Compte-rendu du conseil communal du 19 mai 2022

Le conseil communal du 19 mai à Vevey a fait un peu plus de remous que les précédents. C’est donc le moment idéal pour reprendre la tradition des comptes-rendus publiés par da. et qui se sont un peu perdus avec le changement de législature.

Postulat «  insécurité » du PLR

Une fois n’est pas coutume, le PLR a relancé, d’une pierre deux coups, les débats sur le deal à la gare et les caméras de sécurité, à grand coup de sophismes et d’amalgames, disant dans un premier temps qu’il faut différencier les dealers et les auteurs des violences nocturnes dont on entend parler ces derniers mois tout en  les mettant dans le même panier dans le reste du développement.

Une fois de plus, iels nous proposent des caméras pour non pas régler le problème, mais bien le déplacer comme de nombreuses études le démontrent.

La méthode est éprouvée: instrumentaliser des sentiments légitimes et réels de la population non pour traiter le problème à la source, mais pour implanter mesures aussi inefficaces que visibles, dont le seul effet est de stigmatiser des personnes qui sont elles aussi des victimes (les personnes contraintes d’exercer une activité professionnelle illégale pour survivre) et d’augmenter le sentiment d’insécurité (s’il y a des caméras, c’est qu’il y a des risques).

Néanmoins, le conseil communal a renvoyé le postulat en commission, créant une nouvelle usine à gaz, le tout soutenu par l’UDC, le PLR, VL et une partie du PS…

Nous nous demandons quand nos collègues du conseil communal liront enfin les études sérieuses qui sont faites autour du travail d’éducateurice de rue et d’animateurice socio-culturel dans ce genre de cas, afin de mettre en œuvre des solutions plus viables et utiles que des caméras mais qui nécessitent des engagements de personnel et des coûts. La surveillance et la répression ne sont jamais la solution. 

Face à un problème compliqué, la propension, à «faire quelque chose» juste pour montrer qu’on agit – même si c’est n’importe quoi, même si c’est inutile et qu’on le sait – n’a pas fini d’encombrer les débats.

Report et abandon des postulats et motions en suspens

La commission a fait un travail intéressant de soulagement des services communaux en proposant de classer certains postulats qui  n’étaient plus d’actualité.

Travail soutenu par le CC. Néanmoins, la liste de thématiques à traiter demeure longue et nous remercions l’administration communale pour  son précieux travail.

Réfection des réseaux communaux des canalisations et des routes et 30km/h

Un crédit de 2’280’000.- a été voté pour la réfection des réseaux communaux de canalisations et de route et l’assainissement du bruit routier. De manière peu surprenante, le seul poste de dépenses de ce crédit à avoir fait débat est la mise en place de la limitation à 30km/h de nuit (22h-6h) nécessitant de légers travaux et la pose de panneaux pour un total de 150’000.– que la droite proposait de couper pour empêcher la pose des panneaux.

Nous en avons profité pour rappeler quelques faits au sujet de la limitation de la vitesse du trafic:

  • La réduction du bruit routier durant la nuit est une priorité de santé publique, et passer de 50 à 30 km/h amène une réduction du bruit de 2 à 3 dB équivalente à une réduction de 35 à 50% du trafic, ce qui réduit fortement le stress et la fatigue des riveraimes d’axes à fort trafic.
  • Étant donné l’urgence climatique, il serait particulièrement malvenu de s’opposer à une mesure destinée à réduire la vitesse du trafic tout en le fluidifiant par la suppression des feux rouges (mise en clignotant orange). Le temps de traversée de Vevey durant la nuit n’en serait pas allongé, et la consommation moyenne des véhicules sur ce tronçon fortement réduit.
  • Les opposandes oublient soudainement leur thème favori: la sécurité, ou insécurité. Ume automobiliste a un temps de réaction d’environ 2s, ainsi, en circulant à 50km/h, iel aura parcouru près de 30m avant de commencer à actionner son frein, à 30km/h par contre, iel sera complètement arrétëe après seulement 20m. Le nombre d’accidents est ainsi drastiquement réduit, et la gravité des accidents est beaucoup plus faible. Une personne se déplaçant à pieds heurtée par un véhicule circulant à une vitesse initiale de 50km/h a près d’une « chance » sur trois de décéder. C’est six fois moins à 30km/h, où à peine 5% de tels accidents sont mortels.
  • Les défenseureuses de l’unité «  franc » comme seule variable à prendre en compte seraient bien inspirées de faire la somme de tous les frais liés aux interventions de police, frais médicaux – voire mortuaires – frais de santé liés au stress généré par le bruit, dévalorisation des logements riverains des axes à fort trafic et j’en passe. Il semble en première estimation très improbable que les bénéfices de la réduction du bruit soient annuellement inférieurs aux pauvres 150’000 francs dépensés une seule et unique fois.
  • Cependant, afin de satisfaire au besoin d’économies évoqués précédemment, nous avons proposé de mettre tout le monde d’accord en amendant le texte: Posons les panneaux 30km/h, mais abstenons-nous de poser les plaques complémentaires «  22h-6h » certainement vouées à être retirées dans les années qui viennent;  non seulement on économise la moitié des panneaux, mais en plus on bénéficie des améliorations susmentionnées durant 16h de plus par jour (et l’on transmet le message fort au canton et à la confédération que le cadre légal doit évoluer pour permettre aux communes qui le souhaitent de mettre en place une limite générale à 30km/h sur leur territoire)

