Election complémentaire à la Municipalité de Vevey du 21 juin 2020

Pas d’avenir sans décroissance

Les bouleversements climatiques et écologiques liés à l’activité humaine ne sont pas de vagues hypothèses, mais des faits clairement identifiés et reconnus par l’immense majorité des scientifiques. Pourtant, les dirigeant·es se gardent bien de toucher sérieusement aux intérêts et bénéfices des véritables responsables, préférant faire payer la crise à la population sous forme de taxes, restrictions et renchérissement. Dans ce contexte, il est urgent de tracer d’autres voies politiques et économiques ; de bâtir une société plus soutenable, plus juste et solidaire afin de garantir un avenir aux générations présentes et futures.

L’épidémie de Covid-19 est un révélateur des conséquences des différentes crises actuelle et à venir. Ainsi, la crise sanitaire est également une crise sociale et économique. Elle frappe durement les personnes du quatrième âge, les précaires, les indépendant·es, les artistes, les réfugié·es et bien d’autres encore. La récession qui s’annonce touchera principalement les classes moyennes et populaires, déjà submergées par des taxes et des primes d’assurances de plus en plus élevées. Cette crise a aussi dévoilé la réalité de métiers essentiellement féminins : caissières, soignantes, aides de ménage, employées de structures d’accueil ; des métiers aussi indispensables que mal rémunérés et mal reconnus. Enfin, elle a mis en évidence le fossé entre les travailleur·ses qui sont en première ligne face au virus et les gouvernements qui distribuent des milliards sans garanties aux plus grosses industries et les autorisent à verser des dividendes aux actionnaires.

Il est certain que l’émergence de nouveaux virus est liée à la destruction des écosystèmes, à l’élevage intensif et à la mondialisation sans frein que nous vivons. Ainsi, la crise sanitaire est également une crise écologique. Mais là encore, l’inconséquence des gouvernements est criante, comme lorsqu’ils arrosent de milliards les compagnies aériennes, sans demander aucune contrepartie.

Cette épidémie met ainsi en évidence les limites auxquelles se heurte une société basée sur la croissance à tout prix et qui se fixe comme seul objectif le profit à court terme. Elle pourrait être l’occasion d’un changement d’orientation. On en est loin : tout est fait pour que la machine économique redémarre, peu importe que cela soit au détriment de la santé des travailleur·ses et des écosystèmes.

Il existe pourtant une alternative qu’il est urgent d’explorer, si on souhaite garantir un avenir aux générations présentes et futures : la décroissance. Elle est choisie, ce qui la différencie radicalement de la récession que l’on subit aujourd’hui. C’est un projet politique et social qui aspire notamment à :

  • mettre fin aux inégalités plutôt que les renforcer ;
  • orienter la production sur les besoins de la population plutôt que sur les profits d’une minorité ;
  • valoriser le bien commun plutôt que la marchandisation de nos vies ;
  • travailler moins pour vivre mieux plutôt que perdre sa vie à la gagner ;
  • vivre en harmonie avec la nature et tous les êtres vivants plutôt que les dominer et les exploiter ;
  • reconnaître la place des dimensions non-utilitaristes et essentielles de la vie — culturelle, artistique, affective, spirituelle, philosophique, citoyenne, altruiste — qui pourraient être développées réellement sans limites et sans péril pour la planète.

À l’échelon d’une ville comme Vevey, de nombreuses initiatives peuvent être prises pour favoriser la solidarité et la résilience locale, sans pour autant ruiner la commune.

Imaginons ensemble une ville faite pour toutes et tous qui fait la part belle à la mobilité douce et aux espaces végétalisés. Une ville où le commerce de proximité et l’artisanat local sont mieux valorisés que les grandes surfaces. Une ville qui cherche à rapprocher les producteur·rices de la région et les habitant·es, et qui favorise l’éclosion de projets participatifs tels que les potagers urbains, les maisons de quartier, les épiceries solidaires, les ateliers de réparation et de création coopératifs ou encore les initiatives d’entraide.

Imaginons des espaces publics débarrassés de la pollution publicitaire, favorisant ainsi les rencontres et la convivialité plutôt que le chacun·e pour soi. Une ville dans laquelle chacun·e peut se loger, se déplacer à son aise, trouver sa place, s’exprimer, faire garder ses enfants et répondre à ses besoins en dépendant au minimum de la globalisation.

En grec ancien Krisis signifie à la fois : choix, décision et dénouement. Une crise porte donc en elle la possibilité de changement, de renouveau. C’est ce renouveau que nous vous proposons avec la candidature d’Yvan Luccarini à la Municipalité de Vevey.