Répondre aux besoins en logements de la population
ou soutenir l'industrie de la construction ?

Le groupe Alternatives est bien conscient du manque de logements à prix raisonnable, et soutient l'intervention des pouvoirs publics dans le sens d'une politique sociale du logement. Cependant, comme formulé dans notre programme électoral de février 2006 et dans notre «Lettre ouverte au PSVv et à ses municipaux» du 12 mai 2006, nous refusons de céder à un réflexe pavlovien qui ferait automatiquement voter OUI dès que sont prononcés les mots magiques «logement subventionné», sans se poser de questions sur la validité du projet subventionné.

La séance du Conseil communal du 14 décembre avait à l'ordre du jour le subventionnement d'un nouvel immeuble dans le quartier de Subriez, à l'angle du Petit-Clos et de l'avenue de Rollier, impliquant la démolition des bâtiments existants. A notre avis, ce projet est dommageable du point de vue urbanistique (destruction d'un ensemble digne de conservation) et peu convaincant en termes de logement (pas de nouvelle surface de logement créée).

Plus généralement, il nous semble nécessaire pour les pouvoirs publics:
- d'utiliser d'abord tous les moyens légaux pour éviter la hausse des loyers des immeubles existants;
- de mener une politique de maîtrise du sol afin de réduire l'impact de son prix sur le coût final des logements;
- de construire eux-mêmes des logements répondant aux besoins réels de la population, ou de confier cette tâche à des coopératives sans but lucratifs.
Faute de quoi, les subventions tendent à n'être qu'un moyen de créer ou maintenir un marché pour des constructions trop chères: des loyers excessifs deviennent raisonnables par la grâce de la contribution de la collectivité et trouvent preneurs. Sans trop simplifier, on peut souvent l'assimiler à une subvention… à la branche de la construction.

C'est ce que nous avons défendu dans l'intervention ci-dessous, puis dans la discussion qui a suivi. Nos arguments n'ont pas convaincu et le projet a été accepté.

Les constructions de la pointe entre le Petit-Clos et l'av. Rolliez sont déjà vides et devront être démolis pour faire place au nouvel immeuble, similaire à celui de l'arrière-plan.
Photo et légende vevey.ch

 

Préambule

Alternatives ne s’oppose pas à la politique de subvention que souhaite la Municipalité de Vevey. Nous nous permettons cependant de rappeler qu’il existe des lois, dont l’objectif est justement d’éviter les augmentations excessives de loyers. On peut citer à cet égard 2 outils efficaces, la Loi sur les démolitions, transformation et réhabilitations (…) (LTDR, 1984) ainsi que le droit du bail. En général, faire respecter ces 2 lois nous semble préférable, pour maintenir des loyers abordables, à une politique de subvention systématique.

Par ailleurs, Alternatives soutient les projets des coopératives affiliées à l’ASH (organe faîtier des coopératives reconnues d’utilité publique).

Cependant, d’autres éléments d’appréciation doivent également entrer dans la pesée des intérêts.

Affectation actuelle satisfaisante

Les 2 bâtiments qui doivent être démolis font partie du patrimoine bâti veveysan. Il s’agit de 2 immeubles représentatifs de la typologie du quartier : des immeubles de rapport du début du XX siècle. Ils font du reste l’objet d’une mention à l’Inventaire des sites construits à protéger en Suisse (ISOS).

Ces appartements sont actuellement bon marché, bien qu’on ait entrepris d’en congédier les locataires. Ils sont certes très grands. Mais ils sont en bon état, habitables en l’état ou transformables assez facilement et sans mauvaise surprise, comme le montre un examen structurel réalisé par le bureau Bisseger et Caravaglio d’Aigle, à la demande des locataires précédents. De plus, la surface utile n’augmente pas avec le projet de démolition-reconstruction, si l’on en croit le dossier no 64.333, mis à l’enquête en janvier 2005.

Conclusion

En d’autres termes, on nous demande de remplacer, par une démolition-reconstruction, les grands appartements actuels à loyers modestes de facto, qui font partie du patrimoine local, par des appartements au coût beaucoup plus élevé (démolition-reconstruction oblige), à l’esthétique discutable, en demandant à la collectivité de payer la différence par une subvention.

Bien sûr, on nous objectera qu’il s’agissait de manifester notre point de vue lors de la mise à l’enquête. C’est ce que nous avons fait, argumentant notamment que la Municipalité avait toute latitude de refuser le projet, étant données les dérogations demandées. La Municipalité avait levé notre opposition, sans répondre sur le fond.

C’est pourquoi nous vous demandons, Mesdames, Messieurs, de ne pas autoriser la Municipalité à accorder les crédits requis.

 

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