Demandez les programmes

Tour d’horizon des programmes des autres partis veveysans, de droite à gauche (tels que disponibles sur le site de la commune de Vevey et / ou sur les sites des partis, ou encore tels que reçus dans les boîtes aux lettres).

UDC: la xénophobie séductrice

L'UDC-Riviera est plus blochérienne qu’agrarienne (PAI-UDC ancien style). Ses délires sécuritaires, dont le programme écrit n’est qu’un reflet assez pâle, sont bien dans la ligne des campagnes de haine et de peur menées par l’UDC nationale, en particulier sur la naturalisation facilitée ou l’adhésion à Schengen. L’offensive de charme – d’autant plus efficace que la composition du Conseil communal reste majoritairement mâle et d’un âge certain – de la candidate UDC à la Municipalité F. Despot, sa crédibilité personnelle sur le terrain de l’environnement et les propositions souvent acceptables faites en matière de transports et d’énergie ne doivent pas cacher cette réalité. Comme pour d’autres partis de droite, la première place donnée à l’assainissement des finances ne laisse d'ailleurs que peu de marge à des réalisations dans ces domaines.

Parti radical: l’autosatisfaction faite syndic

L’essentiel du programme du Parti radical tient dans une prétention: la législature finissante a été un succès sur tous les plans, grâce au seul syndic. Qu’elle soit claironnée avec beaucoup de moyens n’empêche pas qu’elle soit mensongère. Nous y avons déjà consacré un article «Stop blabla», nous n’y revenons pas. Quant à savoir comment, sauf suite de miracles côté recettes fiscales, il sera possible simultanément de «baisser les impôts», «rembourser la dette»,«améliorer le domaine public» et «débloquer les gros dossiers en suspens depuis des années (Place du Marché, château de l’Aile, l’ex-ACMV, place Robin, terrain multi sport)» (programme radical sur leur site) qui, a priori demanderont quelques menus investissements, mieux vaut ne pas trop poser la question. Enfin, la promesse de «tout faire pour que ce soit les entreprises veveysannes qui profitent des mandats octroyés par celle-ci» (programme radical sur le site de la commune) fleure bon l’ancien régime des «petits copains» et oublie la Loi sur les marchés publics… approuvée comme il se doit par le Parti radical au niveau national.

Parti libéral: malaise et discrétion

Dépassé à droite par le «nouveau parti radical», traumatisé par la rupture de confiance au sein de la Municipalité et donc de «l’Entente», le Parti libéral fait dans le flou – y compris sur ses affiches – et la discrétion. Le programme est très général, sans propositions précises, ce qui est paradoxal pour un parti d’exécutif. La question de l’équilibre des finances ne vient qu’en neuvième priorité, alors que ce fut la colonne vertébrale de ses interventions au Conseil communal.

PDC: l’autosatisfaction faite candidat

Repris en main par un transfuge qui y croit, s’y croit et se donne, le PDC présente un programme centriste, dont l’axe est «Recherche de l'équilibre en toutes chose». Que ce soit dans sa version courte ou développée, il contient peu de propositions concrètes sur la façon de trouver cet «équilibre» entre des exigences contradictoires. La période récente au Conseil communal n’a guère laissé apparaître de prises de positions centristes, mais bien plutôt un alignement à droite, voire sur le syndic (entre autosatisfaits…). Cette prétention au «centrisme» est également décrédibilisée par l’apparentement conclu avec l’UDC, comme les deux autres partis de la droite dite modérée: le sens pratique de cet accord est, en effet, que, pour le PDC, mieux vaut un élu UDC qu’un élu socialiste.

Vevey Libre: «Je suis oiseau: voyez mes ailes; je suis souris, voyez mes poils»
(adapté de La Chauve-souris et les deux Belettes, Jean de la Fontaine).

