Rapport de minorité n° 9 / 2004 de la Comission des finances

CREDIT SUPPLEMENTAIRE AU BUDGET COMMUNAL DE L’EXERCICE 2004, 2ème série

Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs

Le préavis N° 9 / 2004 pour Crédit supplémentaire au budget communal, que la commission des finances devait examiner le 14 avril en urgence, nous a tous interpellé et nous ressentons un « malaise démocratique» . Par le biais du crédit supplémentaire la municipalité veut nous présenter un sujet important, qui selon nous, aurait dû être présenté au conseil sous la forme habituelle du « Préavis ad hoc» afin que les commissaires puissent acquérir les informations nécessaires et que le conseil puisse décider en connaissance de cause et démocratiquement.

La minorité a bien demandé qu’on n’entre pas en matière sur ce préavis, pour rendre possible un débat de fond sur le sujet. Imaginez on engage 9 gardes, 1 éducateur et 15 stagiaires en tout 25 personnes, et on nous fait croire que c’est pour 6 mois, ne nous trompons pas. C’est un leurre par au moins 2 aspects:

  1. Si ce grand problème de société pouvait trouver ses solutions en 6 mois, par les propositions de la municipalité, on devrait leur donner le Prix Nobel.
  2. Par conséquent, les Gardes et l’éducateur seront engagés pour plusieurs années, les dépenses de fonctionnement seront augmentées d’env. 900’000.- par année.

Comme argumentaire pour cette dépense de fr. 450’000.- (en 6 mois), on nous sert le discours du Syndic du 11 mars 2004 lors de la séance du Conseil communal. Mais pas d’informations sur la fonction précise des gardes proposés, sur la façon dont ils pourront rester « sous contrôle municipal» tout en devant collaborer avec Police Riviera, sur leur formation (qui ne devrait ni être celle des actuels gardes municipaux (formation en deux mois sur le tas), ni celle des policiers (école de police d’une année, tout en étant déjà salarié par la commune). Pas d’informations non plus sur les projets auxquels devraient s’atteler le nouvel éducateur de proximité ni sur sa collaboration avec celui qui est en place. Quant aux places de stage, c’est visiblement un projet porté par le seul Municipal des Services sociaux, mais qui – cela a été dit en Commission des finances – est encore loin d’être abouti: quel encadrement ? pourquoi pas dans d’autres services (parcs et jardins, jeunesse et sports…) ?

Tout cela n’est pas sérieux !

Oui, nous avons été choqués par les événements que nous venons de vivre à Vevey, vous l’avez dit Monsieur le Syndic dans votre discours et dans votre préavis.

Oui, il  faut agir.

Mais il faut tout d’abord prendre la mesure du problème (ou plutôt des problèmes) auquel nous nous attaquons: problème social, politique, économique mondial... Tant qu’il y aura des injustices et de la misère, il y aura de la délinquance; tant que l’injustice et la précarité continueront à augmenter, la violence continuera d’augmenter. Nos moyens ne sont pas à cette échelle, gardons-le en mémoire, sans que cela nous empêche d’agir localement dans le bon sens, dans l’immédiat.

Ce n’est pas une raison non plus pour restreindre notre action à la seule commune. Si le problème est mondial, il est à plus forte raison régional. Les jeunes – puisque, à tort ou à raison, on en parle beaucoup dans ce contexte – mais plus généralement la population vit dans un cadre qui n’est largement plus la commune. En mettant plus d’uniformes dans les seules rues de Vevey, même si leur pouvoir d’intervention est voisin de zéro (et qu’ils ne seront que deux à la fois en service, tournus oblige), on peut éventuellement rassurer un peu quelques électeurs. Qui seront derechef angoissés quand ils devront visiter les rues moins « uniformées» de Montreux ou de Lausanne…  Cette volonté municipale de « garder le contrôle» et de s’attaquer au problème sur le seul plan veveysan est illusoire. Elle aboutirait à mettre en place une « police d’opérette», un  faux-semblant de sécurité. Ce serait proposer un tranquillisant à qui a peur de tomber d’une falaise, plutôt que lui donner la main.

