Une ville vivante : toustes avec toustes
Dans une société saine et résiliente chaque personne a une place à part entière et peut participer à la vie collective sans craindre d’être discriminée. C’est pourquoi nous voulons une ville accueillante, sécurisante et vivante pour tout le monde, indépendamment du genre, de l’âge, de l’origine culturelle et d’une éventuelle situation de handicap. Cela passe par des changements dans l’organisation et l’aménagement de la ville et par des institutions communales et associatives consacrées à l’inclusion.
Riche de diversités : Oui Ja Si Yes Evet Naí Erê Bai Joo Shì Ām da !
La population veveysanne est composée de gens de cultures, d’âges, de genres et de (125 !) nationalités différentes. Cette grande diversité doit être prise en compte afin de construire un véritable « vivre ensemble ».
- La commune doit promouvoir des activités sociales et culturelles favorisant l’inclusion et la rencontre de l’autre (Fête multiculturelle, semaine de lutte contre le racisme, vie et maisons de quartier, actions dans les écoles) ;
- Cependant, l’intégration doit aussi être civique et politique (information et incitation à voter au niveau communal, pour qui en a le droit, sensibilisation et appel à participer aux consultations concernant les projets urbanistiques) ;
- Pour atteindre une véritable intégration, qui sorte les personnes migrantes d’une situation de vulnérabilité, il est essentiel de mieux doter le service de l’intégration qui peine déjà à répondre aux besoins grandissants ;
- Évidemment, la ville doit condamner toute forme de discrimination sur son territoire et veiller à la sécurité et à l’intégrité de tout le monde.
Un projet féministe : débandade du patriarcat
Les inégalités qui subsistent entre genres (salaires, retraites, accès aux postes à responsabilités…) découlent d’un fonctionnement de la société qui privilégie les hommes cisgenres. Dans la limite de ses compétences, la commune peut se montrer exemplaire et prendre des mesures en faveur de l’égalité de genre.
Dans ce but, nous voulons :
- réduire le temps d’attente d’une place et augmenter la capacité des structures d’accueil — crèches et garderies — afin de répondre aux besoins. Cette mesure permet avant tout aux femmes*, majoritairement concernées, de gagner en indépendance (travail, mais aussi loisirs et engagement citoyen) et de se libérer de la pression du travail domestique non rémunéré ;
- sensibiliser les garçons et les hommes cisgenres à la nécessité de respecter et de prendre soin des personnes de genre différent ;
- rendre aux femmes* leur place au sein de l’espace public, notamment en baptisant des rues avec des noms tirés de l’histoire des femmes*. Un premier pas serait de nommer l’esplanade proche du giratoire de la Gare « Esplanade du 14 juin » ;
- installer ou rénover les W.-C. publics de sorte qu’ils soient non genrés, et équipés de tables à langer;
- intégrer les avis de la Commission égalité, dont la création a été promise au Conseil communal, dans les actions de tous les services de la commune.
Tous les genres sont dans la ville : les gonades sur la table
Depuis toujours, certaines personnes ne se reconnaissent pas dans le genre biologique qui leur a été attribué à la naissance, ni dans la vision binaire du genre et de l’orientation sexuelle. En Suisse, la communauté LGBTQIA+ représente 10% de la population, ce qui est considérable. La lutte contre les discriminations qu’iels subissent au quotidien est l’affaire de l’ensemble de la société.
Le tabou régnant autour de ces questions engendre énormément de souffrance auprès des membres de cette communauté (rejet, peine ou impossibilité sociale d’exister). Ces souffrances ont un coût humain important : maladies psychiques, dépressions, suicides trois fois plus fréquents que chez les personnes hétérosexuelles. Sans compter les multiples agressions ou insultes dont sont victimes les personnes LGBTQIA+, à l’instar de beaucoup de femmes cisgenres.
Nous pensons qu’il faut revoir de manière fondamentale notre façon de traiter cette problématique. Pour ce faire, il faut agir à la source, notamment au niveau du système éducatif.
