Communiqué d’Ensemble à gauche Vaud du 3 mai 2022
APRÈS DISCUSSION AVEC LE COLLECTIF 43M2, LA MUNICIPALITÉ NE RÉPOND À AUCUNE DES REVENDICATIONS, NI À L’URGENCE DE SANS-ABRIS, NI AUX BESOINS DES ACTEUR-ICE-X-S DE TERRAIN
Des engagements cosmétiques face à une urgence humanitaire.
À l’issue de la réunion de négociation avec la Municipale Émilie Moeschler suite à l’évacuation policière samedi dernier à Beaulieu du campement destiné aux sans-abri, il est clair que la ville de Lausanne entend maintenir la ligne inhumaine qu’elle a choisi de suivre : pas d’engagement à pousser le Canton à ouvrir également pendant l’été les places d’hébergement d’urgence mises à disposition pendant l’hiver, refus de solutions transitoires d’urgence et refus du campement organisé par le collectif 43 m2, pourtant justifié par la fermeture toute récente de 160 places (le Répit et la Borde). Cette « négociation » aura permis de rendre visible une fois encore, d’une part les effets de la politique des caisses vides du Canton et de la Municipalité, d’autre part ce qu’est une « gauche » qui mène une politique de droite : la seule raison de fond avancée par la municipale à la fermeture des places disponibles en hiver est : « nous n’avons pas d’argent » … Un peu court pour un des pays les plus riches au monde, pour un Canton qui favorise le dumping fiscal pour attirer les grandes fortunes et les multinationales et qui dégage des excédents financiers qui se chiffrent en centaines de millions chaque année, et pour une ville à majorité rose-verte dont le budget 2022 atteint presque 2 milliards de francs.
Un combat parlementaire et dans la rue depuis 10 ans…
La Municipalité à majorité rose-verte de la ville de Lausanne est interpellée depuis 10 ans par de nombreuses acteur-ice-x-s de terrain, associations et collectifs sur le fait que le dispositif d’accueil d’urgence est régulièrement saturé. Quelques avancées ont été obtenues comme la fermeture du bunker de l’abri PC à la Vallée de la jeunesse ou l’ouverture du Répit sur l’initiative de la fondation Mère Sofia. Pourtant, après 10 ans de combats dans les parlements – notamment par notre ex-conseiller Claude Calame en 2018 et 2020 – et dans la rue, la Municipalité n’a toujours pas à son agenda de résoudre le manque chronique de places en logement d’urgence en assurant un accueil digne aux sans-abri ainsi que des conditions de travail correctes pour le personnel des structures d’accueil.
Le silence et la répression alors que des vies sont en danger.
Canton et Municipalité ont donc choisi de fermer au 1er mai (!) deux structures « hivernales » d’hébergement d’urgence de nuit pour un total de 160 places. Pour rappel, ce n’est pas tant le froid que la rue qui tue. De plus, cette mesure est d’autant plus inhumaine dans le contexte actuel d’augmentation des inégalités exacerbées par la pandémie. Après avoir tiré la sonnette d’alarme dans une lettre ouverte à Rebecca Ruiz, le collectif 43m2 a investi Beaulieu samedi 30 avril pour installer un hébergement d’urgence transitoire, tout en demandant l’ouverture d’une des halles qui avait récemment à accueillir des réfugié-e-x-s d’Ukraine. Réponse de la Municipalité de Lausanne : faire évacuer les lieux sans même prendre la peine de rencontrer les occupant-e-x-s.
Une responsabilité partagée avec le Canton
Pour Ensemble à Gauche, la responsabilité de cette situation est également imputable au Canton. Le collectif 43m2 s’est adressé au Service de la Santé et de l’Action Sociale dans une lettre ouverte à la Conseillère d’État Rebecca Ruiz. Celle-ci n’a donné aucune réponse. Notre députée Elodie Lopez interrogera prochainement le Conseil d’État sur sa politique, et nos élu-e-x-s ne manqueront pas de mettre en cause le silence de Rebecca Ruiz autant que sa politique.
La lutte doit continuer et s’amplifier.
Ensemble à Gauche défend et s’associe à l’occupation par le collectif 43m2. L’occupation de l’espace public a permis de visibiliser la situation dramatique dans laquelle se retrouve les sans-abris. Nous continuons à soutenir les revendications du collectif :
– Le maintien toute l’année du nombre des places disponibles en hiver.
– L’augmentation globale du nombre de places d’hébergement d’urgence.
– La dépénalisation du « camping sauvage »
– La refonte du Bureau des Réservations en collaboration avec les acteur-ice-x-s de terrain.
– La suppression des ordres de priorité officiels dans l’accès aux hébergements d’urgence.
Ensemble à Gauche appelle les militant-e-x-s et sympathisant-e-x-s des partis de la majorité municipale (vert-e-s et socialistes et popistes) qui sont indigné-e-x-s de cette politique, de condamner fermement et publiquement le choix de leurs élu-e-x-s.
Ensemble à Gauche souhaite qu’une mobilisation large et unitaire puisse se construire à partir du combat mené par 43m2, dans la rue et dans les institutions politiques pour assurer des conditions d’accueil et de prise en charge digne et humaine aux sans-abris, quel que soit leur statut. Les sociétés se jugent à leur manière de traiter les plus vulnérables et les plus marginalisé-e-x-s. Une autre politique est possible, mais la Ville et le Canton ne bougeront pas sans mobilisations.
Ensemble à Gauche Vaud
Décroissance alternatives, solidaritéS Vaud, Solidarité & Écologie