700’000 FRANCS, 44 CAMÉRAS, 0 EFFICACITÉ
NON À LA VIDÉOSURVEILLANCE
Chères Veveysannes, chers Veveysans, le 29 juin prochain, vous vous prononcerez sur le référendum communal sur le projet de la Municipalité d’installer quarante-quatre caméras de vidéosurveillance sur une surface de 75’000 m2 autour de la gare de Vevey. Notre mouvement politique vous exprime ci-dessous les raisons qui l’incitent à s’opposer à cette mesure.
AGIR CONTRE LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ | Tous les groupes politiques qui participent à ce débat sont d’accord sur le constat : il y a du trafic de drogue visible dans le secteur de la gare. De nombreuses personnes, de Vevey ou en déplacement, vivent un sentiment d’insécurité et il est nécessaire d’agir. Encore plus remarquable, il y a également un accord général pour la politique fédérale des quatre piliers : prévention, thérapie, réduction des risques et répression. Notre groupe partage tant le constat que l’approche politique.
NEUF MESURES STRATÉGIQUES | En novembre 2023, la Municipalité a développé une approche communale du problème et a identifié neuf mesures stratégiques : renforcement du dispositif sociosanitaire, coordination régionale, sollicitation du Canton, protection du personnel communal sur le terrain, déploiement de mesures d’urbanisme tactique et d’animation de rues, renforcement de la communication avec la population et les acteurs économiques et politiques, renforcement des dispositifs social et policier sur le terrain, vidéosurveillance de l’espace public dans le secteur de la gare. Dans le même temps, la coordination de ce dossier a été confiée au service de la cohésion sociale en raison du nombre prépondérant de mesures sociales.
UNE STRATÉGIE MISE EN OEUVRE | L’action des polices s’est accrue, un groupe de travail s’est formé au niveau cantonal à l’appel des trois syndics des villes de Lausanne, Yverdon et Vevey, un projet de médiation urbaine s’est déployé jusqu’au 31 janvier de cette année. Le renforcement du travail social de rue et la formation interne sont prévus au budget 2026, tandis que le développement du dispositif sociosanitaire, la communication ou l’aménagement et l’animation de l’espace public sont restés à l’état d’intentions à concrétiser.
L’OBJET DU DÉSACCORD | La seule mesure que nous contestons est l’installation de la vidéosurveillance, prétendûment utile au pilier répression. Installer quarante-quatre caméras, sans possibilité de visionnage direct, avec des images peu voire pas exploitables et qui plus est dans un périmètre dont une partie va être complètement réaménagée ces prochaines années, c’est créer une illusion de sécurité et gaspiller l’argent public. A aucun moment la Municipalité n’a évalué l’efficacité de cette mesure. Elle a certes payé un expert – anonyme – pour un rapport, mais son mandat était «d’établir un état des lieux de la situation à Vevey, dans l’optique d’installer et d’exploiter un dispositif de vidéosurveillance dans le secteur de la gare de Vevey», et non d’étudier l’utilité d’un tel dispositif. L’idée mise en étude en novembre 2023 a ainsi sauté directement à la réalisation concrète sans passer par la case réflexion. A noter que ce rapport a fini par être discrètement publié sur le site Internet de la ville, sous la pression de multiples demandes et d’un recours au Tribunal cantonal .
UNE RÉPONSE INADÉQUATE | L’expérience d’autres villes, comme Yverdon ou Genève (quartier des Pâquis) jette de sérieux doutes sur l’efficacité de la vidéosurveillance en matière de lutte contre le deal de rue. Pour s’en convaincre, il suffit aujourd’hui d’observer la situation sur les quais de la gare de Vevey, où la présence des trafiquants est régulière sous l’œil des caméras des CFF… Elle peut même avoir un effet contreproductif, en provoquant la dispersion de cette activité illégale vers des zones résidentielles ou des écoles, augmentant ainsi le sentiment d’insécurité.
DES COÛTS DISPROPORTIONNÉS | L’installation de ces quarante-quatre caméras représente un investissement de 700’000 francs qui générera des coûts au budget de fonctionnement de la ville de l’ordre de 100’000 francs par année, amortissements compris. Le caractère très visible de cette mesure est censé répondre aux inquiétudes des habitant·es. Mais cela ne justifie pas cette dépense car pratiquement elle ne règlera rien. Quant aux quelque 200’000 francs inclus dans ce même crédit d’investissement et consacrés à l’éclairage, nous soutenons cette mesure et nous sommes certain·es que le Municipalité saura revenir avec un nouveau préavis sur ce point. Il pourra ainsi être coordonné avec le projet de nouvelle place de la Gare dont les études vont commencer cette année, avec une réalisation planifiée dès 2028.
LA QUESTION SOUMISE AU VOTE | Il est regrettable que le comité favorable à ce préavis, constitué des partis de centre-droit et du parti socialiste, ainsi que la majorité de la Municipalité tentent de faire croire à la population que l’objet du vote concerne également les mesures sociales. Il s’agit en effet d’un réarrangement des faits, puisque ces dernières devront, quel que soit le résultat du vote, faire l’objet d’une décision du Conseil communal en décembre de cette année lors de la validation du budget 2026. Comme tous les groupes se déclarent favorables à ces mesures, il ne fait aucun doute qu’elles seront soutenues le moment venu. Le seul objet de ce référendum est bien l’installation ou non d’un des plus grand système de vidéosurveillance de l’espace public en Suisse !
NON À LA VIDÉOSURVEILLANCE | Refuser les caméras n’est pas un abandon, bien au contraire. C’est forcer la Municipalité à revoir ses priorités : plus de présence humaine, plus d’action sociale, plus d’aménagements urbains, plus d’animations de rues et plus de coordination. Il ne s’agit pas d’adopter une posture idéologique, mais de nous poser les bonnes questions. Est-ce que cette mesure est efficace ? Est-ce que les ressources mises à disposition sont proportionnées ? Est-ce que ce projet de vidéosurveillance ne met pas en cause les principes de notre démocratie en matière de protection de la vie privée ?
Site du comité NON aux caméras: www.non-cameras-vevey.ch