Travailler moins, pour vivre mieux

Nous voulons une réduction radicale du temps de travail pour lutter contre le chômage et les inégalités, pour préserver la santé des salarié·e·s et pour renouer avec d'autres dimensions essentielles de la vie.

Nous affirmons que les obstacles ne sont pas matériels ou économiques, car depuis longtemps les gains de productivité ne se sont pas traduits par une diminution significative du temps de travail, mais uniquement par l'augmentation du pouvoir d'achat, essentiellement des patrons et parfois des salarié·e·s. Il s'agit d'un choix de société, et les obstacles à renverser sont politiques et idéologiques.

Partager le travail

La crise est une donnée permanente de l’économie mondialisée. Avec elle, licenciements, chômage et dégradation des conditions de travail pour des dizaines de milliers d’habitant·e·s de notre pays. Les périodes de chômage font désormais partie du curriculum classique, avec toutes les conséquences financières, sociales et psychologiques que cela comporte. La réduction du temps de travail (sous toutes ses formes: nombre d’heures par semaine, limitation des heures supplémentaires, plus de vacances) permet de lutter contre le chômage en partageant le travail.

Les femmes, bien plus souvent que les hommes, travaillent à temps partiel, avec des conséquences en termes de salaire horaire et de statut professionnel. Pour certaines, c'est une façon de faire face à la double journée de travail (maison et emploi), qui continue à être leur lot quotidien. Mais nombre d'entre elles préféreraient trouver un travail à plein salaire. Dans le canton de Vaud, trois quarts des femmes travaillant «dans des conditions atypiques», environ 40 000 salariées, sont dans ce cas, soit dans une situation de chômage déguisé. Une réduction effective et générale du temps de travail permettrait de supprimer ces temps partiels contraints et de mieux concilier travail et famille, y compris pour les hommes.

Les meilleures lois, notamment sur la durée du travail, n’atteindront pas les buts souhaités si elles sont contournées ou violées. Et cela qui peut mieux le dénoncer et l'empêcher que les salarié·e·s sur leur lieu de travail ? Sauf qu’actuellement rien n’empêche de mettre à la porte les têtes qui dépassent. Il est donc nécessaire de protéger légalement contre les licenciements les représentant·e·s des salarié·e·s et de garantir leur réintégration en cas de licenciement jugé abusif.

Contre la souffrance au travail

L’intensification du travail et sa pénibilité croissante, engendrée par l’obligation d’être toujours plus performant, mettent en péril la santé physique et psychique (stress) de chacun·e. Diminuer le temps de travail est une première mesure de salubrité publique pour y répondre.

En outre, il faut développer la médecine du travail et l’inspectorat du travail, dont les employé·e·s devraient être bien plus nombreux et disposer de possibilités d’intervention accrues, pour permettre une surveillance des conditions de travail et l’étude approfondie des maladies professionnelles.

Le temps de la vie

Le temps libéré pourrait ainsi servir à participer à l'éducation de ses enfants, à prendre soin de son entourage, à acquérir et approfondir des connaissances, à s'exprimer dans les domaines artistiques, spirituels et sportifs, à investir la sphère associative et politique, voire à la contemplation et à l'oisiveté.

Confronté·e·s aujourd'hui aux limites de la société du «toujours plus», nous voulons tracer une nouvelle voie. Les hommes et les femmes ne doivent-ils pas avoir une autre perspective qu'une vie entière consacrée au travail ? Et la société d'autres objectifs que l'augmentation constante de la production et de la consommation ? Oui, et c'est pourquoi nous nous battons !

(3 février 2012)

 

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