Nous voulons mettre en place :
- des médiations et des sensibilisations aux questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle pour les jeunes comme pour les moins jeunes ;
- un outil pour signaler les cas de harcèlement et agressions aux autorités ainsi qu’une formation particulière des personnes travaillant à la police sur la réception et le traitement de telles plaintes ;
- une cellule d’aide et d’accompagnement sur la question du genre, espace sécurisant où trouver des conseils et du soutien.
Jeunesses : une place dans le 18zaz
Les discussions autour de la « jeunesse » (ou des jeunesses) se cristallisent trop souvent sur des enjeux liés à l’occupation de l’espace public et au dit « sentiment d’insécurité ». Réfléchir de manière constructive à la place de la jeunesse dans la ville nécessite de prendre le contre-pied de ces thèmes imposés.
Il s’agit d’élaborer une politique de la jeunesse qui favorise la convivialité par le développement, l’intégration, le soutien et une participation active des jeunes à l’écosystème de la ville. Pour ce faire, nous voulons :
- concevoir et poursuivre une politique de la jeunesse qui soit globale et cohérente, afin de mieux répondre aux besoins actuels des jeunes et du personnel administratif. La ville propose déjà une offre généreuse d’activités sportives et culturelles, ainsi que des mesures de prévention et de soutien, mais il existe encore des besoins qui ne sont pas couverts par un service officiel ;
- inclure le facteur jeunesse dans les réflexions sur l’urbanisme. Le fait de pouvoir s’approprier une partie de l’espace public et l’utiliser à sa manière donne aux jeunes un sentiment de liberté et d’autonomie. Cela renforce leur créativité, leur sociabilité, et affaiblit leur besoin de transgression ;
- augmenter le nombre et améliorer la qualité des espaces de rencontre adaptés aux jeunes ;
- mettre en place un vote consultatif des 16-18 ans. Il faut construire le monde de demain non seulement pour, mais aussi avec la jeunesse, et l’encourager à s’intéresser à la politique.
La ville à tout âge !
Un quart de la population a plus de soixante ans à Vevey. Alors que « vieillir en bonne santé » semble faire office d’aspiration collective, la ville reste un espace pensé pour la « population active » et son rythme effréné. La configuration de Vevey est pourtant propice à imaginer un environnement convivial dans lequel vivre en autonomie à tout âge.
Il est indispensable que la commune se dote d’une politique luttant efficacement contre l’exclusion de cette partie de la société, qui est parfois victime de précarité et de rejet social. Nombre de mesures de notre programme sont favorables à l’autonomie des personnes âgées :
- aménagements : les mesures de limitation de la circulation automobile, la disposition régulière de petits espaces publics verdoyants avec des bancs, l’adaptation des réglages des feux de circulation rendront plus sûrs et agréables les déplacements des personnes à mobilité réduite ;
- politique de quartiers : le soutien aux associations, maisons de quartier et autres espaces de rencontre et de création permettra aux personnes âgées de s’investir près de leur domicile et de tisser des liens. Leur inclusion à la vie quotidienne permet de mieux valoriser leur présence dans la société. Le contact intergénérationnel est enrichissant pour tous ;
- label « Ville amie des aînés » : déploiement d’actions concrètes dans l’ensemble des huit domaines d’action qui composent la feuille de route de ce label auquel la commune a adhéré (logement, transports, espaces extérieurs et bâtiments, services de soutien communautaires et de santé, communication et renseignements, participation citoyenne et emploi, participation sociale, respect et inclusion sociale) ;
- communication : l’isolement et la précarité sont des menaces à prendre au sérieux et contre lesquelles il faut lutter par une politique inclusive, par des campagnes d’information et par la coordination et la visibilisation des actions menées dans ce domaine.
Situations de handicap : moins d’obstacles, plus de liberté
Participer pleinement à la vie de la communauté n’est pas facile pour les personnes en situation de handicap (physique, sensoriel ou mental, momentané ou permanent). Certaines ont des difficultés à accéder aux bâtiments, d’autres peinent à s’orienter dans la ville, sont mises à l’écart du débat public ou ne savent pas qu’elles ont le droit de vote.