Deuxième prétendant au centrisme, plus crédible: le vote sur l’AGCS, de nombreux votes dans le domaine culturel, le clair soutien aux activités d’intégration, en particulier dans l’organisation de la fête multiculturelle, les positions prises dans le débat sur la sécurité, comme – dans la préhistoire de Vevey Libre – sur la démolition de Maria-Belgia, et enfin la non-participation à l’apparentement droite - extrême droite, tout cela en fait un cas à part. C’est bien là-dessus que joue Vevey Libre avec son slogan «Politiquement dégagés» et son positionnement comme «mouvement citoyen». Ses priorités, elles, – «défendre d’abord les commerçants, artisans et indépendants, la famille et son épanouissement (suisse et étrangère), la culture et le sport, la conservation du patrimoine historique et la sécurité» – sont assez classiquement de droite, alors que le programme comprend, à côté de mesures de «soutien à l’esprit d’entreprise», une série de propositions «sociales», en matière d’éducation et d’insertion. Comme pour d’autres partis, la préoccupation exprimée par Vevey Libre pour la dette communale et son vote régulier avec le reste de la droite sur les problèmes de finances rend la mise en place de ces mesures incertaine. Vevey Libre proclame qu’il faut «rompre une fatalité devenue immuable et qui consiste à ne jamais s’attaquer aux vraies économies, dans tous les domaines de l’administration et qui sont toujours possibles» et dit vouloir analyser les «degrés d’utilité des activités déployées» par l’administration; c’est ainsi qu’il espère dégager les ressources nécessaires. Mais cet a priori, clairement marqué à droite, qui veut qu’une partie de l’administration soit inutile, devrait d’abord être prouvé, puis des mesures prises, au risque de conflit avec le personnel communal… Il y a là un nœud de contradictions, dont il sera intéressant de voir comment Vevey Libre, avec ses membres aux opinions diversifiées, se tirera dans la pratique. Difficulté encore quand Vevey Libre prétend d’une part «Etudier l’opportunité de créer de nouveaux logements subventionnés, s’assurer que l’offre d’appartements à loyer modéré est suffisante pour le nouveau tissu social attendu ces prochaines années» et d’autre part que «Vevey doit réduire son parc immobilier en vendant certaines propriétés dites productives».  Il semble en effet que pour maintenir des loyers modérés il vaut mieux conserver en mains publiques – ou associatives (coopératives à but non-lucratif) – une partie du parc immobilier plutôt que de subventionner les entrepreneurs et promoteurs. La conclusion du zoologue politique peut être claire au moins sur un point: le programme de Vevey Libre n'est pas de gauche !

Parti socialiste:  2002-2006, bilan globalement positif, vraiment ?

On constate, alors que le PS est un parti national, voire international, l’absence des problèmes sociaux d’ensemble (chômage, guerre, mondialisation…) et le manque d’esquisse de perspective globale pour les affronter; car enfin, nous n’allons pas nous en sortir au niveau d’une commune, ni même de plusieurs communes. La perte de toute vision de changement de société est malheureusement commune à tous les partis sociodémocrates. En ce qui concerne les propositions concrètes contenues dans le programme 2006 du PS, les convergences avec nos propres propositions sont fréquentes. Il y a un gros point de divergence, que nous considérons même comme essentiel vu son influence sur l’ensemble de l’urbanisme veveysan (voir notre programme sur ce point), c’est la position favorable au parking souterrain sous la Grand’Place. En outre, le programme n'est pas tout, encore faut-il le défendre ! et là, le bilan positif que tire le PS de sa propre action au cours de la législature passée ne nous rassure pas pour la prochaine. Au Conseil communal, le groupe socialiste a été souvent peu actif, à l’exemple du débat sur la sécurité, pour ne rien dire des pantalonnades de son chef de groupe passé au PDC. Mais c’est au niveau de la Municipalité que la distance entre ce bilan positif et la réalité est la plus grande. Le programme du PS met en avant la responsabilité du syndic dans les dysfonctionnements, alors qu’un bilan honnête devrait pointer le fait que les Municipaux du PS ont couvert jusque très tard ses agissements et ont assumé ses pratiques en ce qui concerne les relations de la Municipalité avec le Conseil communal (voir «De l'affaire de mobbing à l'affaire Rigot, quelques considérations pour ne pas recommencer», point 3). Nous ne pouvons par ailleurs pas oublier l’affaire Maria-Belgia qui vit l’un des Municipaux PS défendre la position des promoteurs (démolir) contre l’avis du Conseil communal (2 résolutions en faveur de la rénovation), l’autre se distancier timidement, ce qui ne l’empêcha pas de signer – sans effet – l’interdiction d’une fête «de fin de partie» ! Le programme du PS laisse entendre qu’il suffit de continuer comme cela. Nous ne le pensons pas !