Si l’on pense que le traitement passe par des mesures policières (un peu, en partie, totalement), celles-ci ne peuvent être prises qu’à l’échelle régionale, et avec des agents réellement autorisés à intervenir et formés pour cela. De telles mesures devraient donc être réfléchies dans le cadre de la convention Police Riviera que Vevey a signé avec les autres communes du district plus Villeneuve, voire dans le cadre de la « Zone Pilote Riviera»  que constitue notre région pour la mise en place du dispositif « Police 2000. Nous sommes convaincus que l’on ne peut pas retourner en arrière, sur ce plan-là comme sur bien d’autres.

Il faut souligner, ce que le préavis ne fait pas, que 10 aspirants policiers ont été engagés (avant ces événements) et sont en instruction. Ils prendront leur travail effectif le 1er janvier 2005. Il il y aura ainsi dix policiers pour faire le travail de policier dans notre région. Dans le système « Police Riviera», cela veut dire aussi « qu’il y aura dix policiers de plus sur Vevey», en cas de besoin. Et non des gardes municipaux, qui eux ne sont compétents que pour des contraventions.

C’est pourquoi nous vous proposons de ne pas approuver le volet « gardes-municipaux» du préavis municipal.

D’accord:

Dans le préavis, il y a un volet dit « encadrement» adolescence, qui va dans globalement dans le bon sens. Tant que l’on peut soustraire à la rue des jeunes et leur offrir même temporairement un avenir meilleur, il ne faut pas attendre. C’est pourquoi nous proposons d’entrer en matière et d’approuve ce volet, même si la désinvolture avec laquelle l’ensemble du projet nous a été présenté pourrait conduire légitimement à le renvoyer en bloc à ses auteurs.

Le municipal en charge du volet social, demande fr. 15’000.- pour engager pendant 6 mois env. 15 stagiaires, un rapide calcul nous montre que c’est fr. 166.- par mois qu’il destinait à ces stagiaires. Il a pu nous dire qu’il comptait sur différents subsides des multiples sources d’aide aux jeunes et au travail. Pour qu’en réalité, un salaire conventionnel d’env. 1’000.- puisse être accordé a ces jeunes. Dans ce cadre d’urgence, compte tenu des subsides que le municipal espère engranger, nous proposons d’attribuer une somme permettant la couverture complète pour ces six mois de cette action, les subsides reçus étant dès lors comptabilisés en diminution du coût au moment où ils seront reçus.

Il nous apparaît que l’éducateur de proximité combiné avec les stages offerts aux jeunes sans formation et un soutien aux associations et instances œuvrant en faveur de la jeunesse, sont des mesures qui vont dans la bonne direction.

En outre, nous comptons sur tous les services de la ville pour offrir des places de stage; demandons que les entreprises de la région soient sollicitées afin qu’elles offent le même type de stage aux jeunes de la région; rappelons que la Municipalité peut de sa seule compétence décider des dépenses jusqu’à 50'000.-, et l’invitons à le faire pour des projets qui lui apparaîtraient utiles, notamment aux postes 503 (forum parents/école), 509 (école, actions de prévention), 952.3653.02 (subventions à des organisations de jeunesse), 952.3653.01 (frais d’accompagnement, éducateur de proximité), 952.3653.07 (subvention animation-jeu de Vevey, Gilamont).

L’action en ce domaine ne peut porter des fruits que sur le long terme. Il faudra donc qu’au-delà de ce préavis, une réflexion approfondie soit menée sur le dispositif d’encadrement-intégration des jeunes, sur le plan communal et régional.

Reconnaissant que rien ne nous empêche d’agir dès maintenant en directions des jeunes, nous proposons à ce conseil d’accepter les conclusions suivantes:

En conclusion, nous vous prions, Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs, de bien vouloir prendre les décisions suivantes:

Le Conseil Communal de Vevey

Vu le préavis n° 9 / 2004 du 8 avril 2004 sur crédit supplémentaire au budget communal de l’exercice 2004, 2ème série;

Vu le rapport de minorité de la commission des finances chargées d’étudier cet objet qui a été porté à l’ordre du jour

décide

d’accorder à la municipalité le crédit supplémentaire demandé au budget communal 2004, 2ème série tel qu’amendé:

Au poste Animation Jeunesse:
Compte N° 952.3011
– Traitements (animateur de proximité) fr. 50’000.-
– Divers comptes – charges sociales
Compte N° 952.3185
– Honoraires (actions diverses) fr. 50’000.-

Au nom des rapporteurs de minorité: Vladimir D’Angelo, Jean-Pierre Boillat

 

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