Pourtant, ces personnes font partie intégrante de la communauté, au même titre que les autres et nous voulons améliorer leur inclusion, notamment en :
- facilitant l’accès aux bâtiments publics aux personnes à mobilité réduite et en favorisant la mise en place de dispositifs à cet effet dans les bâtiments privés ;
- systématisant les bandes de guidage pour les personnes malvoyantes et en supprimant les irrégularités du sol dans l’espace utilisé par les piétons;
- développant l’usage du langage Facile à lire et à comprendre (FALC) dans les communications officielles et en mettant en place une signalétique adaptée aux divers handicaps partout où cela est nécessaire.
Urbanisme : Viva cité !
Le trafic automobile produit des nuisances qui ont un impact direct sur notre santé et notre bien-être : bruit, pollution de l’air, risque d’accident… Avec les places de stationnement, il utilise une part encore bien trop importante de l’espace public. Nous voulons rendre une partie de cet espace à la vie, aux échanges humains et à la végétation.
Les nuisances causées par la voiture individuelle sont bien connues (contribution au changement climatique, détérioration de la qualité de vie…). Les solutions le sont aussi ; elles ont été expérimentées et éprouvées dans de nombreux endroits. Mais le tout-à-l’auto a façonné l’organisation des villes et des territoires ; il conditionne notre mode de vie, que l’on soit automobiliste ou non. La voiture individuelle s’est ainsi rendue quasi indispensable pour de nombreuses personnes, en raison notamment de la dispersion des habitats hors des axes de transports en commun et de l’exil des magasins vers de lointaines zones commerciales. C’est ce qui explique la forte résistance que rencontrent des changements pourtant nécessaires.
Pour convaincre l’ensemble de la population, il est d’autant plus important de mener une politique cohérente, avec des objectifs clairs. Chaque mesure doit mettre en œuvre la vision globale que la commune élabore, notamment avec le Plan directeur des mobilités douces. Il faut donner aux services compétents les moyens de faire plus que des demi-mesures, qui ne satisfont personne, ou des aménagements temporaires, qui sont peu lisibles et changeants.
Dans ce cadre, nous voulons :
- réaménager le secteur de la gare qui génère une multitude de problèmes. Les voies de chemin de fer couplées à la route cantonale constituent une véritable barrière pour la mobilité douce. La place de la Gare est accidentogène et peu conviviale pour les piétons, le rond-point génère d’importants problèmes pour la circulation routière. Quant aux usagers des transports publics, ils peinent à s’orienter. Ainsi, cette interface de mobilités mérite une refonte complète d’ici à 2026 ;
- réduire la circulation automobile, afin d’élargir les trottoirs, d’y planter des arbres et d’y installer des bancs ;
- proposer des aménagements qui limitent les conflits entre les différents modes de déplacement : pistes cyclables séparées, zones piétonnes ou de rencontre bien identifiables… ;
- poursuivre et mener à terme la révision des plans d’affectation et du Plan directeur communal, avec une vision d’avenir sur les constructions et l’aménagement urbain ;
- procéder à la réfection de la place du Marché selon le projet D’Amour et d’Eau Fraîche tel que mis à l’enquête en 2020 ;
- étudier la rénovation, par exemple par une coopérative, des maisons de l’avenue de Savoie / Général-Guisan ; et suivre de près l’avenir de la Cour aux marchandises et des terrains de l’ex-hôpital de la Providence.
Vevey, bouillant de culture
Vevey est un pôle culturel et artistique majeur de la Suisse romande. La ville abrite de grandes institutions bien établies ainsi que de nombreuses associations et lieux alternatifs. Ce foisonnement d’activités créatives sur le territoire veveysan est unique, il nourrit l’inspiration et favorise les échanges et les synergies.
La culture est essentielle à la population. Elle crée du lien social et de la réflexion, elle est un témoin privilégié et historique de son époque. Dans un contexte de crise (écologique, sociale, sanitaire, économique), ces témoins et vecteurs de réflexion sont plus que jamais indispensables. Mais la crise sanitaire a révélé la grande précarité qui règne dans les milieux culturels. Il nous semble indispensable de les soutenir.
