Postulat déposé par le groupe Alternatives lors du Conseil communal du 14 décembre 2006

Ex-ACMV: prendre le virage avant qu’il ne soit trop tard

Depuis sa mise à l’enquête, de plus en plus de personnes et d’instances ont pu étudier le projet «Moulins de la Veveyse», produisant un flot croissant et de plus en plus argumenté de critiques. C’est ainsi qu’à l’heure actuelle, on doit constater objectivement que :

– Les promesses en matière d’énergie sont du vent…sans éolienne. Sans même parler de l’autarcie énergétique proclamée, le projet ne prévoit rien du tout en terme de production d’énergie (pompe à chaleur, solaire, etc.). De plus, les bâtiments ne sont structurellement pas conçus dès le départ pour pouvoir abriter aisément de tels aménagements. Il faut bien être conscient que seul compte ce qui est spécifié dans la mise à l’enquête. Les déclarations lors de séances publiques ou à la presse, voire à la Municipalité n’ont aucune valeur légale.

– Les accès automobiles sont pour partie aberrants et font l’objet d’une opposition avec droit de recours qui semble solide.

– Le nombre de places de parc est exagéré pour les besoins des habitants. La localisation de l’entrée du parking et les cheminements compliqués pour y accéder rendent inadéquate l’idée – soufflée, semble-t-il, au propriétaire par la Municipalité – d’utiliser ce supplément de places comme parcage hors du centre-ville pour les pendulaires travaillant à Vevey.

– Le déséquilibre entre logements et emplois du projet, contraire à l’orientation du PPA ainsi qu’à d’autres documents plus généraux comme les plans directeurs des niveaux communal, régional et cantonal, laisse ouvert un avenir de cité-dortoir pour Vevey.

– L’esthétique du projet ne contribue pas à embellir notre ville ; on peut, par ex., citer la sinistre modénature de la façade Nord sur le passage Saint-Antoine.

– Les équipements collectifs «offerts» par le projet (crèche, logements protégés, salles de classe) sont mal localisés. L’utilisation publique envisagée de la salle «Inox» est d’ores et déjà rendue plus difficile par la façon dont le projet la traite – ou plutôt ne la traite pas (manque de dégagements, accès piéton pas des plus directs).

– La typologie des logements eux-mêmes est des plus banales. De plus, elle ne tient aucunement compte de l’orientation pourtant différenciée de ces derniers, laissant comme un goût de copier-coller.

– L’articulation entre public (école, cheminement Veveyse, nouveaux espaces public interblocs) et privé ne tient pas compte du besoin d’intimité des habitants. Par ailleurs, la qualification des espaces publics proposée fait qu’il ne s’agit que de lieux de transition, alors qu’un lieu public est bien plus que cela. Assurément, les passants porteront bien leur qualificatif.

-  Le projet est mal intégré dans le quartier, en particulier du point de vue des circulations piétonnes, et mal connecté avec le reste de la ville. Les conséquences en sont d’autant plus importantes qu’il occupe un emplacement stratégique pour la relation du secteur nord-est de la ville (l’un des 4 secteurs majeurs de la ville selon le plan directeur) avec la Gare, le centre et la ville en général.

Or ce projet est le «prototype» des quatre autres blocs qui vont le suivre le long de la Veveyse. S’il devait être construit selon l’état du projet, suivant les vues d’un seul architecte, c’est tout la zone qui serait durablement ratée.

Il est donc de la plus haute importance que la Municipalité se départisse de ses enthousiasmes du début de législature, et parvienne à améliorer de façon importante ce projet.

Pour cela, hors la bienveillance du promoteur, une voie lui est ouverte : l’article 77 alinéa 1 de la Loi sur l’aménagement du territoire et les constructions (LATC) prévoit que :

«Le permis de construire peut être refusé par la municipalité lorsqu'un projet de  construction, bien que conforme à la loi et aux plans et aux règlements – ce qui est le cas – , compromet le développement futur d'un quartier ou lorsqu'il est contraire à un plan ou à un règlement d'affectation communal ou intercommunal envisagé, mais non encore  soumis à l'enquête publique.»

