Argumentaire pour une nouvelle garderie, pour répondre aux besoins de la population

Le préavis sur les comptes «constate» en page 2 : «Une diminution de 7,88 EPT est même constatée au budget 2020» (préavis page 2). Selon le tableau des postes et EPT remis à la Comission des Finances, le secteur familles connaît une diminution de 8,32 EPT. Il supporte a lui seul le poids de cette «performance», et même un peu au-delà.

Ce résultat est rendu possible par la fermeture de la garderie des Petits Pois et par les mesures prises par la suite.

Parmi les procédures qui ont abouti à cette fermeture, le retrait par la Municipalité du permis d’habiter et d’utiliser ces locaux a joué un rôle décisif.

La Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal a jugé le 30 octobre 2019 que cette décision avait été prise en violation de la loi, car le texte de loi (art. 93 LATC, al. 2.) impose très clairement de fixer au propriétaire un délai pour remettre les lieux en conformité. «Il n’y avait pas de motif de retirer le permis d’habiter à titre de mesure d’urgence» dit le Tribunal.

Si la loi avait été respectée, des travaux auraient été entrepris rapidement, et il n’aurait pas été question de rompre le bail et de fermer définitivement cette garderie.

Une violation de la loi aussi claire que celle dénoncée par le Tribunal cantonal ne peut pas s’expliquer par une erreur. Elle est voulue, dans le cadre d’une option de fermer cette structure prise depuis au moins 2018.

Cette fermeture est aujourd’hui quasi irréversible, car la logique économique et celle des lois sur le logement poussent la fondation propriétaire comme la municipalité à chercher de nouveaux locataires pour ces locaux. Dont acte.

On a vu dans ce budget les économies permises par cette option. Mais la médaille a évidemment son revers !

Selon le tableau des postes et emplois plein temps (EPT) remis à la Commission des finances, 0,95 poste est enlevé à l’administration du secteur ; il y a donc 7,37 EPT de moins «au front», dans les crèches et garderies (-8.32 EPT au total).

Selon la direction du service et la municipalité – dans la communication 33/2019 reçue le 12 décembre 2019 – les «gains d’efficience» permettraient de fournir les mêmes prestations à la population avec une diminution de 6,4% des postes. Sans exclure qu’une meilleure organisation puisse produite des effets, nous ne croyons pas qu’il puisse être aussi important, et pas sans conséquences négatives.

Ce gain d’efficience consiste à faire passer le taux d’occupation, ou plutôt, comme l’a dit si gracieusement le municipal la semaine passée, le «taux de remplissage» des structures de 85 à 95%.

Le prix à payer pour ces gains d’efficiences, c’est plus de stress, pour les employé·e·s comme pour les familles, c’est moins de marge de manœuvre pour s’adapter à l’imprévu (notamment maladie ou accident d’un parent qui nécessiterait un accueil exceptionnel, d’un enfant qui demanderait plus d’encadrement, d’une employée, qui demanderait un personne de remplacement).

On arrivera à un système qui fonctionne à la limite de ses capacités, tout le temps, et qui va épuiser le personnel. C’est quoi qu’en dise le municipal, une attente qui dans la réalité s’allonge pour les familles. Et ce quelles que soient les spéculations sur le fait que la possible rupture de l’association REVE libère des places en garderie pour les enfants veveysans, dont l’effet ne pourra pas être aussi rapide.

Mais surtout c’est un tournant historique: depuis des dizaines d’années, quelle que soit la majorité, la commune a eu pour politique de mieux répondre aux besoins de la population dans ce domaine. Pour la première fois, la municipalité se satisfait, s’enorgueillit même, d’accueillir le même nombre d’enfants que les années précédentes, alors que, rappelons-le une fois de plus, la population résidente augmente, en ville et probablement encore plus dans le périmètre REVE.

A plus long terme, comme le dit noir sur blanc la communication 33/2019 en page 6, le taux de couverture pour le préscolaire (rapport entre le nombre de places à plein temps et le nombre d’enfants de la catégorie d’âge) sera stabilisé à son niveau actuel de 24,12 %. Mais, ce chiffre, selon quels critères est-il fixé ?

Il est quand même extraordinaire de lire dans 24 heures du 13 décembre, que la commune de Pully a un taux de couverture actuel de 29 % et vise 37 % en 2035. En rappelant que Pully a 4 municipaux PLR sur 5 dont le syndic et un conseil communal où le PLR et l’UDC ont 49 % des sièges. C’est dire s’il est possible de viser plus haut et mieux que ces 24,12 % dont se satisfait notre municipalité.

C’est pourquoi nous proposons un amendement créant un nouveau chapitre 58107 – nouvelle structure d’accueil, doté d’un montant couvrant les frais de fonctionnement d’une structure d’accueil de la taille des Petits Pois, pour les 6 derniers mois de 2020. En l’adoptant, ce conseil déclarerait sa volonté de continuer à améliorer l’accueil de la petite enfance à Vevey.