Du flou et du flan

Sur son tract électoral, le candidat de l’Entente (PLR, UDC, PDC et Verts’libéraux) promet de tordre le cou aux fake-news (sous-entendu celles de ses adversaires). L’entreprise est noble, mais peut-être ferait-il bien de se pencher en premier lieu sur les petits arrangements avec la réalité contenus dans son programme ? Voici un petit florilège.

«Le PLR et l’Entente représentent 42 % des votants»

Lors des élections de 2016, l’Entente UDC-PLR-PDC a recueilli 35% des suffrages (167’031 suffrages sur 477’500 exprimés. (cf. procès verbal du 28 février 2016). Cela leur a valu 37% des 100 sièges du Conseil communal. Par la suite, la candidate Vert’libérale, élue sur la liste Vevey Libre, s’est ralliée au groupe PLR.

Quelle que soit la façon dont on tourne la question, 35%, 37% ou 38% le compte n’y est pas.

Quand on se porte candidat pour reprendre le poste du Municipal des finances démissionnaire, mieux vaut savoir calculer, ça évite les mauvaises surprises.

«Ça suffit, il faut du changement…» suivi de «Bien entendu, il ne s’agit pas de tout changer ou de tout faire autrement.»

Se prenant pour le Guépard, le candidat PLR affirme d’autant plus fort qu’il faut du changement qu’en réalité il veut que rien ne change. En remplaçant un PLR par un PLR, on change de personne sans changer la dynamique politique. Sauf si on considère que le municipal PLR démissionnaire était la source du problème… Mais alors, pourquoi lui avoir demandé avec insistance de ne pas démissionner afin d’éviter une élection partielle ?

Einstein a écrit : «La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent.»

«Par exemple, une décroissance brutale et immédiate nous conduirait à une hausse du taux de chômage et une perte du pouvoir d’achat.»

L’Entente confond décroissance et récession. La crise sanitaire actuelle causée par l’émergence d’un nouveau virus est engendrée par la destruction des écosystèmes, l’élevage intensif et la mondialisation sans frein que nous vivons et que défendent à tous les niveaux les partis de l’Entente. Cette crise a effectivement causé un arrêt brutal et immédiat de l’économie, une hausse du taux de chômage et une diminution du pouvoir d’achat. Mais c’est leur système, leur crise, leur récession et leur chômage. Pas notre décroissance, qui sera discutée, volontaire, choisie, et qui permettra de sortir du système capitaliste et productiviste, et ainsi de résoudre les crises à répétition.

«Je souhaite notamment la gratuité des parkings durant la première heure, l’abandon des taxes sur le domaine public et la création d’un fond d’aide d’urgences aux petits commerces», ainsi que «des paiements différés, voire un allégement des factures d’eau, d’électricité ou de gaz».

La gratuité généralisée du parking pendant la première heure risquerait d’encourager les déplacements en voiture afin de profiter de la gratuité, sans aucune garantie d’une quelconque retombée économique. Aucune mention par contre des coûts générés par une telle mesure, ainsi que par l’abandon des taxes sur le domaine public.

Le fond d’urgence, lui,  existe déjà: il a été voté au Conseil communal le 14 mai 2020.

Enfin, doit-on apprendre au candidat de l’Entente que la commune de Vevey n’est propriétaire ni du SIGE (fourniture de l’eau, par une association de communes, qui légalement doit couvrir ses frais par la facturation), ni de Romande Energie (ou de tout autre compagnie d’électricité) et encore moins d’Holdigaz? A moins que le candidat ne suggère aussi l’expropriation de ces entreprises, du fait qu’elles fournissant des services essentiels? Ce serait une grande nouveauté pour le PLR…

«La valorisation des énergies renouvelables, la lutte contre la pollution ou la préservation des espaces verts sont autant de valeurs que défendra le candidat.»

Bien sympathiques idées. Dommage qu’elles n’arrivent que maintenant à l’occasion de cette campagne, et qu’elles n’aient pas été défendues ces dernières années au Conseil communal par les partis de l’Entente. Ce qui fait douter de leur sincérité.

On attend d’un candidat crédible non seulement des idées générales, mais également des propositions concrètes. On a beau chercher dans ce premier tract électoral, on n’en trouve pas.