Séance du Conseil communal du 3 septembre 2020

Le Conseil communal tient cette séance (ainsi que celle de la semaine suivante) aux Galeries du Rivage, qui permettent le respect des normes sanitaires liées au Covid-19 sans masque, mais au prix d’un travail considérable de mise en place. La nouvelle présidente du Conseil communal Sophie Métraux (Les Vert·e·s) remercie l’administration communale pour ces efforts ; da. y joint évidemment les siens.

La présidente du Conseil communal rend hommage à notre camarade Gilbert Dutruy décédé le 8 juillet 2020 qui a fait partie du Conseil durant près de 25 ans, avec un grand engagement et beaucoup de sérieux pour défendre les milieux populaires, notamment à la commission de gestion. Le Conseil observe une minute de silence.
Pour remplacer Gilbert, ainsi qu’Yvan passé de l’autre côté des institutions, notre groupe bénéficie du retour de Nana Sjöblom, qui avait pris une année de «congé» pour raison professionnelle, et de Sabrina Berrocal, qui avait déjà siégé au Conseil communal dans les rangs d’Alternatives de juin 2009 à novembre 2013. Merci à elles. Gilbert Dutruy doit également être remplacé à la commission de gestion : Clément Tolusso est élu membre et Mark Renkens le remplace comme suppléant.

Notre camarade Gilbert lors de sa dernière séance de Conseil communal

L’ordre du jour comportait deux points institutionnellement très importants, l’examen de la gestion de la municipalité et les comptes communaux. La gestion est reportée à la séance du 10 septembre.

Comme deux plus deux font assez constamment quatre, les comptes donnent rarement lieu à de grandes polémiques. Même la présence à la tribune de la Municipalité du nouveau municipal des finances, notre camarade Yvan Luccarini, n’en suscite pas, et le Conseil communal prend acte en un temps record du déficit de 3,9 millions pour l’exercice 2019, alors que le budget prévoyait un déficit de 8,3 millions. Le point positif est que les investissements de la commune sont financés à 88 % par les fonds propres, et donc avec un très faible recours à l’emprunt.

Notre municipal en profite néanmoins pour rappeler que la dette de la ville est constituée pour moitié d’emprunts à court terme (moins d’une année) et que dans le contexte actuel de taux négatifs ce type d’emprunts rapportent à la ville. Yvan rappelle également que les difficultés financières de notre commune tiennent pour beaucoup à des décisions qui lui échappent totalement, en particulier les allègements d’impôts sur les sociétés décidés par le Canton et la Confédération – avec le soutien des partis nationaux représentés au Conseil communal – qui ont diminué le produit de l’impôt sur les sociétés d’environ 5 millions entre 2017 et 2019, perte compensée en partie seulement par le Canton. Les plus grandes incertitudes pour les budgets 2021 et plus encore 2022 ont d’ailleurs la même origine : quels seront les effets de ces réformes, avec l’entrée en vigueur de la réforme fédérale (RFFA) et à quel point seront-ils compensés par des mesures fédérales répercutées par le canton ? Yvan n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner lorsque le PLR lui a demandé sa vision des finances communales !

Le deuxième sujet d’importance traité ce jeudi 2 septembre concernait un crédit (quatre millions) et une convention relative à la mise en place d’une zone industrielle pour les PME sur la parcelle de La Veyre-Derrey (emplacement du tir à l’arc et de la tente pour les répétitions de la Fête des vignerons), qui appartient majoritairement à la ville de Vevey, mais qui est située sur le territoire de la commune de Saint-Légier. Il s’agit de remanier les parcelles et de prévoir des investissements pour les aménager, afin d’accueillir un pôle cantonal (zone de développement prioritaire) pour les PME.

