Vevey-libre persiste et signe,
sans être pour autant plus convaincant

Par un interview de son président, Peter Schuseil (PS ci-après), Vevey-libre tente de mieux expliquer sa demande de retrait du préavis 22/2008 concernant l'avenir de la Place du Marché. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas convaincant. L'interview est reproduit ci-dessous, en y intercalant nos commentaires (déposés aussi sous une forme légérement différente sur le site de Vevey-libre). Voir aussi notre précédent commentaire à la prise de position du municipal Christen, qui complète sur certains points celui-ci.

Vevey-libre: La proposition de Vevey Libre (VL) de retrait du préavis de parking souterrain à la Place du Marché suscite déjà des réactions politiques fortes. Réveiller un monde politique en état d’hibernation quelques jours après les Fêtes de fin d’année n’est visiblement pas du goût de tous. Pour bien comprendre le sens de cette proposition, Peter Schuseil, président de Vevey Libre, répond à quelques questions au sujet de cette proposition.

Passons sur cette prétention à «réveiller un monde politique en état d’hibernation» alors que ces derniers jours encore les membres de la commission chargée d’étudier le préavis en cause corrigeaient le rapport majoritaire de la commission, et, pour certains, mettaient la dernière main à un rapport de minorité. Vevey-libre n’était pas seul à être réveillé !
Et venons-en aux questions et réponses, si possible dans l’ordre.

Question: Il y a longtemps que l’on sait que ce préavis ne suscite pas l’enthousiasme, pourquoi avoir attendu si tard pour faire cette proposition?
PS: Nous avons depuis longtemps fait part de notre opposition au projet de parking souterrain et de notre scepticisme face aux chances d’aboutir d’un tel préavis. Notre municipal Jérôme Christen nous a fait savoir qu’il entendait demander le retrait du préavis par la Municipalité. Après mûres réflexions, notre groupe a décidé de soutenir cette proposition qui est apparu comme la plus raisonnable plutôt que laisser la Municipalité continuer de courir à l’échec. Si VL avait fait cette proposition avant, on lui aurait reproché de refuser le débat d’entrée de cause, de ne pas laisser la commission faire son travail, de vouloir torpiller le projet par une manœuvre dilatoire.

Il est clair que proposer le retrait avant le début des travaux de la commission aurait pu prêter aux accusations évoquées par Peter Schusseil, mais dès le début des travaux de cette commission, les commissaires de Vevey-libre, s’ils avaient été si convaincus que le préavis était mauvais, auraient eu tout le temps de proposer son retrait.

Question: Les deux commissaires VL ont accepté la proposition de réduction du nombre de places de parc à la Place du Marché de 440 à 340, or en cas de retrait du préavis, cette mesure ne pourra être prise…
PS: Les deux commissaires ont adopté cette position en commission par esprit de consensus. Pour la majorité du groupe, il s’agit d’une mauvaise option si des mesures compensatoires ne sont pas prises. Il n’y aura en effet pas moins de trafic à la place du Marché si l’on diminue le nombre de places de parc. Au contraire, les automobilistes tourneront encore plus que maintenant. Cette mesure n’est judicieuse pour mettre en valeur la place du Marché uniquement si l’on met en place les mesures d’accompagnement suivantes: création de places de parc hors du centre à un prix attractif, amélioration de la desserte des transports publics, affichage aux entrées de ville du nombre de places de parc disponibles dans chaque parking, etc. Sans quoi cette réduction tournera à l’autogoal. Nous le disons depuis longtemps et notre municipal également.

Les commissaires de Vevey-libre n’ont guère insisté sur le fait que la réduction de 100 places était une mauvaise mesure. Le désaveu des délégués de Vevey-libre par la «majorité du groupe» est justifié par le fait que la limitation du nombre de places de parc aurait comme seul résultat de d’accroître le trafic par le fait que «les automobilistes tourneront encore plus que maintenant». Ce n’est pas sérieux: cela supposerait un manque d’information total des automobilistes, alors que «l’affichage aux entrées de ville du nombre de places de parc disponibles dans chaque parking» réclamée par Peter Schusseil est dans les intentions affichées de la Municipalité et a été évoquée lors des travaux de la commission.

Question: Vevey Libre ne prive-t-elle pas le Conseil communal d’un débat intéressant?
PS: Les avis des uns et des autres sont connus. On n’apprendra rien de nouveau dans le cadre de ce débat et la crédibilité de la Municipalité sera entamée. Notre municipal, qui n’a cessé de mettre en garde ses collègues sur ce dossier depuis le début de la législature, ne doit en tout cas pas porter le chapeau. Il a tout tenté pour arriver à un consensus, mais s’est heurté à un blocage. Le débat pourra avoir lieu dans tous les cas lorsque la Municipalité proposera un projet qui a une chance d’aboutir.

Certes les positions des différents groupes politiques sont assez établies et le débat ne va guère amener de nouveaux arguments. Cependant, d’une part, le préavis contient plusieurs points qui peuvent donner lieu  à des réponses pas forcément liées entre elles, d’autre part, les groupes ne sont pas monolithiques. Même si le débat devant le Conseil municipal aboutissait à un refus au vote final, les différents votes permettraient à tout le moins d’avoir une photographie plus précise des intentions du Conseil et d’interpréter ces intentions, ce qui serait utile pour imaginer le «projet acceptable par une majorité» réclamé par Vevey-libre.