Bien évidemment, l’autorité communale ne peut en rester à un refus, mais doit (toujours selon l'article 77, al. 2) concrétiser ses critiques dans un PPA ou, en l’occurrence, dans une révision du PPA existant, qu’il doit mettre à l’enquête dans un délai de 8 mois à partir de son refus.

Nous proposons que la Municipalité, s’appuyant sur les engagements qu’elle a pris dans son programme de législature, notamment en matière d’énergie et de modération de circulation, annonce son intention de réviser dans le délai prescrit le PPA Moulins de la Veveyse de 1994. Cette réaction pourrait être critiquée comme tardive, mais on peut à raison argumenter que la nouvelle Municipalité n’est pas installée depuis 6 mois et qu’elle doit déjà se prononcer sur au moins 3 projets majeurs pour Vevey.

Elle pourrait en outre s’appuyer pour refuser le présent projet sur l’article 86 LATC, qui stipule que :

«La municipalité veille à ce que les constructions, quelle que soit leur destination, ainsi que les aménagements qui leur sont liés, présentent un aspect architectural satisfaisant et s'intègrent à l'environnement.  Elle refuse le permis pour les constructions ou les démolitions susceptibles de compromettre l'aspect et le caractère d'un site, d'une localité, d'un quartier ou d'une rue […].»

Eu égard à l’importance du projet en cause pour l’avenir de Vevey, nous pensons que cette voie doit au moins être explorée.

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Un première discussion a suivi le dépôt de ce postulat – dont le journaliste-syndic donne sa vision sur le site de la commune (voir la reproduction ci-dessous). Aux arguments visant à minimiser les problèmes cités et assurant que diverses améliorations allaient être appportées au projet, nous avons dû répondre qu'il n'y avait aucune garantie en ce sens, et même guère de moyens d'en avoir, hors ceux que nous citons dans notre postulat. Nous avons notamment dû souligner à nouveau que la structure même des bâtiments prévus n'était pas en cohérence avec les prétentions d'économies d'énergie affichées (un exemple: les escaliers et corridors ne reçoivent pas de lumière du jour, et devront donc en permanence être éclairés artificiellement).

Enfin nous avons relevé que les défauts relevés n'étaient pas de notre invention, mais que les «personnes et instances de plus en plus nombreuses qui ont pu étudier le projet» que nous citons en introduction comprennent la très officielle Commission consultative d'aménagement du territoire, nommée par la Municipalité (en partie sur proposition des partis). Cette commission a tenu une séance de plus de 3 heures consacrée au projet des «Moulins de la Veveyse», et notre postulat reprend l'essentiel des critiques qui y ont été formulées. Quant aux points positifs, cette commission n'en a guère trouvés. Un procès-verbal de cette séance a été tenu, notre voeu (un de nos voeux pour 2007) est que la Municipalité le consulte et en tienne compte.

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Après avoir déjà été attaqué lors de la séance précédente du Conseil, le projet des Moulins de la Veveyse, qui doit prendre place à l'emplacement des ex-ACMV, a été l'objet d'une nouvelle intervention. Le conseiller Alain Gonthier (Alternatives) (photo ci-contre) a en effet déposé un postulat très sévère à l'encontre du projet tel qu'il est mis à l'enquête, et suggérant plusieurs pistes en vue de le rendre plus acceptable en regard du développement durable.
Bon nombre de ses affirmations ont été récusées par le Municipal en charge de l'Urbanisme, M. Jérôme Christen, ainsi que par le Syndic Laurent Ballif. Toutefois, dans un esprit d'apaisement et pour pouvoir répondre en toute sérénité à ses objections au moment où la Municipalité aura pris position sur une éventuelle mise à l'enquête complémentaire, l'Exécutif a accepté que le postulat lui soit transmis sans passer par une commission.
La Municipalité présentera donc au Conseil un rapport sur le projet tel qu'il aura été complété par le promoteur, notamment concernant les aspects énergétiques ainsi que son insertion dans le tissu urbain. Le délai d'une année ne sera certainement pas nécessaire pour que cette mise à l'enquête débouche sur un permis de construire validé, à propos duquel le Conseil sera ainsi parfaitement informé.


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