L’amendement proposait donc de retirer 30’000.- (~1% du montant total) qui correspond à un peu moins de la moitié du prix des panneaux prévus.

Les deux amendements ont été refusés et le crédit est passé largement.

Demande de crédit pour l’achat d’écrans voués à remplacer le tableau noir central des classes de 5e à 11e harmos.

Une seconde demande de crédit pour un affichage frontal gigantesque et ultra-technologique pour nos enfants a été votée, dans une version adaptée suite à un premier passage au conseil communal en 2021 (en particulier, les plus petites classes ont été retirées du processus).

“da. depuis le départ a critiqué cette directive du canton nous obligeant à mettre des écrans géants dans toutes les classes. Certes, les technologies évoluent et peuvent avoir leur utilité, mais elles ont également leur coût écologique et social. Voici de cela un mois, le GIEC nous lançait un signal d’alarme encore plus fort que les précédents: nous avons 3 ans pour changer nos modes de production et de consommation si nous ne voulons pas faire face à des problèmes climatiques qui pourraient mener à la fin de notre humanité.

Et nous nous apprêtons, Vevey, cité  de l’énergie, label gold, à acheter une centaine d’écrans dont personne n’est capable de donner le coût en énergie grise et dont la durée de vie serait à priori de 8 ans…

Une centaine d’écrans accompagnés de tablettes, nécessitant des composantes électroniques dont nous savons que l’extraction est rarement faite dans des zones de la planète où les droits humains sont le plus respectés alors que le même GIEC dénonce l’exploitation de ces mêmes zones comme cause importante du réchauffement climatique.

Que dire…

Pourquoi autant d’écran, sachant qu’il s’agit d’un outil parmi d’autres mis à disposition du corps enseignant et qu’on demande à ce même corps enseignant de ne pas en abuser?

Il s’agit donc d’un outil pratique mais non indispensable. Ou en tout cas, dont nous n’avons pas besoin en quantité aussi industrielle. 

Ne peut-on pas mener une réflexion plus approfondie sur la quantité si on ne peut nier une certaine utilité à ces écrans particulièrement quand la HEP forme le corps enseignant à s’en servir et crée ainsi la demande?”

Malgré cette argumentation, et la simple demande de continuer à réfléchir au sujet du  nombre de ces écrans. (Nous avons dû répéter encore et encore que nous ne sommes pas anti-technologies, nous questionnons leur surconsommation, faisant face à des sophismes et des raccourcis de pensée lors du débat).

Malgré des arguments forts sur le problème du manque d’outils de sensibilisation à la surexposition aux écrans.

Malgré le fait que les syndicats des enseignant·es ne sont pas non plus  favorables à ces écrans en l’état.

Malgré la demande de ne pas entrer en matière et de reporter ce débat au moment où nous disposerions des données pour choisir de manière éclairée.

Nous n’étions que da. et les Vert·e·s à nous opposer massivement à ce préavis aveugle et technocrate face aux enjeux actuels de notre société. Le vote, serré, s’est soldé par 40 voix pour, 36 contre et 2 abstentions.

Par ailleurs, un courrier à l’assemblée, très argumenté, signé par le corps enseignant de Vevey, s’est invité dans cette séance, sans indication précise de qui les écrit. Après coup, il s’est avéré qu’il avait été écrit par la direction des établissements. Un peu comme si on prétendait que les organisateurs de course à pied sont représentatifs de l’ensemble des piétons.

Lien vers l’enregistrement et les documents de la séance.