Question: Qu’est-ce que Vevey Libre aura de plus avec un retrait du préavis, plutôt qu’un refus?
PS: En apparence, le résultat est le même. Mais ne vaudrait-il pas mieux que la Municipalité revienne avec un projet acceptable par une majorité, plutôt que l’ensemble de son préavis passe aux oubliettes avec des difficultés d’interprétation du refus puisque nous assisterons à une addition d’oppositions aux motifs radicalement différents. L’objectif que s’est fixé la Municipalité, soit de soumettre la question au scrutin populaire ne sera pas atteint, car un référendum n’est possible qu’en cas de vote positif du Conseil communal. Nous attendons de la Municipalité qu’elle vienne avec une nouvelle proposition capable de trouver une majorité. En cas de refus du préavis, il faudra quelques années avant qu’un projet de réaménagement de la place du Marché soit à nouveau présenté.

Question: Faut-il une énième fois reporter ce débat après tant d’années d’attente, ne faut-il pas enfin trancher cette question de parking souterrain ?
PS: Nous ne voyons évidemment pas d’inconvénient à ce que cette fausse bonne idée de parking souterrain soit reléguée aux oubliettes le plus vite possible, mais la question de la réduction des possibilités de parcage sur la place du Marché pour mettre en valeur cet espace exceptionnel est trop importante pour que nous soyons mis dans la situation désagréable de jeter le bébé avec l’eau du bain. Un refus du projet municipal laissera forcément des traces préjudiciables pour la suite. La Municipalité jouit, d’une manière générale, d’un certain crédit grâce au travail entrepris depuis le début de la législature. Pour qu’elle puisse mener à bien d’importants dossiers, il nous paraît important qu’elle conserve ce crédit.

Question: Que peut-on espérer d’un retrait du préavis par la Municipalité ?
PS: Que la Municipalité renonce au parking souterrain et propose des mesures compensatoires avant de diminuer le nombre de places de parc à la place du Marché, et qu’elle tienne compte des conclusions de l’étude de l’entreprise Estia qui propose plusieurs pistes de solutions intéressantes. Le retrait du préavis ne signifie pas l’abandon de l’idée de mettre en valeur la Place du Marché par une réduction du nombre de places de parc, bien au contraire. Mais la Municipalité doit venir avec des mesures d’accompagnement de sorte que cette réduction se fasse dans de bonnes conditions pour avoir l’effet escompté et ne pas mettre en péril le commerce local.

Encore une fois, le refus global n’est pas l’issue la plus probable du débat au Conseil. Un projet de consensus majoritaire existe, même s’il n’est pas parfait, c’est celui voté par la majorité de la commission, entre autres par les délégués de Vevey-libre; il peut parfaitement retrouver cette majorité en séance plénière, … sauf si Vevey-libre le torpille en joignant ses voix à celles des automobilolâtres qui veulent le maximum de places de parc au centre-ville et sont donc partisans du statu-quo. La proposition de la commission inclut l’étude du réaménagement de surface de la place, et peut tout à fait être soumis à un vote populaire (pour cela, techniquement, il suffit qu’il y ait un vote positif sur un des points des conclusions).

Si Vevey-libre préfère le retrait au rejet, c’est qu’il pense effectivement «jeter le bébé avec l’eau du bain» et voter le rejet. La question qui devrait être posée à Peter Schusseil est donc: pourquoi Vevey-libre préférerait-il rejeter le tout plutôt que d'appuyer les conclusions de la majorité de la commission ?

La réponse serait particulièrement difficile, car si le Conseil communal accepte les propositions de la commission,  tout ce qu’attend Peter Schusseil du retrait du préavis suivi de l’élaboration d’un nouveau par la Municipalité est posible:
- la renonciation au parking souterrain serait acquise;
- la réduction du nombre de places de parc à la Place du Marché serait acquise;
- la mise en valeur de la place dépend de l’étude, approuvée par la commission;
- des améliorations aux transports en commun sont déjà au programme;
- même le fameux parking derrière la Gare est déjà au plan des investisements;
- par contre, plusieurs des points souhaités par Peter Schusseil, comme les mesures; d’accompagnement (par exemples issues de l’étude Estia), seraient de compétence municipale (voire intercommunale et cantonale comme ce qui concerne les transport en commun) et ne sauraient être inclues formellement dans un préavis, nouveau ou ancien. Quelle que soit la décision du Conseil communal, la question restera posée: la Municipalité sera-t-elle convaincue de les mettre en oeuvre ? Mais on peut parier que ce sera plus facile après une décision du Conseil approuvant les propositions de la Commission, qu'après un retrait ou un refus.

Pourquoi donc Vevey-libre en vient-il à désavouer ses délégués à la commission du Conseil ? La seule explication qu’on pourrait imaginer réside dans l’insistance finale sur le «péril» que risque «le commerce local», et sur la nécessité de compenser intégralement et immédiatement les places supprimées. Bref la conversion à une légende qui a servi à justifier les pires aménagements urbanistiques «d’un autre temps» comme le dirait le municipal Christen, et l’engagement dans une politique locale qui empêchera tout réelle réduction du trafic en ville.

Doit-on, malheureusement, conclure qu’au pied du mur, le vernis «écolo» de Vevey-libre s’effrite ?

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