Mesure d’urgence pour une action durable Ou: La réflexion est la première des actions Dans son allocution, lors de la séance du Conseil communal du 11 mars 2004, le Syndic Dominique Rigot a fait allusion à une peur qui demeure après des faits divers tragiques et violents qui ont choqué la population veveysanne. Il nous semble erroné de faire de ces crimes commis dans des circonstances particulières – pervers récidiviste et affrontement entre plusieurs personnes voulant en découdre – la cause de la généralisation d’un sentiment de peur. La peur est un sentiment intime que chacun ressent de manière différente. La peur est mauvaise conseillère, elle engendre des réactions de repli sur soi, de méfiance, de rejet. Elle bloque le raisonnement et peut donner lieu à des réactions irrationnelles. A-t-on sérieusement questionné les personnes se plaignant de l’insécurité? où et quand ont-ils peur ? de qui ? de quoi ? Lorsque l’on prend la route, on n’est jamais certain d’arriver à bon port, l’incivilité d’un seul chauffard peut anéantir une vie, plusieurs vies, briser des familles entières, ceci au tragique rythme hebdomadaire de ce que l’on appelle les « accidents de la route». Le sentiment d’insécurité au volant est basé sur des réalités. Il peut surgir à n’importe quel moment et être ressenti de manière bien plus forte que dans un train ou dans les rues de notre cité. Avez-vous vraiment l’impression, lorsque vous déambulez dans les rues de Vevey la jolie, que l’insécurité règne en maître ? À ce propos, les statistiques de la criminalité à Vevey montrent une hausse de 4 % en 2002-2003 au lieu de 12 % sur l’ensemble du Canton. Pour revenir à la peur, il s’agit bien d’un sentiment que chacune et chacun doit combattre afin d’en tirer une force positive, par exemple le sens de la responsabilité collective et civique. Les incivilités, nous en sommes tous responsables et en commettons tous, enfants, jeunes, adultes. Que cela plaise ou non, on a la société que l’on mérite. Rejeter la faute sur le comportement de certains jeunes désœuvrés est inadmissible. Prendre le train sans billet en bravant le contrôleur n’est pas plus ni moins incivil que de se parquer n’importe où en injuriant le contractuel. Si la peur est un sentiment, la sécurité est une sensation. Ces sentiments et sensations individuels peuvent devenir collectifs. Mais aucune autorité ne peut être un rempart contre les sentiments pas plus qu’elle ne peut renforcer les sensations. Des droits peuvent être garantis, des devoirs peuvent être déterminés. On ne peut ni éradiquer le sentiment de peur ni garantir la sensation de sécurité. Force est de constater que la réponse proposée par la Municipalité est une tentative de répondre à des sentiments et des sensations dont on n'a pas pris le temps de déterminer les causes ni de vérifier l’existence. Elle ne nous protègerait pas plus de nos peurs qu’elle ne nous garantirait la sécurité. En effet, que pouvons-nous réellement attendre de l’engagement de neufs gardes municipaux non armés ? Ils seront dans l’impossibilité d’arrêter un délinquant et uniquement habilités à demander l’identité d’un individu et ce, seulement en cas d’infraction au règlement communal. Autre pouvoir des gardes municipaux, celui de distribuer des amendes. En soi, infliger des amendes est une façon de lutter contre les incivilités, voiture mal parquée diminuant la visibilité des piétons qui veulent traverser ou voiture stationnée sur une place pour handicapé. Mais on sait que cette fonction première du garde municipal n’est pas forcément ressentie par la totalité des habitants comme une mesure positive et apportant un sentiment de sécurité accru. On peut même prévoir une certaine grogne anti-contractuel de la part d’une frange non négligeable de la population. La formation prévue pour ces gardes nous pose également un problème, comment leur donner en quelques mois une formation adéquate et réellement efficace, notamment en ce qui concerne la gestion des conflits ? Comment ces gardes pourront-ils affronter certains événements, on pense principalement à des voies de faits, sans aucun pouvoir d’intervention direct ? Par exemple, comment intervenir positivement dans une bagarre naissante sans avoir le pouvoir d’arrêter les protagonistes si cela dégénère ? D’autre part, on sait que le salaire octroyé aux policiers est déjà un frein à l’engagement, on peut donc imaginer que celui des gardes municipaux, forcément moindre, sera un handicap qui obligera à diminuer fortement les exigences demandées au recrutement. Mais, si le but recherché est une présence visible, ce projet devrait être définitivement condamné par le fait que l’engagement de neuf gardes municipaux ne garantit la présence continue dans les rues de notre cité que de deux gardes (tournus, vacances, congés, absences pour maladie et accidents). Compte tenu de ce qui précède, nous pensons que la présence de deux gardes municipaux, affectés en partie à des tâches de contractuel, n’est pas la réponse adéquate et qu’elle n’apportera pas un sentiment de sécurité supplémentaire à la population. Quoi qu’on puisse penser de la réforme de Police 2000, une police formée à des tâches spécifiques – primordiales et indispensables au bon fonctionnement de la société et à la protection des individus qui la composent – reste la réponse adéquate. Il faut d’ailleurs rappeler que la réforme Police 2000 est issue d’un protocole d’accord entre le Conseil d’Etat et l’Union des communes vaudoises (UCV). Si l’on considère que l’engagement de forces policières supplémentaires est nécessaire pour combattre le sentiment d’insécurité en garantissant ce qu’en droit on appelle la sûreté et non pas la sécurité qui, nous le répétons, ne peut être garantie, la réponse nous est donnée par la formation de dix aspirants qui, au premier janvier 2005, viendront renforcer la Zone Pilote Riviera. On peut donc espérer que sur ces dix policiers supplémentaires, Vevey en accueillera au moins deux sur son territoire et que les autres seront disponibles rapidement en cas de délit (la moyenne actuelle d’intervention en zone urbaine est de cinq minutes). En ces temps de disette où les législateurs fédéraux et les initiants libéraux ne cessent de saboter l’Etat et ses prestations sociales en s’ingéniant à lui couper les vivres; en une période où la classe moyenne, chérie de la droite, est sans cesse plus ponctionnée par la pression fiscale, nous proposons de ne pas amplifier la dette locale et donc de refuser le crédit alloué à l’engagement des neuf gardes municipaux. Il faut néanmoins agir Comme l’a dit M. le Syndic, les communes sont les « réceptacles finaux des carences des politiques fédérales et cantonales»; ajoutons: et des rationalisations économiques. Une collectivité locale ne peut donc que tenter de renouer ce que d’autres dénouent jour après jour. Nos moyens réduits ne peuvent porter que des fruits modestes et à long terme. A ce titre, il est indispensable que dans la mesure de nos possibilités, nous réfléchissions à des mesures et des réponses non pas communales mais régionales. La première urgence est donc de se concerter. En disant cela, nous ne réclamons pas un de ces « colloques plus ou moins savants» dénoncés par M. le Syndic, mais qu’une commission du Conseil communal entende les milieux concernés et les experts de terrain (policiers, éducateurs, enseignants…), ainsi que les citoyennes et les citoyens. Que cette commission étudie les propositions que la Municipalité fera en réponse à cette motion. On souhaite que le préavis lui-même sera le fruit d’une large concertation. D'ores et déjà
D’une manière plus générale, voici quelques pistes, qui n’ont rien d’un inventaire exhaustif:
Nous sommes donc pour une réponse globale et durable issue de tous les acteurs de notre communauté. Vevey, le 22 avril 2004 |
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