venir se plaindre des projets qui n’avancent pas assez vite. Cette indexation partielle ayant été votée comme une mesure exceptionnelle motivée par l’autofinancement négatif, la part manquante devra être rattrapée l’an prochain, nous y veillerons.
Formation, garde-bain et solidarité
Par la suite, Vevey Libre a déposé une série d’amendements visant à des coupes budgétaires, soutenues, en partie, par une droite réjouie de ces attaques contre le budget de la municipalité, mais sans atteindre la majorité. Il propose de faire baisser de 20 000 frs un poste consacré à la formation des cadres, qui vise à corriger et améliorer le travail collectif entre les services de notre commune, travail collectif qui avait pâti des conflits de la dernière législature et de la gestion dans l’urgence perpétuelle. Puis il remet en question l’engagement d’un garde-bain pour la piscine de Corseaux-Plage. Cette proposition aurait impliqué la fermeture un jour et plusieurs soirs de la piscine publique, lieu accessible au plus grand nombre et lieu de rencontres, plébiscité par les familles de notre ville. Ce point a été l’occasion pour un membre du CC de s’exclamer qu’il était «lassant de toujours parler des conditions des gens». Sans commentaire !
Cette première séance a encore vu le PLR doubler l’UDC à l’extrême-droite en proposant de mettre à zéro l’aide aux pays en voie de développement et l’aide en cas de catastrophe, alors que l’UDC, carrément modérée, ne souhaitait «que» refuser l’augmentation de ces comptes demandée par la municipalité. La variante PLR une fois écartée, c’est au vote à l’appel nominal (chacun.x.e annonce publiquement son vote à l’appel de son nom) que la variante de l’UDC a été refusée à deux contre un.
Deuxième séance: le calme (relatif) après la tempête
La deuxième séance n’a pas ajouté d’autres coupes: des moyens ont été donnés à l’aménagement urbain comme aux constructions scolaires, et le domaine de la culture n’a pas été trop sacrifié. Mais nous regrettons vivement que le Dansomètre n’ait pas obtenu une ligne budgétaire à la hauteur de ses besoins.
Signalons encore que l’UDC a réussi à faire augmenter les dépenses prévues pour la fête nationale du premier août. Le PLR, lui, s’est lancé dans une longue intervention pour mettre en valeur la fumeuse pétition contre le parking rendu payant dans les rues au Sud des voies CFF, et a proposé de diminuer la recette… du parking de la Vieille-Ville (qui n’a qu’un lien très indirect avec l’objet de la pétition !). Pour ne pas se mettre en contradiction avec sa volonté de diminuer le déficit, le PLR trouvait encore moyen de compenser cette baisse des recettes par un prélèvement sur un autre compte… qui ne peut en aucun cas servir à cela. Bref, un bricolage digne de la pétition qu’il voulait illustrer. Défense du monde révolu du tout-voiture, et indifférence à l’urgence climatique seraient-ils tout ce qui reste au PLR ? Heureusement, le bricolage s’est effondré quasi de lui-même et a été très largement refusé
Accepté largement, malgré tout
Au bout du compte, sur toutes les propositions de coupes faites, le conseil communal en a accepté deux. Mais l’une est importante, c’est le refus de l’indexation pleine et entière. Ce budget n’est dès lors plus celui présenté par la municipalité. Il est encore moins le nôtre.
Cependant, un refus du budget, et même la tenue d’un second débat, n’auraient guère eu de chances de l’améliorer: la récupération de l’indexation était peu probable. Nous avons donc décidé de voter OUI au budget amendé par le Conseil communal, qui se conclut par des charges de 165’778’600.– et des recettes de 158’194’800.–, soit un excédent de charges de 7’583’800.–, et un autofinancement négatif de 217’000.–.
Ce budget a été approuvé par 61 OUI (gauche et centres) contre 8 NON (UDC essentiellement) avec 21 abstentions (PLR).
Autofinancement ?
Concernant la marge d’autofinancement négative, rappelons d’abord ce qu’elle définit et relativisons les chiffres.
L’autofinancement correspond aux dépenses et entrées courantes réelles sur une année (c-à-d en ne prenant pas en compte les amortissements). Le budget, quant à lui, n’est qu’une prévision des charges et recettes, par laquelle la municipalité demande au conseil communal l’autorisation de dépenser les sommes prévues. Mais la comparaison entre budgets et comptes montre au fil des ans que l’argent n’est jamais entièrement dépensé et que les comptes finissent quasi systématiquement par être meilleurs que les budgets.
Dans notre cas, le budget de la Municipalité présentait une marge d’autofinancement négative de 600’000 CHF. Ramené proportionnellement au budget d’une personne qui gagne 6000 CHF par mois, c’est comme si cette personne faisait son budget du mois avec toutes ses dépenses idéales et se rendait compte qu’il allait lui manquer 20.–…