Nous constatons que le projet a des qualités : accueil de PME locales du secteur secondaire, pas de grandes surfaces, pas d’expositions automobiles, taille réduite des bâtiments, organisation paysagère du site ; et du côté du propriétaire communal, la volonté de ne pas vendre, mais de procéder par droit de superficie. Cependant ce projet s’intègre pleinement dans une logique de croissance économique, qui devrait pour le moins être questionnée alors qu’on proclame l’urgence climatique. De plus son emplacement à proximité du nœud d’autoroute et à l’écart de tout axe de transport ferroviaire est pleinement cohérent avec la poursuite d’une économie carbonée, tant pour les approvisionnements que pour les personnes qui y travailleront, compte tenu de la faible adaptation prévue du réseau de transport public.

Nous rappelons également que «l’exil» du secondaire hors de Vevey n’est pas un fait «naturel», mais qu’il est aussi le résultat d’une politique de croissance de la population et d’accueil de projets immobiliers sans réel projet de mixité emploi / logement, particulièrement au Nord des voies ferrées (ex-ACMV, Guinguette, avenue de Gilamont, Plan-dessus). Nous signalons enfin, pour mémoire, qu’un terrain de près de la moitié de la surface prévue à La Veyre reste en friche, au cœur de la ville et relié au chemin de fer : la Cour aux marchandises… Notre groupe s’est donc abstenu au vote final sur ce projet, qui a été adopté à une large majorité.

Notre groupe accepte le crédit d’ouvrage pour l’Avenue de Pra, Bd de Charmontey, Bd Henri-Plumhof, qui, en plus de mesures urgentes de réfection de la chaussée et des trottoirs, prévoit des mesures de modération du trafic. Il approuve le crédit d’étude pour la transformation du chalet des écoles «La Cheneau», à Château-d’Oex, sur la base d’un excellent rapport rédigé par notre conseillère communale Elodie Lopez.

Point chaud de la soirée, les CHF 588’000 de factures en souffrance concernant des prestations de la commune en faveur de la Fête des Vignerons. La municipalité proposait d’en effacer environ CHF 102’000 et d’accepter que le solde soit payé par la diminution de moitié pendant 14 ans du loyer du Musée historique de Vevey, situé dans un immeuble appartenant à la Confrérie des Vignerons (préavis). Il faut souligner que cet arrangement constitue en soi un soutien à la Fête, puisque cela revient à un prêt sans intérêt. Notre groupe a déposé un amendement visant, modestement, à refuser l’abandon des 102’000 fr. et à solder la totalité des CHF 588’000 selon les mêmes modalités, mais pendant 17 ans au lieu de 14 ans.

Vidéos de nos interventions concernant la Fevi

Pour les membres de da., la Fête fut d’un côté un événement marqué par le gigantisme, la surconsommation, l’excès, des prix surfaits pour les classes populaires, etc. Mais d’un autre côté, nous sommes conscients de sa réelle importance patrimoniale, de son caractère éminemment populaire, son importance pour la mise en valeur du métier de vigneron-tâcheron, et bien d’autres qualités.

Les motifs de notre refus sont à chercher ailleurs. Tout d’abord les partisans de la proposition municipale font comme si ce «cadeau» de CHF 102’000 était LE geste que la commune doit faire pour manifester son attachement à la Fête. C’est occulter les efforts exceptionnels au profit de la Fête accomplis par le personnel communal durant cette période, que la Commission de gestion chiffre à 7 millions dont seuls 3 millions ont été facturés et payés par la Fête. Le «geste» est donc déjà fait, et il pèse 4 millions ! Tout ceci sans aucune reconnaissance, et plutôt des critiques parfois acerbes. A cela s’ajoute que les quelque 1800 membres de la Confrérie ne paient pas de cotisation (3 fr. par année et par confrère / consœur jusqu’à la prochaine Fête engrangeraient 100’000 fr.), que la Fête n’a fait aucun effort pour les acteurs culturels locaux, que personne ne peut croire une minute qu’un refus mettrait en péril la Confrérie (qui n’a pas un besoin vital, donc, de cet argent), alors que le Conseil a refusé d’aider des acteurs culturels qui font vivre Vevey tous les jours, et que les Veveysan·nes contribueront certainement encore, via l’Association sécurité Riviera, à un rabais supplémentaire sur les factures de sécurité qu’on peut chiffrer à plus de 1’000’000 de francs, en sus des rabais au même chapitre consentis par le Canton, puisés au bout du compte dans nos impôts.

