Des prolongations aux dépens des employé·es et au profit des grandes surfaces

Nous savons parfaitement que les commerçants veveysans souffrent des préparatifs de la Fête des Vignerons et saluons certaines aides que la Municipalité de Vevey leur a apportées, en particulier le subventionnement des livraisons à vélo DringDring et la gratuité des transports publics le samedi. Nous souhaitons que ces mesures soient pérennisées.

En revanche, nous condamnons l’extension de l’horaire des magasins à 20h à partir du 1er juin. Alors que la municipalité revient sans cesse à la charge avec des propositions d’élargir les horaires sans qu’aucune CCT n’ait pu être signée dans le secteur de la vente, cette décision nous apparaît comme un pas dans cette direction sous couvert de la Fête des Vignerons.

Période d’autorisation excessive et détournement du règlement

Le Règlement communal stipule qu’une telle décision est possible «lors d’une manifestation d’une ampleur particulière». La municipalité en tire argument pour commencer cette extension un mois et demi avant le début de la manifestation . C’est une interprétation frauduleuse du règlement, contre laquelle tout conseiller communal devrait s’élever, quelle que soit son opinion sur le fond. Le prétexte des répétitions de la fête, utilisé pour commencer si tôt, est tout aussi frauduleux, puisque celles-ci auront lieu de 19h à 22h et ne justifient aucune extension des horaires.

Périmètre étendu aux grandes surfaces pendant toute la fête

La municipalité, comme la motion PLR qui l’encourageait, prétend défendre le commerce de proximité. Mais d’une part, bien des commerçants de la vieille ville disent que cette décision ne va pas les aider et qu’ils n’ouvriront pas plus tard, alors que les plus aventureux parlent d’essayer pour voir, sans être réellement convaincus. D’autre part, la municipalité étend sans justification aucune le périmètre de la fête aux grandes surfaces Manor et Migros (mais pas au-delà !), de sorte qu’elles bénéficient aussi de cette extension d’horaire. À se demander qui profitera réellement de ce droit offert par nos municipaux et quels intérêts ils servent.

Aucun contrôle

Enfin, la municipalité annonçait dans son préavis un organe de contrôle pour faire respecter les conditions mises à cette extension, notamment que le personnel soit réellement volontaire. Il se révèle qu’en fait il s’agira d’un organe de médiation sans aucun pouvoir de surveillance ni de contrainte. Les employé·es seront donc laissé·es seul·es face au risque de contester une décision abusive de leur hiérarchie dans le climat chaotique de la fête. Le même genre de commission avait d’ailleurs été mis en place pour la fête de 1999, et la municipale Burnier avait alors clairement exprimé l’impuissance de la municipalité («Ce n’est pas à la Municipalité de contrôler cet accord, qui est en fait un gentleman agreement. Nous avons été médiateurs et avons confiance sur le respect des accords conclus») tout comme le municipal Chiffelle («Il appartient aux partenaires sociaux d’agir. Par ailleurs, le droit ne permet pas à la Municipalité […] de s’immiscer dans les relations entre employeurs et employés.») Nous souhaitons qu’une formule plus contraignante soit trouvée avant le début de la Fête.

Nous refusons donc cette décision municipale et soutenons pleinement le recours du syndicat Unia dans la mesure où les dispositions décidées échappent à la compétence du Conseil communal et où le détournement du règlement communal ne peut être combattu que devant la justice.