Pigeon, vous avez dit pigeon?
ou la triste histoire d'une grande salle qui, en toute discrétion, rapetisse…

La rénovation du Château de l'Aile se paie de la limitation des possibilités d'utiliser le site du Rivage. On découvre maintenant que le «projet 109» impliquerait que toutes les salles existant dans ce bâtiment trouvent leur équivalent à l'intérieur de la Salle Del Castillo, pour faire place aux projets du promoteur. Evidemment, comme on n'a rien sans rien, c'est la Salle Del Castillo qui trinque, en se voyant amputer une deuxième fois (voir «Un bâtiment public, un propriétaire public !»). Les médecins municipaux sont vraiment brillants: une jambe en moins vous cause des problèmes, on vous coupe l'autre !

Les partisans du Projet 109 font leur pub, Municipalité en tête. Ils en font parfois trop. A les prendre au sérieux, nous sommes amenés à notre tour à commettre des erreurs dans ce que nous écrivons. Mais leur correction aboutit à soulever un lièvre d'une taille plus considérable. Voici donc la triste histoire de la Salle Del Castillo, de son foyer et de ses salles de société.

1) Le préavis 5/2007 soumis au Conseil communal mentionne en page 22 au point 9.2.4, Promesse de constitution de servitudes, que:
A titre accessoire de la promesse de vente et d’achat, les comparants promettent deconstituer les servitudes foncières suivantes:
[…]
c) Usage d’un foyer
Cette servitude, qui s’exercera à la charge de l’immeuble promis-vendu et en faveur de l’immeuble contigu demeurant propriété de la Commune de Vevey, s’exercera sur le futur foyer jouxtant la salle del Castillo dont la rénovation est envisagée. Ce droit d’utilisation ne pourra s’exercer, selon un règlement qui sera arrêté d’entente entre parties, que lors de manifestations organisées dans la salle del Castillo. A titre accessoire de cette servitude, un droit d’accès sera accordé depuis le futur foyer à la terrasse du restaurant.

Il vaut la peine de noter que cette servitude ne s'exerce que «lors de manifestations organisées dans la Salle Del Castillo». D'autres utilisations du foyer seraient donc au gré du propriétaire ou de son tenancier. Pour le reste, on comprend en bonne logique et en français que le futur foyer de la Salle Del Castillo est situé dans le nouveau bâtiment.

2) Dans la publicité du Comité «Vevey Rivage» qui soutient le projet 109, il est écrit, en page 2, sous le titre Créer de nouveaux espaces publics:
Le bâtiment du Rivage se présente comme une construction exemplaire, conforme aux exigences du développement durable. Il abrite des appartements familiaux, et offre six espaces culturels et sociaux:
- Un café - restaurant «bio»: une cuisine soignée avec des produits de qualité pour toutes les bourses.
- Un espace de rencontre: un foyer convivial relié à la salle del Castillo, où les gens peuvent se retrouver en attendant le début d’un spectacle.
- Un centre de formation et de promotion du développement durable: l’opportunité pour la Ville de se profiler dans ce domaine d’avenir.
- Une unité d’accueil pour les écoliers: elle prend en charge des enfants en âge scolaire durant la journée.
- Un programme culturel: M. Grohe s’engage à étudier le financement d’un projet culturel en adéquation avec les besoins de la ville.
- Des salles de réunion à disposition des sociétés locales: elles restent entre les mains de la Ville.

On ne peut qu'en tirer les mêmes conclusions concernant le foyer, ainsi qu'à propos des salles de société, apparues tardivement comme argument vendeur dans la discussion de la commission et du Conseil communal: foyer et salles de société sont construites dans le nouveau bâtiment. Ce fait est d'ailleurs exploité par les partisans du projet comme témoignage de la grande générosité du promoteur… ou des grandes capacités de négociations de la Municipalité.

3) Le plan projeté durant la séance du Conseil communal localisant les 3 (petites) salles de société ne peut guère nous éclairer plus, tant la présentation est brève et l'image petite. Le plan inclus dans le dépliant déjà cité de Vevey Rivage non plus, puisque le futur foyer n'y est pas explicitement localisé.

4) Cela nous amène à écrire dans notre dépliant ce qui suit:
Large utilisation publique
Pour plaire à la Municipalité, on y a [dans le futur bâtiment du Rivage] aussi placé le foyer nécessaire à laSalle Del Castillo, une unité d’accueil pour écoliers et trois salles de société. Avec le restaurant, c’est donc une bonne moitié de ce bâtiment privé qui serait d’accès public, voire gérée directement par la commune. Celle-ci vendrait donc cet emplacement, pour en relouer une grande partie par la suite; quel est l’intérêt ?
Complications
L’utilisation et l’entretien des lieux, par exemple des annexes de la Salle Del Castillo ou des salles de société, seraient compliqués par leur dépendance de propriétaires différents. Une convention va, nous dit-on régler leur usage. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

Nous reprenons par ailleurs des phrases analogues dans d'autres documents de ce site.

