Quelle action à la municipalité ?

da. présente trois candidatures à la Municipalité. N’est-ce pas une ambition démesurée ?
Nana: cette législature aura des défis à relever face aux urgences sociales et écologiques qui se combinent et se renforcent. Il est essentiel de traiter les problèmes conjointement et à la racine. Toutes les forces, dans la rue et dans les institutions, doivent être mobilisées. Notre proposition de trois membres sur sept à la municipalité est simplement à la hauteur de cette exigence.
Gabriela: avec trois candidades d’expérience, une femme dans la gestion culturelle et artistique, une autre dans la gestion de projets administratifs, environnementaux, et urbanistiques, et un homme d’expérience politique confirmée, notre équipe peut avantageusement contribuer à relever les défis de la prochaine législature. Nous pourrons aussi nous appuyer sur la riche diversité des membres du mouvement da. et de leurs expériences de vie.
Yvan: la représentation des femmes à la municipalité doit être renforcée. Les femmes présentées ont fait preuve de leur capacité à faire avancer nos idées et nos projets dans et hors de l’institution et le groupe leur fait pleinement confiance tant pour leur expérience de femme, que pour leurs compétences.

La Municipalité sortante et le Conseil communal ont déclaré l’urgence climatique. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Y : c’est un bon début mais cela reste une déclaration qu’il faut traduire en actes. Cette législature sera décisive car la municipalité devra élaborer un Plan climat et le mettre en pratique par des mesures courageuses. Il faudra notamment libérer de l’espace dans la ville pour la végétation et la promotion de la mobilité douce.
N : nous devons prendre conscience que tout est lié. Nous sommes en face d’une seule crise socio-environnementale, à laquelle il faut répondre dans ses diverses dimensions. Par exemple, la politique foncière d’une commune peut répondre à ce double défi en offrant des espaces et logements à loyers abordables et en améliorant l’efficacité énergétique. Pour atteindre les objectifs à court et à long terme, la collaboration étroite de tous les services est nécessaire.

Vous parlez de « mesures courageuses », lesquelles ?
G : il s’agira de réduire la mobilité motorisée, d’améliorer l’efficacité énergétique et de végétaliser la ville. Tout ne sera pas toujours facile ni populaire, car il faut gérer l’espace. Pour planter un arbre, il faut parfois supprimer une place de parc…
Y : des mesures d’anticipation seront aussi nécessaires, telles que la sensibilisation à la réduction de consommation d’énergie et d’objets : je pense à mettre en avant la réparation et les alternatives durables. Dans le même ordre d’idée, privilégier l’économie locale pour la consommation de biens, mais aussi de loisirs et d’activités culturelles, permettra de réduire les déplacements et augmenter la résilience de notre société aux crises.

Quel est ton coup de cœur dans le programme da. ?
Y : l’accueil de jour. Faire en sorte qu’au cours de ces prochaines années, les demandes des familles puissent être satisfaites dans des délais raisonnables, de l’ordre d’une année, alors qu’actuellement la liste d’attente équivaut à une année et demie, en moyenne.
G : ce programme a été rédigé collectivement par notre groupe et c’est cela mon coup de cœur, et je peux m’engager sur tous ses points. Néanmoins, le réaménagement du secteur de la gare afin qu’il devienne un lieu d’échange, plutôt qu’un obstacle à la mobilité douce et à la convivialité comme actuellement, est un objectif que je me fixe.
N : la culture et les cultures. Dans tous les domaines, la diversité est indispensable, entre autres au bien-être et à la santé de l’être humain sur la Terre. La diversité de la population est aussi importante que celle de la flore et de la faune. Elle est même essentielle pour garantir la stabilité et de capacité d’adaptation face aux enjeux sociaux et écologiques. Il est plus urgent que jamais d’inclure au lieu d’exclure. Nous sommes ici ensemble.

On voit bien dans ces réponses que vous avez vos domaines de préférence. Comment réagirez-vous si le dicastère qui vous est attribué ne correspond pas à ces préférences ?
N : c’est la règle du jeu et nous sommes préparés. Désacralisons ce mythe du pouvoir exécutif. Il faut surtout avoir une vision qui corresponde à l’état de nécessité, ainsi que la volonté de se mettre au service du bien commun. Le vécu personnel et l’analyse collective sont indispensables pour prendre les décisions en connaissance de cause. Pour la concrétisation, il y a une précieuse armada de professionnels ayant les compétences nécessaires pour atteindre les objectifs. C’est ainsi qu’on crée du « bien commun ».
G : comme nous le disons dans notre programme, nous pensons que la municipalité est un collectif politique, que la responsabilité et les impulsions, pour les grands projets en tout cas, doivent venir de la municipalité dans son ensemble. Et qu’il est donc possible de contribuer à faire avancer un projet même si ce n’est pas dans le secteur dont on est directement en charge.

