Interpellation

Urgence climatique et énergie : garder le cap et ne pas céder à la panique

Les pénuries d’électricité et d’énergie annoncées pour l’hiver prochain illustrent les risques que comporte la dépendance aux énergies fossiles. Elles devraient inciter toutes les autorités politiques à accélérer la mise en place des énergies renouvelables et à prendre enfin les mesures que les mouvements pour le climat demandent depuis longtemps pour diminuer la consommation d’énergie.

A rebours de ce bon sens, on assiste à une tentative d’utiliser la crainte des pénuries pour relancer l’exploitation et l’utilisation des énergies fossiles (sans même parler du nucléaire). Dans une interview à 24 heures du 24 juin 2022, Philippe Petitpierre, président des sociétés Gaznat et Petrosvibri expliquait avoir été contacté par les autorités vaudoises pour relancer le projet d’extraire du gaz de son forage déjà existant à Noville. Dans la foulée, une alliance PLR-UDC a déposé au Grand Conseil une proposition visant à revenir sur la loi votée en 2018 qui interdit la recherche et l’extraction d’hydrocarbures sur le territoire cantonal.

Rappelons que cette interdiction d’extraction votée en 2018 est justifiée, car l’extraction d’hydrocarbures comporte toujours des risques de pollution. Dans le cas de Noville, la proximité du Léman multiplie la menace d’un tel forage pour la ressource en eau potable de plus d’un million de personnes. Cette ressource en eau potable est d’autant plus importante que l’apport des sources va inévitablement devenir moins régulier voire diminuer.

Alors qu’elle est portée par l’inquiétude concernant des pénuries à court terme, il est évident que cette autorisation d’exploitation du gaz de Noville serait bien incapable d’assurer un quelconque approvisionnement pour l’hiver prochain.

L’énergie qui pose le moins de problèmes, c’est évidemment celle qu’on ne doit pas produire. Pour passer le cap des pénuries, sans hypothéquer notre avenir à long terme, nous devons donc adopter une démarche de sobriété : réduire les dépenses d’énergie en fixant des priorités dans son usage (distinguer les usages de première nécessité et ceux qui le sont moins). Il s’agit également d’accélérer le rythme des économies d’énergies et le développement des énergies renouvelables en y intégrant l’exigence de justice sociale.

L’idée d’exploiter du gaz à Noville est d’autant plus absurde que Petrosvibri lui-même avait déjà entamé en 2020 des démarches auprès du canton pour renoncer à l’exploitation du gaz et utiliser le forage existant pour produire une énergie bien moins polluante par la géothermie profonde. Un pas avait été ainsi fait, il ne faut pas revenir en arrière.

La commune de Vevey est le premier actionnaire de Holdigaz avec 10.08 %. Holdigaz possède 34% de Petrosvibri directement et une dizaine de % indirectement (Holdigaz possède 15,56 % de Gaznat qui lui-même possède 66% des actions de Petrosvibri).

De ce fait, et sans exagérer l’influence qu’elle peut avoir, la commune de Vevey ne peut être indifférente à la politique énergétique que développera cette société. Restera-t-elle un dinosaure du fossile ou se reconvertira-t-elle en acteur de la transition énergétique ? Cette question est d’actualité, car Holdigaz tiendra sa prochaine assemblée générale annuelle le mercredi 28 septembre 2022.

Nous posons donc les questions suivantes :

  1. Quelle est la position la municipalité à l’égard de cette relance d’un projet gazier à Noville ?
  2. Cette position sera-t-elle défendue au nom de la commune au sein des organes de Holdigaz ? Ou a-t-elle été défendue si la réponse à cette interpellation arrive après l’AG du 28 septembre 2022 ?
  3. Cette position sera-t-elle communiquée au public ?