5) Or il s'avère que c'est inexact. En examinant plus attentivement le plan projeté lors de la séance du Conseil, cette fois-ci imprimé en grand format, il apparaît qu'une partie du foyer et les fameuses trois salles sont prévues dans l'actuel volume de la Salle Del Castillo, ce qui explique que, tout naturellement, «elles restent entre les mains de la Ville» puisqu'elles ne les quittent pas. On peut mieux le comprendre en consultant le plan de la publicité de Vevey Rivage, agrandi et légendé. Nous avons donc nous-même été intoxiqués par la propagande des partisans du projet 109.

6) Mais immédiatement, un problème se pose. D'où sortent les volumes nécessaires à cette partie du foyer et à ces salles ?

Ce n'est pas par hasard qu'il apparaissait logique que ces éléments trouvent leur place dans le nouveau bâtiment, car entre la Salle Del Castillo et le Restaurant, il n' y a actuellement rien. Rien que la scène .

Et bien justement ! Pas de miracles, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. On fait des petites salles avec des bouts de la grande, qui du coup devient plus petite, en avançant la scène.

Des preuves ? En voilà.

a) Etat des lieux repris de l'étude Novello (voir sur notre page d'accueil).
On distingue bien l'espace de la salle, puis la scène et ses deux portes latérales, puis le mur épais du fond de scène, et l'emplacement du «Salon Rouge».
Entre les deux, l'arrière-scène, indispensable espace de stockage de matériel et de décors, et de préparation à l'entrée en scène [ajout du 20 mai].

CastilloActuel

b) extrait du plan que Vevey Rivage a mis sur son site.
En se repérant, par exemple, sur la volière située devant la salle (forme arrondie), on voit bien que la «future» limite de propriété passerait à l'emplacement du mur du fond de scène actuel. et que la scène serait avancée dans la salle de plusieurs mètres. La nouvelle disposition est plus lisible sur le document déjà mentionné, de plus grande dimension.

L'actuelle arrière-scéne disparaîtrait ainsi entièrement chez le nouveau voisin. Si cette arrière-scène n'est pas remplacée (en tout cas pas de plein-pied) – avec tous les inconvénients que cela supposerait –, la scène nouvelle manière s'avancerait ainsi jusqu'à la hauteur du pan de mur entre les 6e et 5e fenêtre (en partant de la cloison qui délimite le vestiaire au fond de la salle). Très grossièrement, c'est un sixième de la salle qui deviendrait ainsi inutilisable.

Mais cette impression est probablement trop optimiste, car il semble difficile de fonctionner avec un espace scénique si peu profond. Il est donc plus probable que le deuxième trait plein que l'on distingue marque la limite de la scène proprement dite (ou de l'avant scène), ce qui «mangerait aussi la 5e fenêtre. Règle de trois: 2 fenêtres sur 6: la salle serait ainsi «rabotée» de près d'un tiers. [ajout du 20 mai].

CastilloProjet

c) la superposition des deux plans vaut confirmation.

CastilloSupp

Comme écrit en introduction, la correction de notre erreur aggrave encore le cas du projet «Rivage»:

• les problèmes de cohérence de construction et d'exploitation produits par deux propriétaires aux intérêts pas forcément convergents ne sont pas supprimés ni même diminués;

• la «Grande Salle Del Castillo» voit sa capacité réduite de manière non négligeable (jusqu'à près d'un tiers selon l'avancée de la scène le rétablissement ou non d'une arrière-scène [ajout du 20 mai]) , avant que l'étude de rénovation ait pu aboutir à un projet sérieux;

• la commune en plus de vendre à prix d'ami la parcelle du restaurant, ne «gagne» plus rien, au contraire de ce qu'on a essayé de nous faire croire:
- elle pourra utiliser la partie du foyer dont elle n'est pas propriétaire, quand une activité a lieu au Castillo, le reste du temps: location;
- elle aura le grand privilège de louer l'espace nécessaire à l'Unité d'accueil pour enfants et de l'aménager, bien entendu à ses frais (le propriétaire aura lui la garantie de toucher durablement un loyer d'un locataire solvable et pas menacé par la faillite);
- elle construira à ses frais des salles de société, dont aucune consultation n'a montré que c'était, en nombre et en taille, ce qu'il leur fallait;
- elle remplacera à ses frais la Salle des Vignerons, dont elle est actuellement propriétaire.

Et de tout ça, personne ne nous a jamais rien dit, ni à la Commission du Conseil communal, ni au Conseil lui-même, ni dans les informations distribuées à la population. Bien au contraire ! Qui avait parlé de transparence et de confiance dans les citoyen·ne·s ?

Vous avez dit pigeon ? Non le 17 juin !

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