- Nous voulons avancer dans la réalisation des mesures formulées suite aux États généraux de la culture en 2017. Il s’agit de maintenir et de renforcer l’existant tout en accompagnant les nouvelles initiatives. Cela passe évidemment par des soutiens financiers, mais également logistiques. En particulier, il nous faut répondre au manque de locaux et de logements d’artistes. Cela requiert d’avancer dans la mise en place et le développement d’une maison des associations et de maisons de quartier et d’élaborer une politique active de mise à disposition temporaire des locaux inoccupés.
- Pour faciliter l’organisation d’événements pas uniquement culturels, et les adapter aux conditions locales, nous voulons que l’association Sécurité Riviera, sa Police du commerce et sa cellule des manifestations soient conscientes et à l’écoute des réalités veveysannes.
- Nous proposons également d’animer la ville hors des murs des grandes institutions, en soutenant la mise en place d’animations et de créations dans les différents quartiers de notre ville tout au long de l’année, au travers d’œuvres vivantes (ateliers, concerts, spectacles en plein air, créations à la manière du théâtre d’été de la ville de Sion…) ou d’œuvres plastiques (mur libre pour graffiti, sculptures, peintures…).
- Nous voulons remplacer la publicité commerciale en ville par des œuvres créatives et des annonces civiques, sportives et culturelles.
Se sentir en sécurité : un bien commun
Se sentir en sécurité est un besoin essentiel au développement et à l’épanouissement des personnes. Nous voulons y accorder une attention et une vigilance particulière, pour agir dans le sens du bien commun.
Selon nous, le sentiment d’insécurité est un problème complexe : il peut provenir de facteurs globaux et diffus tout comme de situations précises et concrètes que peut rencontrer chaque membre de la communauté. Pour le bien commun, tout le monde doit pouvoir trouver sa place, dans le respect et la dignité qui lui sont dus. Pour définir sécurité ou insécurité, nous pensons bon de mener une réflexion qui dépasse les faits énumérés dans les rapports de police. En effet, œuvrer avec bienveillance et collectivement au sentiment général de sécurité, c’est affirmer l’appartenance de chaque individualité, et prendre soin des plus fragiles.
Les facteurs d’insécurité sont plus larges que ceux faisant régulièrement l’objet de polémiques : la présence de jeunes, de migrants, de dealers… L’amalgame entre délinquance et précarité est un piège : la précarité n’implique pas nécessairement la violence et les facteurs d’insécurité et de violence existent dans toutes les classes sociales et à tous les âges. Un sentiment d’insécurité peut aussi découler de la peur de perdre son emploi, son revenu ou son logement, des violences conjugales, du harcèlement, de rue ou au travail, et même des dangers de la circulation. Ainsi, réfléchir à une cité où tout le monde se sente en sécurité, c’est aborder le sujet dans sa diversité et sa complexité.
Nous proposons avant tout une politique de prévention et de sensibilisation consistant à :
- instituer, comme annoncé par la municipalité, un groupe de travail réunissant des personnes actives dans la prévention des addictions, l’intégration, de l’espace public, le travail social, la police. Il devrait permettre d’aborder la problématique de façon plus globale et dans une approche durable, tout en rappelant la complexité du phénomène, et mettre en place les mesures de transition nécessaires à un avenir serein pour le plus grand nombre de personnes ;
- aller à la rencontre de la population, organiser des activités relatives à la vie en société sur l’espace public et les communiquer largement. Sensibiliser aux enjeux d’oppression, dialoguer, connaître les craintes et observer les comportements ;
- soutenir, notamment par la formation interne, le travail de la police régionale, dans son rôle de médiatrice au sein de l’espace public et dans l’amélioration de la prise en charge des victimes de violences ;
- diminuer le sentiment d’insécurité dans l’espace public par un meilleur équilibre entre voitures, vélos et piétons ;
- mener une réflexion quant à l’instauration d’un espace de médiation et d’accueil sur l’espace public.