A propos de la rÉponse municipale À ma motion

Cette réponse est attristante, compte tenu de l’importance du sujet. Hormis les points e et f, la Municipalité répond à côté, et ne traite pas réellement ma motion.

En ce qui concerne les «aspects du problème:

• Je prétendais que Plan Directeur ne fait aucune mention d’un parking souterrain à la Grand-Place. La Municipalité me «répond» que le Plan Directeur ne propose pas la suppression du parking à la Grand Place, dessous ou dessus, alors que les deux phrases ne sont pas contradictoires, et sont toutes deux vraies.

Il reste que le Plan Directeur ne prévoit pas de parking souterrain à la Grand-Place, et que ce silence est en lui-même significatif. Comme le concours de 1990, les documents préparatoires au Plan directeur en 1993 le prévoyaient, ce parking souterrain. On y a renoncé, suite à la procédure de consultation. Le projet municipal n’est donc en aucun cas le fils légitime du Plan directeur de 1997.

• Je posais ensuite le problème des accès à la Place du Marché et de leurs conséquences sur les circulations et sur la qualité de vie dans presque toute la partie sud de la ville.

La Municipalité et le rapport de minorité me répliquent que «Les problèmes dans la partie sud de la Ville ne sont pas liés au parking de la Grand-Place, mais à l’attrait de la Vieille-Ville…»  C’est un sophisme de bas étage :  bien sûr, si autour de la Grand-Place, il n’y avait qu’une zone sinistrée, le problème ne se poserait pas ; mais il est tout aussi vrai que si la ville avait rempli cet espace vide, il n’y aurait pas de parking, et donc pas de problèmes d’accès !

La réalité est simple : pour accéder aux commerces et aux services, ou à leur logement, des automobilistes vont se parquer sur la Grand-Place. Ce faisant, ils chargent, voire surchargent, les rues qui y mènent. Tout le problème est de savoir si l’on se satisfait de cette situation, ou si l’on doit chercher à assurer autrement cette accessibilité à la Vieille-Ville.

Tous les accès à la Grand-Place, sans exception (Italie – Simplon – Hôtel de Ville – Perdonnet, rues de Lausanne et  Cérésole, Nestlé – Torrent), sont mis par la Plan Directeur dans la catégorie «30 km/h et/ou modération de trafic». Ne serait-ce pas de bonne démocratie de se préoccuper avant toute chose de réaliser ces mesures déjà décidées ? Or le main­tien du fonctionnement actuel, en substituant éventuellement «dessus» par «dessous», rend difficile le réaménagement convivial de toutes ces rues.

• Ma motion citait le quai Perdonnet. La Municipalité, fort contente d’elle-même, me réplique «Tiens. Justement, on vient de le fermer au transit». C’est simplement faux, puisque c’est juste un tronçon qui a été fermé et que, comme le dit le préavis 3/2001 en page 3 «le schéma de circulation choisi s’est imposé pour le motif [qu’il ne change pas fondamentalement les habitudes des usagers, puis] que l’accès à la Grand-Place reste possible». Par ailleurs, satisfaite de sa trouvaille, la Municipalité omet de se pencher sur le cas des autres voies d’accès, et donc n’essaie même pas de me répondre quant au problème d’ensemble.

• Enfin la situation actuelle peut facilement évoluer ; il n’en sera plus de même quand quelques millions et quelques tonnes de béton auront été enfouis sous la Grand-Place. Face à cela la Municipalité se contente de réaffirmer qu’à ses yeux qu’un parking à la Grand-Place est indispensable, alors que toute ma motion est justement consacrée à lui demander que cette affirmation soit examinée, argumentée, discutée, et enfin prouvée ou rejetée.

Ma motion ne proposait aucune localisation. La Municipalité choisit d’argumenter sur quatre possibilités, toutes situées au nord des voies CFF. Pourquoi pas aussi au sud des voies ? pourquoi pas la Place de la Gare elle-même ? pourquoi pas un agrandissement du Panorama ? Une fois de plus, ma motion demande simplement que ce genre de questions soit posé et étudié.