L’amendement que nous avons proposé a finalement été refusé par 34 NON, 32 OUI, et 8 abstentions. Il est à noter que plusieurs partis étaient divisés sur cette question, ce qui explique le résultat. Il est navrant, que sur un sujet qui vise à préserver les deniers publics afin de les allouer à des personnes qui en ont vraiment besoin, des partis se disant défenseurs des classes populaires manquent à l’appel : nous pensons aux Vert·e·s et au Parti Socialiste, où abstention et votes contre notre amendement ont été nombreux. «Déçus en bien» par ce résultat que nous n’attendions pas, nous avons manqué de réflexe : un vote au bulletin secret sur l’amendement aurait peut-être permis à certain·es d’exprimer leur avis intime et de transformer la minorité en majorité. On ne le saura jamais. Reste qu’un avertissement a été donné à la Confrérie : elle doit abandonner son arrogance, réinventer la Fête, s’ouvrir aux acteurs culturels locaux si elle veut vraiment qu’en 2040 la tradition vive encore.
Enfin, nous avons bien fait de demander aux conseillers et conseillères communales d’annoncer leurs intérêts. Presque toutes les prises de parole en faveur du cadeau fait à la Fête ont été le fait de Confrères, qui ont bien respecté en l’espèce le serment qu’ils doivent faire à la Confrérie. Quant au serment fait à la Ville et à la population, c’est une autre histoire…

Le Conseil communal avait reçu une communication municipale répondant à une pétition concernant l’insécurité des passages piétons sur la RC 780 bordée d’écoles d’une part, d’habitation et de foyers pour personnes âgées d’autre part. Les feux de signalisation affichent un vert pour la circulation sur l’axe simultanément au vert pour les piétons cheminant parallèlement, avec un feu clignotant pour le tourner à droite. La pétition relevait plusieurs cas où des accidents avaient été évités de justesse et demandait que cessent ces périodes de «double vert».
La communication mentionne la mise en œuvre de quelques mesures de signalisation (panneaux «attention enfants» et potelets visant à diminuer le rayon de courbure et la vitesse des voitures ainsi qu’à améliorer la visibilité), mais conclut à l’impossibilité de prendre la mesure demandée, qui conduirait à des temps d’attente excessifs, y compris pour les piétons. S’exprimant au nom de plusieurs signataires de la pétition, notre camarade Gabriela Kämpf prend acte des informations contenues dans la communication et des mesures prises, dont elle espère qu’elles renforceront réellement la sécurité des piétons. Elle demande que la présence d’un agent aux heures de sortie des classes soit maintenue, et sur l’axe complet. Enfin, elle regrette que le cahier des charges de l’étude dont les résultats ne sont communiqués que dans cette instance n’ait pas été soumis aux pétitionnaires, ce qui leur aurait permis de s’assurer que toutes les pistes proposées aient bien été évaluées. Elle souligne que la mise à 30 km/h de toute la ville y compris cet axe, comme le demande un postulat qu’elle a déposé au nom de notre groupe le 14 mai dernier serait un moyen de diminuer les risques pour les usagers les plus faibles de l’espace public. Elle regrette enfin le manque de communication: une séance ouverte à toustes avait été annoncée en janvier, mais entre les études complémentaires et la COVID, elle n’a jamais eu lieu. Yvan Luccarini, qui a aussi repris d’Etienne Rivier la charge de la Sécurité, peut la rassurer à cet égard : dans toute la mesure permise par la situation sanitaire, une rencontre sera prochainement organisée.

La séance en vidéo