Le PLR en campagne (I)

Le retour en arrière paré des plumes du changement

Et voilà ! La campagne électorale pour les élections communales du 13 mars 2011 (Conseil communal et 1er tour pour la Municipalité) a vraiment déjà commencé. C'est le PLR qui dégaine en premier, avec un affichage, massif mais peu lisible, et une «Newsletter» de 8 pages, consacrée essentiellement à affirmer la haute valeur et la grande ambition de leurs propositions… à venir. En attendant, les citoyen·ne·s sont priés de les croire sur parole, et de les rejoindre sur leur liste.

Le slogan principal est «le temps du changement». Slogan trompeur s'il en est !
Car enfin, la majorité actuelle n'est en place que depuis les élections de 2006. Le changement revendiqué par le PLR… c'est donc le retour à la majorité qui pendant 150 ans a fait la pluie et le beau temps à Vevey – à l'exception de l'intermède rouge-bleu de 1929-1936 [1].
Il est vrai que, quand on a été pendant si longtemps au «pouvoir municipal», cinq ans à être minoritaires ont dû sembler une éternité intolérable. Et la perspective d'en reprendre pour 5 ans, voire plus comme à Lausanne, carrément insupportable ! Mais faire comme si Vevey telle qu'elle est aujourd'hui ne devait rien à ces nombreuses législatures à majorité radicalo-libérale n'en est pas moins malhonnête.
Le changement – insuffisant à nos yeux [2] – c'est en 2006 qu'il a commencé. Il s'agit de le poursuivre et de l'approfondir. Pas de revenir en arrière.

 

Et une perle, une:
Entre le paragraphe «PME et commerces» et celui consacré à la circulation:
«La politique menée par la Municipalité actuelle […] favorise au contraire une politique par laquelle le goût de l’effort n’est pas le principal moteur».
Obsession du… moteur mise à part, on doit quand même constater que si le «goût de l'effort» était «moteur» pour le PLR, il comprendrait peut-être mieux l'intérêt et les conditions de la «mobilité douce», et cesserait ses croisades pour que l'on puisse accéder jusqu'aux portes des commerces en voiture… et sans effort.

 

A propos du tome II des oeuvres élecorales du PLR

 

1. La «parenthèse» 1929-1936 dans la domination libéralo-radicale à Vevey est due à une alliance entre les socialistes et le «parti-bleu».

Ce dernier fut fondé par Gustave Chaudet, syndic de Vevey de 1930 à 1936. Radical convaincu – il est notamment le secrétaire du parti cantonal de 1926 à février 1929 – il n’est pourtant jamais récompensé lors des élections auxquelles il se présente au cours des années 1920. En cause, avant tout des conflits de personnes, qui le conduisent à fonder son propre groupement politique en 1929: le Parti indépendant progressiste veveysan, dit «parti bleu».

«Sortir Vevey de sa somnolence industrielle, commerciale, scolaire et touristique.» Tel est le leitmotiv de ce parti durant la première moitié des années 1930. C’est là l’originalité du «parti bleu»: il repose sur un programme de développement urbanistique – soutien à la construction de logements, création d’infrastructures d’utilité publique – destiné à attirer à Vevey aussi bien des nouveaux habitants que des touristes de passage. Il faut dire que la guerre a été un coup dur pour la cité, au caractère industriel prédominant. De près de 15000 en 1913, le nombre de ses habitants est passé à environ 12000 en 1918 et stagne jusqu’à la fin des années 1920. De son côté, le secteur hôtelier veveysan a été profondément touché par la crise économique mondiale du début des années 1920.

Lors des élections communales de novembre 1929, les «bleus» décrochent 15 sièges sur les 100 que compte le Conseil communal de la ville (Législatif). Avant l’élection de la Municipalité par le Conseil communal, les «bleus» concluent une alliance informelle avec les socialistes (42 élus). Majoritaires au Législatif, les deux groupements le seront également à l’Exécutif: le 20 décembre 1929, Gustave Chaudet est élu syndic d’une Municipalité composée d’un «bleu», de deux socialistes, d’un radical et d’un libéral. Une révolution pour une ville jusqu’alors toujours dirigée par une majorité radicale-libérale! Changement encore plus historique lors de la législature 1934-1936: le Conseil communal et la Municipalité de Vevey sont uniquement composés de «bleus» et de socialistes…

Sport et tourisme

Dans le domaine sportif, la commune, influencée par un syndic fortement impliqué dans la gymnastique, n’est pas en reste, question investissements. Entre 1930 et 1934, cette politique – résumée par le slogan «Vevey protège les sports» – conduit notamment à l’édification d’un stade de football en Copet, d’un port de plaisance et d’un centre de tennis, alors que les Bains publics du lac sont agrandis. Il faut souligner que ce développement des infrastructures sportives est mené par la plupart des centres urbains suisses durant l’entre-deux-guerres: il s’agit de répondre à un engouement croissant de la population pour le sport.

Refaire de Vevey une destination touristique prisée constitue la dernière priorité des «bleus». Deux réalisations voient le jour: dans ce but la reconstruction de quais effondrés en 1877 (à l’est de la place du Marché) et la construction d’un marché couvert. Inauguré au printemps 1935, ce bâtiment accueille les marchés par mauvais temps, mais il est surtout destiné à l’organisation de fêtes, dont une Foire annuelle aux vins vaudois instituée à Vevey dès 1933. Baptisé Galeries du Rivage, ce complexe marque la fin de la concrétisation du programme de développement urbanistique proposé par les «bleus».

Mise sous régie

L’aventure se clôt abruptement à la fin de l’année 1936: un décret du Conseil d’Etat place la commune sous régie, mesure exceptionnelle qui voit la Municipalité remplacée par trois délégués du canton. Objectif: assainir des finances grevées par des investissements massifs. Cette mise sous régie ne dure qu’une année, mais suffit à discréditer les «bleus» et leurs alliés socialistes. Lors des élections communales de novembre 1937, l’alliance radicale-libérale reprend facilement le dessus. (larges extraits de «Vevey entre 1930 et 1936, une histoire cousue de fil bleu» Thibaud Guisan, 25 octobre 2008, La Gruyère)

Au-delà des circonstances historiques fondamentalement différentes, les parallèles sont tentants entre le parti bleu et Vevey libre, y compris dans certaines priorités aux infrastructures publiques. Et il est assez évident que la mise sous régie de 1937 est est un épouvantail qui inspire une grande prudence financière à la nouvelle majorité issue des élections de 2006.

2. Il s'agit de ne pas surestimer ce qui est possible. Pour l'essentiel, les institutions politiques en général n'ont qu'un pouvoir limité sur les conditions de vie de la population, à commencer par tout ce qui concerne le travail. Quant à la commune, au bout de la chaîne des institutions, elle est, de plus, largement dépendante des décisions prises au niveau fédéral et cantonal. Pour autant, il ne faut pas non plus sous-estimer ce qui est possible, et utiliser à plein les compétences communalespour répondre aux besoins de la population.

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