Votre mouvement soutient les manifestations, n’est-ce pas contradictoire avec ces candidatures à un pouvoir exécutif ?
Y : en effet, nous soutenons l’activité des mouvements sociaux présents dans la rue. Il est aussi important de porter leurs revendications dans les institutions et nous sommes là pour le faire. Le changement en profondeur que nous souhaitons accompagner demande une adhésion de la population et cette prise de conscience générale se passe dans la rue. Inversement, sans relais politique, une lutte a moins d’impact.
G : en tant que femme, il me semble aussi important de m’engager pour toutes celles qui ont peut-être moins de possibilités de le faire par manque de soutien, de solutions, de charges familiales, ou encore pour les femmes qui pensent, à tort, ne pas être légitimes.
N : personnellement je me considère comme une militante et citoyenne (sans les droits civiques) qui se présente pour expérimenter la voix institutionnelle et l’exécutif pour essayer de faire bouger les choses. Je ne vois pas de contradiction.

Encore un mot ?
GNY, en chœur : nous nous présentons comme un trio qui porte le programme du mouvement décroissance alternatives. Il ne s’agit pas de trois individualités en course pour la municipalité et ceci est un gage de cohérence dans notre action future.

Gabriela Kämpf naît en 1979 dans une famille paysanne bernoise à la Vallée de Joux. Ses activités professionnelles, en Suisse comme à l’étranger, lui révèlent les aspects délétères de la ruée au « toujours plus », qui met des populations dans des situations de dépendance, pèse sur les écosystèmes et aggrave les inégalités dans la répartition des richesses à l’échelle mondiale.

À la naissance de ses enfants, au début des années 2010, Gabriela prend conscience des effets des politiques menées en matière d’égalité, d’urbanisme et de mobilité sur son quotidien et refuse de rester les bras croisés.

En 2016, avec quelques voisines, elle crée une association de quartier et de potagers urbains, qu’elle représente à la Commission d’aménagement du territoire. En 2017, elle rejoint intuitivement le mouvement décroissance alternatives et en 2019, elle entre au Conseil communal.

Aujourd’hui, Gabriela souhaite s’engager davantage pour le bien commun dans sa ville de cœur.

Au niveau professionnel, elle est au bénéfice d’un CFC d’employée de commerce, d’un diplôme de gestionnaire en tourisme et d’un brevet fédéral de spécialiste de la nature et de l’environnement. Gabriela a été active dans la formation d’adultes en tourisme doux et management environnemental, et travaille actuellement à 60% en tant que chargée de projet pour la Ville de Lausanne.

Nana Sjöblom naît et grandit à Helsinki, dans un quartier populaire au sein d’une coopérative fondée par des marins et des militandes de gauche. L’hiver, elle va à l’école à ski de fond. L’été, elle vit dans une cabane sans électricité, sur une île, entourée de nature sauvage. Elle s’engage très tôt pour la protection de la nature.

Le goût de l’aventure l’amène en 1994 au bord du Léman, où elle rencontre le futur père de ses enfants. Émerveillée par la diversité culturelle, la population accueillante et le patrimoine architectural de Vevey, elle tombe vite amoureuse de la ville. Migrante, maman, artiste et femme, elle connaît de première main les défis de l’intégration et la précarité. Son expérience de vie et sa vision globale lui permettent de prendre du recul, d’identifier les priorités et de développer une vision globale des problèmes.

En 2015, Nana participe à la création du comité référendaire de l’avenue Savoie, s’engage dans la bataille de la Cour aux Marchandises et rejoint le mouvement décroissance alternatives (da.). En 2016, elle est élue au Conseil communal. Son objectif : donner une voix à celles et ceux qui n’en ont pas. Elle privilégie donc l’écoute et le dialogue ouvert, sans préjugés.

En 2020, elle cofonde l’association Lac et devient co-gérante de l’espace Lac, qui a pour but de promouvoir l’art et la culture sous toutes leurs formes. Formée à la HEAD (Haute Ecole d’Art et Design de Genève), Nana travaille depuis plusieurs années en tant qu’artiste visuelle et illustratrice indépendante.

Yvan Luccarini naît en 1970 à Onex dans le canton de Genève. Après des études en informatique, il a commencé à se passionner pour la pratique du billard. Très vite, il s’est lancé comme indépendant en ouvrant une salle de billard commerciale qu’il a exploité pendant six ans avant de revendre ses parts à son associé.

C’est alors en juillet 2001 qu’il emménage à Vevey. S’en sont suivis dix ans comme indépendant dans le domaine de l’impression numérique en partageant un atelier à Vevey avec une relieuse artisanale et un éditeur.

En 2009, juste après la naissance de sa première fille, il découvre au gré de lectures et de rencontres le mouvement et les idées de la décroissance. Deux ans plus tard, il se lance seul dans les élections à la Municipalité de Vevey, ce qui lui permet de tisser des liens avec les militandes du mouvement Alternatives. Décidé à poursuivre son engagement politique tout en travaillant à 30% dans un commerce de vente de produits frais et locaux, il s’engage également dans plusieurs associations veveysannes et participe ainsi à l’organisation d’un festival, à la gestion d’une cantine scolaire et à la création du journal romand d’écologie politique Moins!.

Élu au Conseil communal de Vevey en 2016, au Grand Conseil vaudois en 2017 et enfin à la Municipalité de Vevey en août 2020, la politique institutionnelle occupe aujourd’hui ses journées — et parfois ses soirées — pour son plus grand plaisir.