Femmes et politique

Cinquante ans après avoir obtenu le droit de vote et d’éligibilité au niveau fédéral, les femmes restent sous-représentées dans les différents échelons politiques en Suisse. La vague violette des élections fédérales de 2019, puis celle des récentes élections communales vaudoises ont certes fait augmenter la proportion des femmes dans les législatifs, mais les exécutifs, surtout dans les petites communes, restent bien souvent une affaire d’hommes.

Les revendications de la grève féministe on démontré que l’égalité est loin d’être acquise. Le patriarcat a préexisté au capitalisme. On sait néanmoins que celui-ci a particulièrement exploité les femmes en les cantonnant dans des tâches et des travaux non-rémunérés permettant la reproduction de la force de travail à moindre coût. La naissance du libéralisme économique a participé à invisibiliser le travail des femmes, en les reléguant dans les sphères gratuites des métiers du care (pour aller plus loin, lire notre publication du 24 mai 2020).

Ainsi, les tâches domestiques, l’éducation des enfants, l’aide aux proches incombent encore principalement aux femmes, tout comme le travail à temps partiel ou les métiers faiblement rémunérés. Dans un pays où la politique familiale est encore très conservatrice, les femmes ont moins de temps que les hommes pour s’engager dans d’autres activités, comme la politique.

L’expérience montre qu’au sein des assemblées et réunions de partis ou du Conseil communal, les femmes utilisent moins de temps d’expression et se font davantage couper la parole, peu importe leur compétence ou leur expérience. Elles occupent souvent des fonctions moins valorisées que les hommes, comme la prise de PV, la gestion des membres et des activités sociales, et sont minoritaires dans les comités. Dans un univers essentiellement masculin, elles doivent parfois subir des remarques désobligeantes et paternalistes qui sont autant de freins à leur engagement.

La parité en politique ne s’obtiendra pas sans remettre en question le fonctionnement des partis. Cela implique de reconnaître que les phénomènes débouchant sur une sous-représentation des femmes en politique ne sont pas liés à des enjeux personnels mais bien systémiques et qu’il s’agit dès lors d’un sujet éminemment politique.

Lors du premier tour des élections à la Municipalité de Vevey, le 7 mars, les quatre candidates des partis de gauche ont fait un très bon score en terminant dans les neuf premières places. L’annonce d’une liste commune visant à atteindre une majorité de gauche et de femmes a pourtant fait réagir de nombreuses personnes, certaines y voyant une récupération politique, d’autres un déplacement malvenu du débat sur le genre plutôt que les compétences.
Notre mouvement préfère y voir les résultats encourageants de ses efforts pour promouvoir la place des femmes au sein de son mouvement.