Là encore, le peu de sérieux des arguments municipaux est flagrant. Deux exemples :

• Concernant l’hypothèse Saint-Martin, la Municipalité note tout à la fois «qu’elle n’a fait l’objet d’aucune étude sérieuse de faisabilité», et «qu’elle présente l’inconvénient majeur d’un coût élevé». Et d’où tire-t-elle ce savoir, si aucune étude n’a été effectuée ? De même, comment peut-elle «savoir» que des aménagements routiers seront nécessaires, et que le parking serait trop loin de la Vieille-Ville, alors qu’on n’en connaît ni le lieu d’entrée, ni les sorties piétons, ni les aménagements possibles, susceptibles de faciliter le trajet depuis un tel parking vers les commerces ? Et surtout, en quoi cela peut-il être invoqué à l’encontre de ma motion, qui précisément demande que cela soit étudié ? Pour l’anecdote, on rappellera qu’aux beaux jours des «Moulins de la Veveyse», c’est la Municipalité qui prévoyait de faire des Deux-Gares et des Bosquets un des accès principaux de ce projet considérable…

J’ajoute que, de l’avis d’un ingénieur civil consulté – reconnu de ses pairs, puisque président de la SIA –, il est en tout à fait possible que les coûts d’excavation dans une molasse, même dure, soient compensés par les moindres frais de construction proprement dite. Et la construction du parking prévu, comme tous ses frères du bord du lac, sera coûteuse, devant résister à la pression de l’eau de la nappe phréatique dans laquelle il baigne. Il est en tout cas faux de présumer, sans étude, comme le fait la Municipalité, que la proposition «St-Mar­tin» est par définition irréaliste.

• Concernant l’hypothèse Nord de la Gare – actuel Park and Ride : en quoi le réseau routier concerné (axe principal actuel, place de la Gare, et Gilamont) serait-il moins adapté que les rues menant à la Grand-Place ? quant à l’éloignement de la Vieille-Ville, il est certain que des aménagements garantissant un trajet sûr et agréable pour les piétons, ainsi que des services de livraison, type RiponnExpress à Lausanne, seraient de nature à diminuer cet obstacle.

L’étude préalable demandée par ma motion n’est pas farfelue, il est possible que d’autres sites soient plus avantageux que la Place du Marché. Un délai de 6 mois, voire une année n’a rien de grave, s’agissant d’un projet aussi ancien. Trouver une autre localisation aurait par ailleurs un avantage extrêmement concret : pendant toute la durée du chantier à la Grand-Place – 2 ans – les commerçants seraient privés des 3/4 de «leurs» places de parc, et la commune perdrait les recettes des parcomètres (400'000.– ?). Cela ne justifie-il pas, au moins, d’étudier la question ?

Comme le dit la Municipalité dans sa conclusion, tout aménagement urbain ne peut qu’être un compromis entre les deux principes du développement et de la convivialité reconnus par le Plan Directeur. Dans d’autres dossiers, certains bons compromis sont, semble-t-il, en voie d’être trouvés. En ce qui concerne la Grand-Place, l’étude que propose ma motion a simplement pour but de s’assurer que l’on va choisir le meilleur compromis possible. La Municipalité «oublie» juste d’expliquer pourquoi une telle étude n’est pas souhaitable à ses yeux.

Pour conclure: en 1989, la commune de Vevey inaugurait sa nouvelle Place de la Gare. Quelques «loufoques», futurs «Verts solidaires», considéraient cette réalisation comme une plaie, issue d’une conception dépassée de l’urbanisme. Aujourd’hui, le projet actuellement à l’étude – notamment giratoire – leur donne raison. 12 ans de perdus. Le projet de parking en plein centre-ville est lui aussi le témoin d’une conception dépassée. Ne vaudrait-il pas la peine de ne pas attendre 12 ans pour réfléchir un peu ?

Retour à l'accueil
Haut de page