Les Verts: différences et convergences

On peut d’abord souligner que Les Verts appellent à voter à la Municipalité pour notre candidat Jean-Pierre Boillat; nous les remercions de cet appui. Comme au Parti socialiste, leur programme manque de perspectives générales, qui permettraient de donner un horizon à l’activité communale. Cela va même un peu plus loin, puisque l’introduction célèbre le fait que «Les Verts ont appris à concilier avec intelligence et pragmatisme les exigences sociales, économiques et environnementalistes de notre société», comme si toutes les «exigences» avaient le même poids (par exemple celles, sociales, des salarié·e·s de la Boillat et celles, économiques, de «leur» directeur Martin Hellweg), comme si l’intelligence et le pragmatisme pouvaient tout concilier, comme s’il n’y avait pas de vrais et profonds conflits d’intérêt. C’est peut-être là que réside notre différence la plus grande. Pour le reste, sans trop d’étonnement – puisque nous avions eu des discussions sur ces points à la suite de notre proposition d'une liste commune –, on constate de nombreuses propositions convergentes, en matière sociale, de culture, d’environnement, d’aménagement du territoire, de régionalisation et de mobilité douce, mais le thème de l’insécurité, de sa nature, de ses causes et de ses remèdes, est laissé de côté. Enfin, d’autres propositions semblent émises un peu à la légère, comme l’action en matière d’énergie au travers de Romande Energie (avant tout de responsabilité cantonale), ou la demande, convergente avec le programme du Parti radical, que l’on «favorise les entreprises locales lors de l'attribution des mandats communaux»: impossible à réaliser pour des mandats importants (la Loi sur les marchés publics organise très précisément la concurrence en ce domaine), cette «préférence locale» n’est pas forcément souhaitable, si elle se fait au détriment du contribuable et au profit des «petits copains». L’intégration nous trouvera aussi souvent d’accord, mais était-ce nécessaire, sinon pour faire «raisonnable», de mentionner que la pluralité «exige aussi le respect des règles dans le cadre d'une politique d'intégration» ? Enfin – et là c’est une surprise –  la place du Marché n'est mentionnée qu'à titre de «patrimoine historique à sauvegarder», et n'est pas traitée au chapitre mobilité. Bref, dans leur document distribué tout ménage, Les Verts ne se prononcent pas contre le parking souterrain ! Même si cette absence est involontaire, et qu'elle a été corrigée en conférence de presse, elle n'en est pas moins fâcheuse et peu sérieuse, s'agissant d'un des gros dossiers de la prochaine législature !

POP: la gauche qui déménage

Le programme présenté par le POP est une adaptation-réorganisation locale de sa plateforme cantonale. Par rapport à celle-ci, certaines revendications disparaissent, comme la demande de «contribuer à la régularisation et à l'intégration des sans-papiers et des réquérant-es d'asile déboutés, en refusant notamment que les communes mènent des opérations policières […]». D’autres apparaissent, notamment: «Mise en place d’un “label social” des entreprises publiques et privées qui respectent un salaire minimum, les conventions collectives, la participation du personnel, le respect de l’environnement et associent travailleurs qualifiés et travailleurs en insertion ou rentiers partiels AI. Engagement des pouvoirs publics à n’entretenir des relations économiques qu’avec les entreprises ainsi labellisées.» (ce qui laisserait bien peu de possibilités de confier des travaux à des entreprises en quelque domaine que ce soit !); «Déménagement du parking du marché au nord de la voie ferrée et aménagement de cette place en boulodrome géant.» «Création d’un service dentaire scolaire gratuit. Empêcher l’introduction des OGM dans les cantines scolaires. Instaurer le label «fourchette verte» dans tous les réfectoires.» «Développement des jardins familiaux. Ouverture de mini-plages publiques sur les quais.» Ces ajouts hésitent entre idées respectables et gags (le boulodrome géant et les mini-plages). Quant à l’ensemble, il n’y a rien de bien spécifique, qui créerait un désaccord ingérable avec notre propre plateforme. Ce que nous avons écrit (voir notamment «La [petite] histoire repasse-t-elle les plats») sur le manque de justification de cette candidature est ainsi confirmé. On notera aussi que pour une liste qui se proclame «A gauche toute !», le contexte social et les perspectives d’une vraie gauche sont singulièrement absents. Quant au slogan, qui n’est pas neuf («nous luttons pour les grandes causes, surtout celles des petits»), au-delà de références bibliques, il «flirte» avec une certaine imagerie poujadiste et UDC qui divise le monde entre «petits» et «gros»; mais surtout, il tend à considérer ceux que cette société maltraite comme des «petits», des victimes, et non comme des acteurs potentiels, à part entière, de leur avenir. Décidément, la gauche de gauche, c’est Alternatives.

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