Quelques observations
au sujet du projet «Les moulins de la Veveyse»

Le projet qui est actuellement mis à l’enquête est le premier d’une série (3 autres, 4 avec les Temps Modernes) inclus dans le PPA du même nom. Il est assez évident que ce qui sera décidé et admis pour cette partie du projet vaudra pour les autres parties. Il vaut donc la peine de faire quelques remarques à son propos, même si c’est à titre gratuit et non contraignant. Elles concerneront six points: énergie, parking(s) et circulations routières, circulation piétonne, mixité, équipements publics, procédure.

1) Energie

La situation est paradoxale. Ce projet est vanté comme devant aller «au-delà de Minergie» et atteindre «zéro dépenses d’énergie». Et pourtant, le document de mise à l’enquête n’en souffle mot, spécifiant même qu’il n’y a pas de mesures particulières d’économies d’énergie. Il n’y a pas la moindre trace de panneau solaire sur le toit,  et les schémas disponibles des murs et des dalles montrent une isolation devenue aujourd’hui standard, compatible avec Minergie… ou non.

Dans la mesure où de projet n’est pas particulièrement beau, pas particulièrement audacieux en matière d’urbanisme, ne présage pas d’une nouvelle orientation de la ville en matière d’activités économiques (voir remarque sous «mixité»), son point fort, sa particularité pourraient être cette promesse «d’énergie zéro». C’est donc un élément important. Mais il ne tient qu’à la bonne foi de l’architecte et à la constance des intentions du promoteur. Le comble du paradoxe, c’est pour réaliser cette promesse, une mise à l’enquête complémentaire sera nécessaire, alors qu’il est possible d’y renoncer sans qu’aucune intervention ne soit possible.

2) Parking(s) et circulations routières

a) Pour les 101 appartements de cette tranche, il est prévu 170 places de parc. Il devrait donc rester un certain nombre de places de libres. Leur fonction ne semble pas avoir été discutée, notamment du point de vue de l’intérêt public. Si l’on considère que le PPA permet plus de 700 places, il serait pourtant légitime de se poser la question d’une partie publique, à partir d’une réflexion sur les besoins en places de parc à Vevey et sur leur localisation.

b) L’entrée du parking de cette tranche est prévue depuis la rue des Deux-Gares, par une rampe. Cet emplacement «consomme» un espace intéressant et bien placé, et prive de dégagement la halle Inox, si un jour elle devait être utilisée comme lieu public et culturel. En outre, l’accès le plus proche à la crèche passe le long de cette rampe, ce qui pose le problème de la sécurité sur le trottoir et de la tendance (et parfois l’obligation) des parents à amener les enfants en voiture et à parquer au plus près, soit sur cette rue étroite. D’autres accès au parking, en particulier depuis l’angle de la rue des Moulins ou depuis une ruelle entre ce bloc et le suivant semblent avoir été étudiées, puis écartées, par respect du plan des circulations du PPA de 1994.

Effectivement, ce PPA prévoyait que l’accès se ferait par la rue des Deux-Gares, elle-même alimentée par la rue des Bosquets, que ce soit par son secteur inférieur depuis l’avenue de Gilamont, que ce soit par son secteur supérieur, mis en sens inverse, depuis le passage à niveau à la hauteur du pont de Copet. Ce schéma implique une double traversée à niveau des voies CEV, et à terme un déplacement du Park and Ride. Il devrait pourtant être possible de s’écarter de ce plan des circulations, ne serait-ce que parce qu’il n’est déjà pas respecté: il ne prévoit en effet pas que l’avenue de Gilamont débouche sur la place de la Gare, comme c’est actuellement le cas.

c) Le PPA, comme déjà dit, permet un total de 720 places de parc. Il a été dispensé à l’époque d’une étude d’impact. Cette décision est peu compréhensible, et les conséquences sur la qualité de vie des habitants de Plan-Dessus du trafic potentiel généré par cet ensemble devraient être étudiées.

3) Circulations piétonnes

De manière générale, les circulations piétonnes semblent plutôt favorisées. Un argument non négligeable en faveur du projet est qu’il prévoit, comme le PPA, un cheminement piétonnier le long de la Veveyse, permettant de déboucher au-delà des voies CFF. Le projet y ajoute un accès direct aux quais. Il faut tout d’abord remarquer que cette réalisation n’est prévue qu’en deuxième étape, et n’a visiblement pas été étudiée au-delà de la déclaration d’intention. Il se pose en effet un problème de sécurité, en regard des crues de la Veveyse. Si ce cheminement voit le jour, il faudra qu’il soit protégé afin d’éviter qu’il ne se transforme en piège pour la personne qui se trouverait là au mauvais moment.

4) Mixité

Le dossier de mise à l’enquête liste les affectations possibles sur le site. L’artisanat, qui était dans les intentions du PPA n’est pas mentionné. Il risque donc de comporter relativement peu d’emplois. C’est un problème qu’il ne faut pas négliger: une croissance du nombre d’habitants sans croissance du nombre d’emplois locaux tendra à transformer Vevey en ville-dortoir, satellite de Lausanne, avec des déplacements pendulaires de plus en plus importants. C’est évidemment contraire aux objectifs de développement affirmés par une série de documents récents, comme les divers plans directeurs, communal, régional et cantonal.

5) Equipements publics

La crèche est placée au niveau 0 dans la cour. Elle a terriblement peu de dégagements (par exemple à l’angle avec le bâtiment «Hydro-Vevey»); et surtout les surfaces extérieures semblent vouées à l’ombre quasi permanente. Il en est de même pour le préau des deux salles de classes enfantines. On peut donc se demander si ce «cadeau» fait à la commune n’est pas quelque peu empoisonné.

En ce qui concerne la halle Inox, dont le PPA impose la sauvegarde, Vevey bruisse d’une future affectation publique. Raison de plus pour veiller à ce que les accès et les dégagements soient conformes à cette possible future utilisation.

6) Procédure

La procédure semble marquée par une certaine précipitation: dossier sur l’étude du sous-sol non joint à l’ouverture, problème déjà cité de l’énergie, renseignements complémentaires (en particulier PPA de 1994) mis à disposition après-coup. C’est regrettable pour la clarté des discussions, d’autant plus qu’à quelques jours près, de nouvelles dispositions législatives, Loi cantonale sur l’énergie et LATC, entraient en vigueur, donnant quelques possibilités d’intervention supplémentaires aux autorités communales.

Observations déposées à l'enquête publique
lundi 6 novembre 2006

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