Lire l’avenir dans le marc de Coffee ?

Radical. Etymologiquement: qui veut prendre les choses à la racine [1]. C’est ce que firent certains, il y a longtemps, en dirigeant la révolution vaudoise. Tout naturellement, ils se baptisèrent « radicaux». A Vevey comme ailleurs. Et non moins naturellement, ils baptisèrent leur stamm, le café où ils se réunissaient, de façon à rappeler un épisode de cette révolution. Ainsi naquit le Café du Dix août.

S’étant assez, à leur goût, occupé des racines, les radicaux se mirent à cueillir les fruits de leur révolution, et s’installèrent comme parti dominant du canton de Vaud. Finis les révolutionnaires, place aux notables. Mais que faire du stamm, et de son nom qui rappellait trop les origines ? Le débaptiser ? On fit plus simple: on trouva un autre 10 août, plus connu, celui où les mercenaires suisses se firent massacrer en défendant les royales Tuileries contre la révolution française. Et le nom changea de sens, de polarité. Par la magie d’un lion en stuc, copie du monument de Lucerne, le souvenir révolutionnaire se mua en symbole de la défense de l’ordre. Et permit aux bourgeois radicaux de boire et de manger l’âme en paix.

Jusqu’à ce que, patatras, la mondialisation frappe au cœur de Vevey, et que le 10 août s’efface au profit du «Starbuck Coffee» [2]. Après avoir suivi fidèlement l’évolution du Parti radical, le Dix août aurait-il, cette fois-ci, anticipé sa disparition ? L’avenir du Parti radical est-il lisible dans le marc de (Starbucks) Coffee ?


1. Sens qui subsiste clairement quand la presse parle, par exemple, «d’islamistes radicaux», dont personne ne pense qu’il s’agit d’une association de membres du Parti radical, de religion musulmane…

2. Sur cette inauguration, voir le site de la commune de Vevey


Photo Commune de Vevey
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