Le PLR en campagne (II)

Le PLR en son bac à sable…

Sous le titre «Un projet ambitieux et réaliste», le PLR a soumis à tous les ménages veveysans le fruit de ses cogitations préélectorales, qui sont censées apporter «une solution durable» aux problèmes de circulation et de parcage à Vevey: «yaka» permettre à plus de voitures de stationner au cœur même de la cité, et pour cela construire deux parkings souterrains, sous les places de la Gare et du Marché (1000 places au total), reliés par un tunnel (voir leur site et 24 heures du 30 novembre 2010).

Depuis des années, nous avons souligné que la première raison de refuser un parking au centre-ville, c'était l'excès de trafic qu'il allait amener dans les rues. Avec son idée du tunnel, le PLR nous donne donc, d'une certaine manière et enfin, raison ! Est-ce du coup une bonne idée ? Examinons-là de plus près.

D'abord – question essentielle pour un projet venant de la droite – combien ça coûterait ? L'étude d'un parking à la Place du Marché a déjà été faite et on sait que l'excavation serait relativement facile. Les sous-sol (géologie et réseaux souterrains: égoûts. eau potable, électricité, téléphone…) de la place de la Gare et de la rue Cérésole demanderaient, eux, d'abord une étude approfondie, et pas gratuite. Il est pourtant déjà certain que, dans les deux cas, creuser à proximité – voire au ras – des fondations des bâtiments et dévier tous les réseaux souterrains aurait un coût important, sans oublier celui des mesures de sécurité. Dès lors, sachant que les 280 places à la place du Marché devaient coûter 16 millions (préavis 22/2008), à combien reviendraient 600 places au même endroit, plus 400 places à la place de la Gare, plus 250 m. de tunnel, plus les aménagements extérieurs ? Dans son tout ménage, le PLR se garde bien de le dire; et dans 24 heures, il lâche le chiffre de 50 millions. Largement et politiquement sous-estimé ! Un chiffre réaliste serait certainement plus proche des 100 millions…

Quant au fonctionnement de ce multipack souterrain, il paraît évident que si les automobilistes ne sont pas prêts à faire 300 m à pied, comme le prétend le «bons sens» de droite, il continueront à vouloir accéder à la place du Marché, et ne s'arrêteront pas au premier parking qu'ils rencontreront. Que se passera-t-il quand celui ci sera plein ? Et qu'un bouchon se créera en plein tunnel ? Quelle issue pour les automobilistes ainsi pris au piège ? De plus, en cachant les voitures, on ne supprime pas leurs gaz d'échappement. Quelles installations de ventilation seront-elles nécessaires ? Quelles décoratives bouches de ventilation ? et où ira se déverser la pollution ainsi concentrée ?

Autre problème évidemment laissé de côté par le PLR, le chantier nécessaire pour réaliser ce projet «miraculeux» rendrait inutilisables (successivement dans le meilleur des cas) la place du Marché, la rue Cérésole et surtout la place de la Gare: à cette étape, tout transit Est-Ouest, notamment des transports en commun, serait bloqué. Chaos assuré ! Pendant deux ans? ou plus ? Certains ont fait des pétitions pour moins que ça !!

Conclusion: le PLR reconnaît – enfin – que les voitures en ville posent un problème. Sa solution: les cacher, et du coup cacher, dévier, fausser le problème plutôt que le résoudre. C’est, une fois de plus, essayer de tout changer pour que rien fondamentalement ne change, et se donner une excuse pour continuer à ne penser qu’à soi, ici, maintenant, dans un confort à court terme, au détriment du fragile équilibre entre l’homme et la nature.

Au contraire, la seule solution durable au problème de l’engorgement routier et de la pollution automobile est une réduction drastique du trafic automobile privé. Même les autorités cantonales vaudoises y viennent, qui mettent en avant une politique de modération du trafic. Tout projet de parking souterrain, d'où qu'il vienne, doit donc être refusé s'il contribue à augmenter ce trafic. Le changement de politique doit être réellement… radical ! Et le projet du PLR, exhumé du cimetière des idées du siècle passé, doit vite y retourner.

Alternatives

Cette prise de position, évidemment trés résumée pour se conformer au format imposé, a paru dans le Courrier des lecteurs de 24 heures le 30 décembre 2010

(9 janvier 2011)

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